#3 Retour au travail après une maladie longue durée : quelle marge d’autonomie pour le patient/travailleur ?

#3 Retour au travail après une maladie longue durée : quelle marge d’autonomie pour le patient/travailleur ?

De qui parle-t-on ?

Notre société semble aimer la dichotomie. On est actif ou inactif au travail par exemple. Or un travailleur malade est tout sauf inactif puisqu’il « travaille » à sa guérison. Par ailleurs, traverser l’épreuve d’une maladie longue durée impacte le mental. En effet, pendant un temps, parfois hospitalisés, nous prenons alors le statut de « patients ». Or comme le rappelle le Larousse, l’étymologie du mot provient en latin de patiens, -entis, pati, souffrir. Et le Larousse d’expliquer également que dans la tradition scolastique, se dit de ce qui subit l'action de quelque chose.

Souffrir, subir… des termes peu boostant pour qui souhaite retrouver la santé et un retour à la vie, en ce compris reprendre son activité professionnelle. Car le retour à la vie active participe à nourrir notre besoin de contacts sociaux et de participer à la vie en société, c’est donc une part du processus de guérison.


Quelle marge de manœuvre ?

Durant la maladie, j’accompagne énormément de personnes qui ont eu un cancer, on parle de patient empowerment, càd de sortir d’un rôle passif pour être acteur de sa santé. Le retour au travail se prépare sur le même modus operandi.


Je suis expert.e de ma santé  

Nul autre que soi ne sait exactement ce qu’il ressent. Bien sûr, se connecter à ses sensations physiques ne va pas toujours de soi. Surtout pour celles et ceux qui ont grandi avec l’injonction de « ne pas faire de bruit », d’ "être fort en toutes circonstances » etc.

Il est alors crucial d’apprendre à (re)découvrir nos sensations et le message qu’elles nous envoient. Et ensuite, de communiquer sur cette question. A qui ? Mais aux acteurs qui accompagnent le retour au travail (et évidemment à ses proches).

Par exemple, hier encore, un coaché me parlait de sa fatigue post cancer. Il est chef d’entreprise. Ses collaborateurs ont besoin de comprendre pourquoi, malgré une opération il y a plus d’un an, il n’est pas « comme avant ». Souvent les malentendus sont liés à une méconnaissance. Personnellement, avant d’avoir un cancer, j’ignorais tout de cet état de fatigue important pendant des mois après la fin des traitements.

Mais nous verrons aussi un peu plus loin, comment agir sur nos capacités diminuées.


 …   et de mon travail

A priori, chacun a une assez bonne idée du type de tâches que sa profession requière. Il s’agit donc de mettre en balance les capacités restantes et l’action à réaliser, pour évaluer quels aménagements seraient nécessaires. Il est assez intéressant de se pencher sur les activités que la personne aime davantage, qu’elle fait avec plaisir, parce lié à des compétences naturelles ou juste une source de plus grande joie. En focalisant le retour d’abord sur ce type de tâche, la progression vers une reprise normale sera plus rapide.

Il sera crucial ,de pouvoir échanger sur cette « grille » (capacité actuelle/tâches liées à ma fonction / aménagements proposés) au médecin du travail (relire la newsletter #2 sur le rôle clé du médecin du travail).

Ci-dessous, un exemple de grille (à adapter) issue de mon livre "Rebondir après un cancer", Jouvence 2018

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Magali Mertens, "Je rebondis après mon cancer", ed. Jouvence, 2018



Un outil de self coaching : les cercles d'influence

L’outil de base du coaching, c’est apprendre à se focaliser sur les choses sur lesquelles nous pouvons agir. Trop souvent nous souhaitons changer les autres, ou des conditions qui dépassent notre capacité d’action : ce qui est hors contrôle en fait ! Et nous nous épuiserons à essayer de changer ce qu’il n’est pas possible pour nous de changer.


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PAR CONTRE, nous pouvons agir (et je comprends que ce soit plus facile à écrire/dire qu’à faire) sur ce qui est sous notre contrôle

  • Nos modes de pensées (apprendre à se focaliser sur le verre à ½ plein, lire à ce sujet « 3 kiffs par jour" de Florence Servan-Schreiber )
  • Nos paroles (appliquer la communication non violente en cas de situation conflictuelle au travail par ex).
  • Nos actions/nos comportements : ce que je mets en place de manière proactive (prise de rdv avec le médecin du travail, préparation avec un coach, s'accorder des moments pour se ressourcer...)


Quoi dire et à qui ? C'est ce qui constitue notre cercle d'influence.

C’est toujours LA grande question. Mon invitation est de vous poser la question « quel est mon objectif quand je partage cette info ? » et ensuite de voir quel acteur est le mieux placé pour vous aider à atteindre cet objectif.

Par exemple, la fatigue après cancer ou après burnout, mérite d’être partagée avec le médecin du travail pour proposer des aménagements raisonnables en lien avec votre état de santé. Mais doit-elle être partagée avec Josiane de la compta qui a la langue bien pendue ? A vous de voir 😉


Mieux comprendre la réalité "patient" (ou plutôt les réalités personnelles et individuelles)

En définitive, chaque cas est unique, comme chaque personne est unique. N’oublions pas non plus que derrière une maladie, il y a une personne et que cet être humain a des capacités de résilience, d’apprendre de ses difficultés. Un enfant ne tombe-t-il pas près de 2000x en apprenant à marcher ?


Podcast Cherie FM

Je vous invite, si le cœur vous en dit, à écouter ce podcast. J’y  partage au micro de Sara Becerra Rodriguez mon parcours de patiente à coach professionnelle et comment j’ai transformé cette épreuve en tremplin. 

Lien pour réécouter le podcast

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Merci pour cette (re-)découverte des cercles d'influence, Magali Mertens de Wilmars. Depuis que je t'ai entendu en parler, j'ai eu l'occasion de les mettre "en application" quotidiennement. Très utile pour fixer ses priorités et gèrer son énergie, d'autant plus quand on l'a en quantité limitée...

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