Sarkozy parle de l'islam de France
Ecoutons plutôt Sarkozy, ce qu’il dit ne peut passer inaperçu pour un esprit scientifiques:
«J’étais aussi ministre du culte, et à ce titre j’avais aussi la responsabilité de l’impossible question de l’islam de France. Impossible, elle l’est toujours de quelque coté que l’on prenne le problème. Au titre de la laïcité la française d’abord, le simple fait que l’Etat veuille s’occuper d’affaires religieuses est en soi suspect aux yeux des garants scrupuleux, et parfois sectaires, de la loi de 1905. Au titre de la politique, ensuite, on ne peut qu’y perdre , entre des français majoritairement exaspérés ou au moins ignorants de tout ce qui concerne l’Islam, et des musulmans français a la susceptibilité a la fleur de peau. Pour les premiers, on ne fait pas toujours trop. Pour les seconds, jamais assez. On ne peut qu’être pris dans cet étau de contradictions. Au titre de l’environnement médiatique enfin, le risque est certain, tant le monde religieux de l’islam est profondément divisé, n’aimant rien tant qu’a refaire son unité au détriment d’un tiers, qui aura vite fait d’être reconnu coupable de tout. Liberticide cette fois pour les uns, trop faible pour les autres. Cet écheveau d’obstacles additionnés explique pourquoi aucun ministre n’avait réellement réussi à organiser l’islam en France. Les plus courageux s’y sont essayés sans parvenir, Comme Jean-Pierre Chevènement. Charles Pasqua et un peu Dominique de Villepin. Les autres n’ont rien fait, préférant ne pas tenter le diable.
Il convient d’abord de savoir pourquoi il faut une organisation de l’islam de France digne de ce nom. Il y a deux raisons à cela. La première, c’est qu’une organisation est la condition sine qua non pour couper la sujétion malsaine qui existe en l’islam de France et un certain nombre de pays étrangers comme la Turquie, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Ce dernier ayant la chance d’avoir a sa tête un roi particulièrement éclairée. Son influence est plutôt bénéfique, pour les autres, c’est une tout autre histoire… La seconde raison, est l’un des grands problèmes de l’islam, est qu’il n’existe en son sein aucune hiérarchie pour faire respecter les règles de base de la vie en société. Il n ya pas de clergé «professionnel’ et séculier. Chacun peut se déclarer imam, et ces derniers ne sont soumis à aucune autorité. Personne ne peut contrôler les risques de dérives, encore moins les combattre lorsqu’elles se produisent. Ainsi, chacun des 2 000 mosquées recensées en France est parfaitement autonome, avec tous les risques de prise de contrôle salafiste, et extrémiste, que cette autonomie autorise. J’ajoute à la liste de problèmes fondamentaux de l’islam l’absence complète de toute tradition critique. Celle-ci s’expliquant notamment par l’interdiction faite a tous les fideles d’interpréter les textes sacrés du prophète, qui doivent être lus, et compris, dans leur sens premier. D’un point de vue littéral, ils sont donc intouchables. On constate aisément la différence majeure avec les cultures catholiques, reformées ou juifs, ou l’exégèse et l’interprétation critique sont la règle. Devant cette situation inextricable, j’avais imaginé que, si on arrivait a doter l’islam de France d’une structure nationale a laquelle seraient ajoutées des structures régionales , nous pourrions disposer enfin d’une autorité légitime, capable de faire respecter un minimum d’autorité, et que de surcroit l’Etat pourrait disposer d’interlocuteurs capables de faire remonter les problèmes et, pourquoi pas, de tenter de les résoudre. Ainsi, du moins le pensais-je, pourraient se développer plus harmonieusement un véritable islam de France…..Les dirigeants de grandes fédérations algériennes, marocaines, tunisiennes et turques –autour d’une même table relève en soi d’une gageure. .ils s’appellent «mon frère», font bloc commun vis a vis de l’extérieur, mais ne sont pas prêts a se lâcher entre eux un centimètre de terrain. . Si en plus on y ajoute les dirigeants des grandes mosquées de France, au premier rang desquelles se trouve celle de Paris et son recteur Dalil Boubekeur, le cocktail devient explosif.
extrait de l'ouvrage de Nicolas Sarkozy :" Passions: