salle d'attente
Quand une grave maladie arrive, au démarrage on n’imagine pas le nombre d’heures que l’on va passer dans les salles d’attente des médecins et des hôpitaux. Les salles d’attente deviennent un lieu où l’on passe une grande partie de son temps.
La salle d’attente comme son nom l’indique est une pièce où le temps est suspendu sans très bien savoir pour combien de temps. On nous y convoque à une heure précise et on fait en sorte d’arriver à l’heure et nous ne savons pas combien de temps nous allons devoir attendre.
C’est l’apprentissage du statut de « patient ». Cela oblige à la patience. Alors on fait comme on peut.
Certaines fois on comble ce temps vide en faisant en sorte qu’il passe plus vite. On s’active sur les smartphones et autres tablettes. la musique, les jeux, la lecture, les groupes qu’on y trouve nous permettent de nous évader et on passe le temps avec du virtuel.
On peut aussi le combler en regardant autour de soi en essayant d’imaginer la vie des personnes silencieuses assises là aussi et quelquefois en entamant une discussion. On passe alors le temps avec des compagnons de salle d’attente qu’on ne verra probablement plus jamais. Cela peut conduire à se parler au sujet de la maladie, du professionnel qui va nous recevoir. De l’heure à laquelle les autres personnes sont convoquées pour essayer de mesurer le temps qu’il reste à attendre.
Ou bien on peut aussi réellement, patienter. C’est-à-dire accepter la vacuité du moment.
La salle d’attente est une métaphore de la vie. C’est le temps qui a un début connu et une durée inconnue. On peut indéfiniment chercher à le maitriser à le contrôler et alors on ressasse le passé et on se projette dans un avenir hypothétique.
Mais, en réalité le temps n’existe pas. Le passé est fini, le futur n’est pas là et seul le moment présent est la réalité.
La salle d’attente est comme notre vie. Elle nous propose d’accueillir le moment présent tel qu’il est et de le vivre totalement et pleinement instant après instant.
La seule manière que j’ai expérimentée pour ne pas subir ce moment de « malade patiente » qui patiente dans une salle d’attente est de me connecter à moi-même. Me mettre dans ma bulle pour être à la fois ici et maintenant et à la fois connectée à moi-même en lien avec les autres.
J’ai appris à faire ça en me connectant d’abord à mon corps. Dés que je l’écoute vraiment avec mes yeux, mes oreilles, et mes sensations, il me parle. Il me dit comment je me sens à la fois physiquement et à la fois psychologiquement. Pour cela je dois commencer par faire un léger décalage tout en restant patiente sur ma chaise dans la salle d’attente. Il me faut d’abord prendre une décision. La décision est prise quand je me dis : « Je ne peux pas décider de la durée du temps, mais je peux décider consciemment de ne pas le subir, mais d’en tirer profit »
Une fois cette décision prise, je me connecte à mes sensations et mes émotions et je ne cherche pas à les fuir même si cela me fait plonger dans le désagréable et le souffrant.
Ce n’est pas pour m’y complaire, mais pour écouter le message en termes de besoin. Et je me demande ce qui dépend de moi pour combler ces besoins.
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Ce décalage, cette décision, cette connexion à moi-même pour m’écouter enfin sans chercher à lutter ou à fuir est déjà une incroyable source de bienfaits.
Je me mets dans une parenthèse, en autohypnose. Et je peux alors me faire du bien à moi-même.
En réalité c’est tout simple, c’est entrer en soi par le canal des sensations et y plonger jusqu’à l’endroit où tout est calme ici et maintenant. Et, de ce calme-là, un voyage peut commencer. Un voyage qui m’entraine vers ce qui est juste le bon pour moi maintenant.
Bien sûr ce n’est pas toujours possible. Certains rendez-vous ont des enjeux vraiment difficiles.
Attendre pour une chimio ou pour avoir les résultats au sujet de la maladie ne sont pas la même attente que quand on attend pour une séance de kiné qui va nous faire du bien ou pour un renouvellement d’ordonnance. Certaine fois, je n'ai pas été capable de faire ce léger décalage et cette prise de décision, car mon corps et mon cœur ne sont pas tout le temps dans les mêmes dispositions. Certaines fois l’attente devient vraiment un moment d’angoisse que rien ne peut combler. Ni le réel , ni le virtuel et l’attente ne deviennent alors un moment qui semble s’éterniser.
Ce sont des attentes ou le « je » n’arrive plus à s’exprimer. Car, la partie de moi « malade -patiente » a pris toute la place. Alors elle cherche dans le téléphone de quoi combler l’attente qui devient si longue.
« Salle d’attente », « patient », « malade » sont des mots qui renvoient à l’acceptation qu’il faut mettre sa vie entre les mains d’autres personnes.
C’est l’école du lâcher prise et de l’humilité.
J’aime bien l’idée de cela si elle est aussi accompagnée par l’idée qu’il y a aussi en moi et en chacun de nous un "Tout" qui peut être acteur. Alors la santé devient une collaboration entre deux sortes de sachants : le corps médical qui sait traiter les maladies et la personne unique au monde qui se soigne et qui garde son mot à dire à son sujet en tant que personne à part entière.
La médecine intégrative a compris que cette communion-là est bénéfique à tous les stades de la prise en charge.
Dans mon livre « l’hypnose en soutien d’une longue maladie » en vente sur Amazon, il y a 37 séances d’hypnose à écouter. Environ 20 heures où vous pouvez vous laisser glisser dans des hypnoses qui vont vous permettre de passer ces temps dans les salles d’attente en vous faisant du bien.
Et moi, maintenant, je passe moins de temps qu'avant dans les salles d'attente, mais je regarde avec beaucoup de tendresse ceux qui râlent dans une file d’attente, ailleurs qu'à l'hôpital quand cela ne file pas aussi vite qu’ils le voudraient.