Se reconvertir dans la rénovation énergétique
L'essor du secteur de la rénovation énergétique des logements ouvre également aux cadres en reconversion de nouvelles perspectives professionnelles. L'organisme la Solive propose à destination de ce public une formation dédiée à de futurs métiers du BTP.Se reconvertir dans la rénovation énergétique
Se reconvertir dans la rénovation énergétique La Solive forme des cadres en reconversion professionnelle aux futurs métiers du BTP Jules Thomas U n million : c’est le nombre de pompes à chaleur qu’Emmanuel Macron veut voir produites chaque année sur le sol français, d’ici à la fin du quinquennat. Un gisement d’emplois pour les produire, mais aussi pour les installer chez les particuliers. Bouna Diarra, 29 ans, l’a bien compris : « J’ai déjà fait une formation de frigoriste en 2015, mais je n’ai pas trouvé d’emploi, donc j’ai travaillé dans l’isolation, comme chauffeur-livreur pour Amazon, comme éboueur… Puis j’ai entendu parler du business des pompes à chaleur, donc j’ai voulu revenir là-dedans. C’est un domaine très technique, qui demande pas mal de pratique. » Il y a dix jours, il a commencé une formation intensive pour devenir installateur de pompes à chaleur à La Solive, à Nanterre (Hauts-deSeine), une école spécialisée dans les métiers de la rénovation énergétique. Pour les organismes de formation, l’explosion de ce champ précis des systèmes thermiques est une aubaine. « On sait ce qu’il faut faire pour réduire l’empreinte carbone du bâtiment, mais il y a de gros freins : il n’y a pas une entreprise qui trouve facilement des gens. » La Solive est née en 2021 de ce constat, se souvient Côme de Cossé Brissac, cofondateur de l’école. Sur les 170 000 à 250 000 emplois supplémentaires attendus d’ici à 2030 dans la rénovation énergétique des bâtiments, selon France Stratégie, « il faudra 30 000 installateurs de pompes à l’horizon 2028, et 15 000 personnes pour la maintenance », explique-t-il. Dans l’atelier, une dizaine de ces machines qui fonctionnent à l’électricité trônent près de la zone où s’affaire l’équipe d’apprenants, exclusivement masculine. Une douzaine de box représentent autant d’exercices où ils passent à tour de rôle, pour travailler sur différents types de parois ou de câbles. Leur formateur supervise un exercice sur l’unité extérieure d’une pompe dite « air-eau », qui puise l’air extérieur pour transformer en gaz un liquide frigorigène qui, comprimé, permet de chauffer l’eau. « Là, il faut expulser l’air ? », demande un stagiaire, entouré par ses camarades. Devant l’approbation du formateur, il agit sur la bonbonne d’azote, et de l’air ressort 2 mètres plus loin par un tube frigorifique. Frigoriste de formation, Nicolas Scheidt, 36 ans, multi-entrepreneur et désormais formateur, insiste sur la polyvalence du métier, à mi-chemin entre l’électricité, la plomberie et les techniques du froid. « La pompe à chaleur n’est pas mon activité principale, mais c’est un bon marché. Il y a encore beaucoup de sociétés qui gèrent la partie administrative mais pas les travaux, or ils sont souvent mal faits car il n’y a pas de techniciens compétents. » Cette expertise multiple plaît aux futurs professionnels, qui apprécient aussi de passer peu de temps en salle de cours. « J’aime bien le côté très pratique. Je bricole beaucoup, j’aime être autonome, juge Romain Gouveia, ancien responsable après-vente dans l’automobile. C’est d’ailleurs en faisant des travaux chez moi que je me suis intéressé aux économies d’énergie. Je me suis dit que je pourrais en faire un métier. » Damien, 45 ans, a quant à lui passé la première partie de sa carrière dans la maintenance informatique. Après un plan social, il a opéré un virage net : « Je © 2023 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le présent document est protégé par les lois et conventions internationales sur le droit d'auteur et son utilisation est régie par ces lois et conventions. Certificat émis le 13 octobre 2023 à APEC (900 lecteurs) à des fins de visualisation personnelle et temporaire. news·20231012·LM·202310122×20×21205174385 Nom de la source Le Monde Type de source Presse • Journaux Périodicité Quotidien Couverture géographique Internationale Provenance France Jeudi 12 octobre 2023 Le Monde • p. 20 • 1272 mots Page 20 Aussi paru dans 11 octobre 2023 - Le Monde (site web) Panorama de presse Vendredi 13 octobre 2023 à 13 h 55 Panorama de presse 3 Ce panorama de presse et les documents qui le composent sont réservés à l'usage exclusif des destinataires désignés par APEC et ne peuvent faire l'objet d'aucune autre utilisation ou diffusion auprès de tiers. • Tous droits réservés • Service fourni par CEDROM-SNi Inc. n’ai jamais bossé dans le BTP, mais le travail manuel ne me fait pas peur, j’ai déjà refait une toiture en ardoise. Ce que j’aime, c’est que c’est un métier concret, en alignement avec mes valeurs, j’ai un vélo électrique, j’essaie de montrer l’exemple. » L’école ne propose que deux parcours : l’installateur de pompes à chaleur et le chef de projet en rénovation énergétique, destiné plutôt à un public de cadres en reconversion. Cela lui suffit pour compter déjà trois centres de formation (à Nanterre, Lyon et Nantes) et former 400 personnes cette année. Ces deux métiers n’existaient pas au Répertoire national des certifications professionnelles : La Solive a déposé deux titres professionnels auprès de France compétences, validés en 2023 et 2021. « Un métier qui fait plus de sens » Sur le parcours pompe à chaleur, tous les stagiaires sont en contrat de professionnalisation durant les six mois qui suivent les deux mois de formation, et assurés d’obtenir un CDI dans la foulée. Ils envisagent pour beaucoup de se faire la main comme salariés durant un ou deux ans avant de se lancer seuls, comme leur formateur. A l’étage, c’est le dernier jour d’une promotion de chef de projet en rénovation énergétique, dans laquelle on trouve aussi bien des anciens architectes, des conducteurs de travaux, ou encore des professeurs de sport. « Le chef de projet est plus généraliste, ce qu’on lui apprend c’est d’arriver chez quelqu’un, faire un état des lieux, et générer différents scénarios de travaux et de prix, décrit Côme de Cossé Brissac. Il sait aussi gérer l’ingénierie financière, le casse-tête de la mobilisation des aides. » En règle générale, les formés peuvent devenir auditeurs énergétiques, pour gérer la partie diagnostic, ou accompagnateurs Rénov’, pour plutôt suivre la réalisation concrète des travaux par les artisans. Tout juste sortie de la soutenance qui clôt sa formation de chef de projet, Bénédicte Bourgoin est enthousiaste à l’idée de partir en stage. Cadre dans le marketing, elle s’est posée à 50 ans la question « d’avoir un métier qui fait plus sens » : elle a négocié son départ et commencé la formation de chef de projet. « Je prévois de quitter la région parisienne, mais je vais d’abord me tester en tant que conseillère en énergie partagée pour conseiller les communautés de communes. » Elle insiste sur le concept de rénovation globale, qu’on lui a inculquée en formation : « L’isolation thermique est la clé, mettre une pompe à chaleur ne sert à rien si les murs ou le toit sont mal isolés. » Cette capacité de répondre au besoin de rénovation globale des logements a aussi intéressé Leroy Merlin. L’entreprise, qui compte 30 000 salariés dans 140 magasins, a créé pour ses équipes un parcours de reconversion interne, pour devenir référents rénovation énergétique. Les cours ont lieu à La Solive. « C’est une formation sur mesure, mais la certification est la même que le chef de projet, explique Elizabeth Decoster, directrice de l’Université de l’habitat de Leroy Merlin. On a des heures de formation spécifiques à nos outils, et sur les aides dont peuvent bénéficier les clients. Nous voulons les accompagner de la même manière que lorsqu’ils achètent une cuisine. Mais c’est un peu plus complexe, donc il faut des compétences. » Fin 2023, 100 conseillers auront été formés, près d’un par magasin. Malgré la multiplication des promotions sur les bancs et dans les ateliers de l’école, le secteur peine à attirer, notamment les jeunes. Le BTP souffre encore d’un déficit d’image, même si cela tend à se résorber : « Ici, nous avons des métiers concrets, qui ont du sens, bien payés, pas forcément concentrés à Paris, et où l’on peut se mettre à son compte, met en avant M. de Cossé Brissac. Sur la pompe à chaleur, des entreprises mettent en place la semaine de quatre jours. Il y a aussi des gérants plus jeunes, qui prennent le tournant de la transition énergétique, qui créent une vraie ambiance de boîte pour fidéliser les gens. » Cela suffira-t-il pour rénover des millions de logements ? #reconversion#lesmétiersdelenergie
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