SANTÉ MENTALE : très grande inquiétude pour 2022
Chers lecteurs,
Plus d’un an depuis mon dernier article sur ce réseau... Il fallait un sujet qui me tienne à cœur pour venir aujourd’hui pousser un cri du cœur.
L’historique
Si vous tombez par hasard sur cet article, un petit récap s’impose. Depuis 2016, avec l'optimisme, nous propageons des messages d’optimisme dans la société. Plus d’un million de « followers » au total. Parallèlement, nous travaillons sur les sujets QVT avec des centaines d'entreprises. Notre équipe est accessible et les lecteurs nous parlent facilement. Nous sommes d'ailleurs très attachés à ce lien de proximité et de confiance qui fait que chaque jour nous recevons des dizaines de messages.
Au premier confinement, nous avons remarqué que les messages exprimaient de plus en plus de souffrance. « Je suis RH, je suis à bout, mais je tiens le coup pour les autres », « je suis manager, à vous je peux le dire, ça ne va pas », « je me fais maltraiter à la maison, comment rester optimiste ? ». Je vous épargne la liste exhaustive des sujets abordés.
Face au nombre croissant de messages reçus, notre équipe s’est questionnée. Nous ne sommes pas psy, nous ne sommes pas coach et nous n'étions pas formés. Comment répondre quand on reçoit ce type de messages ? Faut-il dire « ça va aller » ? Faut-il demander si la personne que nous ne connaissons pas pense au suicide ? Vers qui rerouter ? Peut-on dire « c’est normal vu la période » ? Comment ne pas nier les émotions des autres ? Il a fallu nous former.
C'est Eva qui la première s'est formée aux Premiers Secours en Santé Mentale, le pendant des premiers secours en santé physique, un programme arrivant à peine en France à l'époque. Elle intervenait depuis longtemps bénévolement dans de multiples associations sur le sujet. Puis, face à la demande et pour nous former (ainsi que ceux avec qui nous travaillions), elle est elle-même devenue devenue formatrice et dispense, depuis, de nombreuses formations et ateliers sur le sujet.
Nous voici un an et demi plus tard
Et je suis inquiète. J'ai besoin de partager ce que nous vivons au quotidien : le paradoxe entre les messages de détresse reçus et les réponses données aux managers ou salariés demandant une formation :
« On m’a dit que ce n’était pas un sujet chez nous ».
1 français sur 4 est touché au cours de sa vie par un trouble de la santé mentale. Alors si, c’est forcément un sujet dans toutes les entreprises. Premier poste de dépense de l'assurance maladie, 44% des français en détresse psychologique, etc etc... Je peux transférer des dizaines d'études récentes à qui en a besoin !
« On m’a dit que ce n’était pas le rôle de l’entreprise »
Au fond, je suis d’accord. Tout autant que ce n’est pas notre rôle de média que de répondre à ces emails de détresse. Mais quel est notre rôle en tant qu’individu et citoyen ? Doit-on fermer les yeux sur des sujets si majeurs ? N'est-on que salarié quand on vient travailler ? Ou tout simplement un humain face à un autre humain ?
« On m’a dit que ça allait inciter les gens à oser en parler »
Et vous pensez que si vous ne parlez de burn-out les salariés ne déclareront pas un burn-out (rappelons qu’il s’agit d’un diagnostic posé par un médecin…) ? Vous pensez que ne pas parler de la dépression l’évitera ? Vous pensez vraiment ça ??
"On m'a dit que ça allait ajouter de la charge mentale au salarié"
C'est vrai. Ce n'est pas facile d'accompagner un collègue en souffrance. Mais justement se former au sujet de la santé mentale permet de savoir quand il faut s'inquiéter, de se sentir moins démuni et surtout de savoir vers qui aiguiller.
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"On m'a dit qu'on s'en occuperait quand on aurait le cas qui se présenterait"
Là, je ne sais même plus quoi répondre. Je ne reviendrai pas sur les scandales d’il y a quelques années concernant les suicides. Autant vous dire que ça remontera dans les médias de façon encore pire.
"On m'a dit qu'il y avait déjà des interlocuteurs en interne"
On aimerait bien vous dire que c'est suffisant. Mais les salariés en souffrance n'osent pas forcément aller voir la médecine du travail, ni tous les interlocuteurs mis à disposition. En cause ? Le déni, la peur d'être jugé, la pudeur, le manque de confiance "ils vont le dire à mon manager" et j'en passe... Et ce sont ceux qu'ils côtoient tous les jours qui peuvent détecter un besoin d'accompagnement.
L'hypocrisie autour du sujet de la santé mentale
Alors oui, on peut trouver tous les arguments et se défausser autant qu'on veut... Mais l’article L 4121-1 du code du travail précise que :
« L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
Ce n'est ni plus ni moins que dans le code du travail.
Me sentant démunie face au nombre de mails reçus, je me dis que si cet article circule sur LinkedIn, cela permettra peut-être de faire prendre conscience de l'urgence. Car c’est encore la même chose : c’est toujours là où il faudrait en parler que personne n’en parle.
Le sujet de la santé mentale est un enjeu sociétal. Il n'est plus l'heure de s'interroger sur qui doit le gérer mais de tous se responsabiliser.
N'importe qui peut se retrouver face à un proche, à un collègue, à un voisin en souffrance et devenir la porte d'entrée vers une prise en charge. C'est l'ignorance du sujet qui pose le plus de problème. Et je peux vous garantir que la société est en souffrance (même si je pense que tout le monde s'en rend compte).
Bien des entreprises mettent en place des actions pour la santé physique des salariés, le sujet de la santé mentale devrait être tout aussi naturel.
Merci pour vos relais et désolée si j’ai un peu plombé l’ambiance mais c’est aujourd'hui le cœur qui parle.
Je suis preneuse de tous vos témoignages, en public si vous le pouvez, sinon en privé, je sais qu’oser parler de vulnérabilité n’est jamais évident.
Je profite tout de même de cet article pour vous souhaiter de belles fêtes de fin d'année (et je vous promets de revenir avec des publications optimistes bientôt ! )
Catherine
NB : l'équipe ne peut pas former toute la France mais si vous souhaitez vous former, Eva organise une formation Premiers Secours en Santé Mentale le 17 et 18 janvier (plus que 2 places) / 14 et 15 mars / 16 et 17 mai. Pour vous inscrire et pour les demandes dans les entreprises : eva@loptimisme.com
NB2 : je ne l'ai pas dit dans le message, mais MERCI à tous pour votre confiance au fil des ans. Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre et je sais ainsi que nous sommes nombreux à partager les mêmes valeurs. Cela me rend optimiste pour l'avenir (si si, promis ! )
Coach à la retraite, Associé Engagé Team for the Planet - Ami de la #Terre - Enthusiast Alliance #Humain et #IA #AllianceIHIA
1 moisAprès le constat il est primordial de concenter nos échanges sur les solutions actuelles et celles à construire. Mesurer que le puit d'approfondit ne peut que créer de l'anxiété. Nouvel ingrédient pour faire du buzz dans les réseaux sociaux. On a le même comportement figeant comme face au climat. Nous sommes réunis dans les réseaux sociaux pour co-construire 😉 des solutions. Qui a vu des expérimentations positives ? Qui a vu des expérimentations qui ne fonctionnent pas ?
Accompagnement des Industries - Trajectoires et transitions durables - Décarbonation - Bilan GES - Feuilles de routes
1 moisJe tombe sur cet article de 2022 j’aimerai connaître votre Vision terrain sur l’évolution . De mon côté j’ai le sentiment que ça ne s’arrange pas voire que cela s’amplifie . Merci
Dirigeant -(Préparateur mental -Coach certifié) |Nous aidons les managers et dirigeants à déployer le potentiel individuel et collectif et renforcer la cohésion pour des équipes plus sereines, engagées et performantes.
1 ansEt oui c'est malheureusement une réalité. D'où l'importance d'en prendre conscience en entreprise et mettre des choses en place par rapport à ça. accompagnement, ateliers, qualité de vie au travail, espace de discussions...
C'est quand nous sommes profondément xn--enracin-hya.es dans le positif que nous pouvons accompagner les personnes qui présentent ce type de souffrance, enfants ou adultes, et changer ensemble le cours de leur vie.
Ergonome Prévention Santé au travail Maintien dans l'emploi
2 ansJ'ai moi-même suivi cette formation PSSM. Tout le monde devrait pouvoir la suivre pour casser les stéréotypes des maladies psychiques.