RETRAITES: Qui trop embrasse ...
La France est de nouveau en pleine transe gréviste à propos du projet de réforme des retraites. L'ampleur des perturbations et des griefs portés par les grévistes est à la mesure de l'ambition demesurée du projet gouvernemental, de l'amateurisme avec lequel il a été preparé et de l'entêtement quasi-obsessionnel du pouvoir à mener certains aspects du projet de la manière prévue dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron. On est effaré de constater qu'il faille attendre presque une semaine de grève pour que le Gouvernement et les différentes parties prenantes sortent de la rhétorique macronnienne sans issue pour essayer d'identifier les vrais problèmes et les vrais enjeux. Dans le projet Gouvernemental tout n'est pas à rejeter mais il y a énormément à dire sur les objectifs, le calendrier et les méthodes choisis jusqu'à présent par le Gouvernement et sa majorité. Faisons une petite revue (partielle):
Le système par points: de loin le principal atout technique du projet Gouvernemental qui devrait et pourrait être mis en oeuvre dès maintenant dans tous les régimes toutes choses égales par ailleurs pour la partie répartition des pensions. En effet, le régime par points permet d'ouvrir des droits à chaque euro cotisé et à tous les euros cotisés ce qui n'est pas le cas du régime par trimestres qui pénalise gravement tous les cotisants en CDD, à temps partiels ou à parcours irréguliers. Il permet aussi de convertir facilement les droits acquis d'un régime à un autre. Enfin, il permet de fixer le point en fonction des contraintes financières et démographiques de chaque régime ce qui fait partager le risque économique couru par les cotisants aux retraités.
La temporalité: c'est la principale source des décotes inévitables dans le projet présidentiel. Si vous changez la base des années (trimestres ?) de référence pour servir de base de calcul aux pensions, le résultat peut être catastrophique pour certains notamment dans le secteur public ou para-public vu les critères existants actuellement. La gestion trés dogmatique et politique plutôt que financière de cette temporalité a conduit à l'essentiel de la confusion qui a poussé tout le monde dans la rue à titre "préventif".
La suppression des régimes spéciaux et l'universalité: ces deux concepts vont de paire, l'un justifiant l'autre et sont aussi inutiles et abusifs l'un que l'autre. Cette "universalité" est une utopie politique et économique. Elle a été souhaitée à la Libération mais n'a jamais marché et n'a jamais duré et pour cause. Cette idée est un marqueur d'extrême-gauche quasi maoïste du projet Gouvernemental qui en fait un projet totalitaire et centralisateur dans son application. C'est totalement contraire à la liberté d'entreprendre et de contracter, normalement constitutionnellement protégée en France, et concentrera entre les mains de quelques experts (à déterminer mais vraisemblablement étatiques) des pouvoirs inhumains. Certes certains régimes "spéciaux" sont "déficitaires" et coûtent au contribuable mais il parait extrêmement totalitaire, injuste et spoliateur d'en faire payer le comblement sous prétexte de solidarité (non quantifiée) et d'égalitarisme mal-à-propos à des indépendants ou des professions organisées, responsables et solidaires qui ont des régimes autonomes bien gérés, équilibrés ou excédentaires, et ne demandent rien à personne.
La répartition: le projet Gouvernemental vise à imposer un régime de retraite par répartition à tous les francais que cela leur plaise ou non, y compris en nationalisant les régimes qui reposent avec succès sur une forme de capitalisation. L'inconvénient majeur du tout répartition c'est que seul le REVENU PRESENT et courant des actifs COTISANTS contribue au financement des retraites courantes. Aucune forme d'épargne ni d'actifs économiques n'y contribue. Sans entrer dans un actuariat complexe, on peut dire que ceci rend le système extrêmement dépendant de la démographie et du PIB courant des cotisants. Il faut savoir que vu la démographie française et les évolutions probables des variables économiques en France, le tout REPARTITION conduit immanquablement à une érosion régulière du pouvoir d'achat (revenu net des prélèvements obligatoires et de l'inflation) des pensions en France si on ne veut pas asphyxier complètement l'économie des actifs cotisants. Les retraités se verront donc de plus en plus contraints financièrement au fur et à mesure que leur dépendance augmente.
Sans essayer d'être exhaustif, à force de trop embrasser, le Gouvernement a levé tout le monde contre lui et souvent économiquement à juste titre... Peut-être que la raison viendra petit à petit en marchant pour tout le monde...
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5 ansI was in Paris about a month ago!