Sans éducation financière, une retraite en danger
Personne n’ira dire le contraire : les Français sont fâchés avec la finance. La matière ne les intéresse pas vraiment. Surtout, il n’est pas dans leur culture de parler Argent. C’est pourtant à mes yeux bien ennuyeux car il n’a jamais été aussi important de bien épargner en vue de préparer sa retraite ou son avenir. Pourquoi ? Parce que le système jusqu’à présent en vigueur et mis en place après la seconde guerre mondiale n’est plus viable. Lors de sa création, la France profitait du babyboom et l’Etat se faisait fort de renforcer son rôle providentiel.
Aujourd’hui, il n’est plus possible de se reposer de la même manière sur la manne publique. En cause, une évolution démographique en décroissance, une espérance de vie plus longue et du coup, des moyens financiers de moins en moins solides. Nous sommes donc arrivés à un point de rupture qu’il est urgent de combler face à un Etat dorénavant incapable de se montrer aussi généreux.
D’où l’impératif besoin d’une prise de conscience tant collective qu’individuelle, chacun devant se prendre en main pour préparer, en amont, son futur. Pour cela, il est indispensable d’être « éclairé ». Et cette clairvoyance passe obligatoirement par de bonnes connaissances financières.
En Allemagne, par exemple, il est dispensé des notions financières dès l’école primaire. En France on en est encore très loin et c’est bien dommage. D’autant plus qu’au regard du contexte actuel de taux bas il faut s’y prendre de plus en plus tôt pour organiser de façon optimale sa retraite. Cette situation impose, en effet, de construire sur une durée plus longue son plan d’économies compte tenu de la faiblesse des rendements. De même, l’allongement de l’espérance de vie commande-t-elle de prolonger la constitution de son épargne dans la mesure où la durée d’utilisation sera, elle aussi, revue à la hausse. Des statistiques indiquent qu’un enfant sur deux naissant aujourd’hui a de bonnes chances de vivre centenaire. D’autres chiffres collectés par l’INSEE indiquent qu’un Français peut espérer vivre 25 ans à l’issue de sa vie active, là où la durée de la retraite n’excédait pas 9 ans en 1960 !
Vous l’aurez compris, l’éducation financière devient un véritable enjeu de société. Car qui dit méconnaissance, dit mauvais choix, risques d’être trompé ou inquiétude, très mauvaise conseillère.
Si l’Etat ne peut plus faire face comme avant à ses engagements en matière de retraite des Français, il ne se retire pas totalement de ce terrain mouvant. Il ne ménage d’ailleurs pas ses efforts pour trouver des ressources en adéquation avec les moyens du bord. Mais la solution ne pourra pas émerger sans une mobilisation générale, répartie de façon équilibrée, de la part des instances publiques, privées et des individus.
On a vu, par le passé, les dégâts que pouvaient provoquer de mauvais choix. L’exemple de la déconfiture du hedge fund Enron et de ses effets collatéraux sur les milliers de salariés ayant concentré leur épargne sur cette entreprise est là pour nous le rappeler. Il ne faut surtout pas laisser les autres décider pour nous ni reporter à demain ce qui doit être fait dès maintenant. Au risque d’engager la responsabilité et les économies de nos enfants. Est-ce cela que l’on veut léguer à notre descendance ? Si la jeune génération se pose déjà de nombreuses questions sur l’avenir de la planète, elle n’a pas besoin de souffrir, en plus, d’un manque de connaissance financière qui nous serait imputable.
Coordinatrice de production chez France Télévisions
1 ansUne analyse toujours d’une actualité brûlante chère Inès…‼️
Head of Content Marketing @ Agicap
4 ansTout à fait d'accord ! Au-delà de l'équilibre du système des retraites, il s'agit également pour moi d'un impératif moral et social, car éduquer les Français à la gestion de leur argent c'est leur redonner le pouvoir de contrôler leur temps et leur trajectoire. Il y a quelques obstacles à lever. Le niveau en mathématique est assez catastrophique. De nombreuses contre-vérités circulent sur l'épargne et l'investissement, parmi lesquelles le fait que cela demande beaucoup de temps — dans l'une des études les plus complètes consacrées aux millionnaires, il était estimé qu'ils consacraient 8h par mois à gérer leurs investissements et finances, soit 2h / semaine (Stanley & Danko). Mais l'obstacle le plus difficile à lever pour moi est l'incompréhension de la notion de "risque" et la peur qui y est irrationnellement associée. Bref, on a encore tous du pain sur la planche ! Mais c'est une mission passionnante. Quelles sont les idées d'Aviva en ce sens Inès de Dinechin ?
Expert ESG - Chief Planet Officer - Finance Durable
4 ansC'est un sujet crucial si l’on veut construire une économie durable !
General Counsel chez LBO France
4 ansVery true Ines