Se transformer n’est pas un fleuve tranquille (épisode 3)
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Se transformer n’est pas un fleuve tranquille (épisode 3)

A certains moments dans chaque vie, il y a des choix à faire, avec des options connues et donc (apparemment) rassurantes, et d’autres options nouvelles qui peuvent paraître extrêmement insécurisantes comme le serait un saut dans le vide. Voici l’histoire d’un saut, c’est mon histoire 

Épisodes précédents : il y a 3 ans de cela, je me voilà contrainte de changer de rôle, dans l’entreprise où je suis depuis plus de 15 ans. J’ai envie de retourner sur le terrain que j’ai tant aimé, je réseaute et fais connaître mon désir, je me forme en parallèle à la pâtisserie auprès de gens incroyables, et quand après des mois, le poste désiré se présente, je choisis l’autre voie, celle où je quitte le connu et où je décide de créer ma propre activité. Je reviens aujourd’hui à nouveau sur l’instant du choix. 

J’aurais pu intituler cet épisode « Saute et le filet apparaîtra ». Cette phrase attribuée à l’écrivain américain John Burroughs m’avait saisie lorsque je l’avais lue pour la première fois dans l’ouvrage de Julia Cameron « Libérez votre créativité ». Elle m’accompagne depuis. Nul besoin de la commenter n’est-ce-pas, tant elle parle d’elle-même…

Quelques jours après l’avoir lue, il y a plusieurs années, il m’est arrivée de la mettre à l’épreuve des faits. Je sortais ce jour d’une réunion qui s’était tenue au siège international de la société dans laquelle je travaillais. dans le beau bâtiment de bois, de verre et de métal qui surplombait la Seine. Mon bureau était de l’autre côté de la route départementale très passante, il fallait traverser. J’étais seule. Au moment où j’allais sortir du bâtiment, ciel sombre, nuages noirs, tonnerre, un orage éclate et une pluie féroce se met à tomber dru. Je n’ai ni parapluie ni imper. 

« Je vais attendre quelques instants sous l’auvent que ça se calme, puis je traverserai. J’ai le temps avant ma prochaine réunion ». Mais ça ne se calme pas. Pas du tout même, la pluie redouble. Il faut que je traverse maintenant sinon je serai en retard. Je vais être trempée. 

Et c’est là que je repense à cette phrase : « Saute, et le filet apparaîtra ! ». J’ai une sorte de pensée de défi à ce moment-là, genre « ben on va voir si c’est vrai ce truc, on va bien voir si ça marche ! ». Genre j’ai la foi (pas dans le sens religieux du terme, mais dans le sens j’ai confiance dans le fait que la vie est bonne et positive et m’apporte ce dont j’ai besoin) mais j’ai besoin d’une preuve. Genre j’ai la foi, mais pas complètement, alors prouve-moi que je peux avoir confiance ! Qui que tu sois, Quoi que tu sois, Où que tu sois, extérieur à moi ou en moi. Prouve-le moi maintenant ! Alors, pleinement consciente, je pense : « OK, je saute, voyons ce qui va apparaître! ». Sincèrement je n’y crois pas trop à ce filet. J’attends que le feu passe au rouge et que les voitures s’arrêtent, je veux bien une preuve mais je suis pas dingue non plus. Vais pas risquer de me faire écraser…Je respire… et je saute. Je me lance sous la pluie. 

C’est très bizarre l’atmosphère de cet instant dans mon souvenir, je me souviens d’une pluie diluvienne, une vraie pluie de mousson comme il m’est arrivée d’en expérimenter à Singapour autrefois. Pluie tropicale sur Issy-les-Moulineaux, phénomène peu plausible, mais bien réel ce jour-là.  Il y a une intensité dingue dans les quelques pas que je fais d’abord, comme dans les rêves dont on se souvient au réveil avec toutes leurs sensations si réelles. Peut-être me revient-il alors l’impression de mes premiers pas lorsque j’ai appris à marcher? Quand nous sommes tout petits, tous nous devons nous lancer, à ce moment clé, lorsque nous apprenons à marcher et que nous faisons nos premiers pas, seuls. C'est certainement une sensation extraordinairement nouvelle, forte, grisante, pourtant nous l’avons oubliée. 

Et là, sous cette pluie battante, c’est comme une chorégraphie. Alors que je continue à marcher arrive un homme en face de moi, un homme que je n’avais pas vu, avec un très grand, très beau parapluie déployé, et au moment où nous nous croisons, au milieu de la Départementale, devant les voitures arrêtées qui assistent au spectacle, il me tend le parapluie avec un geste très gracieux, très élégant et il me dit en souriant : « prenez-le, vous en avez plus besoin que moi ». Je suis comme sonnée, bouleversée, parce que j’ai la preuve pour moi-même que « ça marche », que j’ai lâché prise et qu’il y a eu une réponse immédiate, une aide, un heureux hasard, une synchronicité, “a serendipity” comme disent les anglo-saxons, un très joli mot délicat à traduire… Un filet quoi. 

Saute et le filet apparaîtra, ça marche. Je l’ai expérimenté. Je le sais. Alors je rejoins mon bureau bien au sec, protégée par le grand parapluie, et ma foi renforcée. D’où qu’il provienne, il y a un filet, il n’attend sans doute que de servir, et que nous sautions. 

L’homme au parapluie ne venait pas d’un endroit magique, mais des Services généraux et il a manifesté par son acte élégant et sa courtoisie spontanée l’esprit de service cher à l’entreprise. Mais il n’empêche que pour moi, dans cette situation, de manière inattendue et comme magique, il a fourni le filet. 

Je vous invite, si le cœur vous en dit, à vous souvenir d’un moment où vous avez eu cette impression de sauter dans le vide, de sortir d’une zone connue, de lâcher prise… Souvenez-vous de la façon dont vous vous êtes senti, des pensées qui vous ont traversé l'esprit avant de sauter, de vos sentiments, de vos émotions. Souvenez-vous aussi de la forme qu’a pris pour vous votre filet, de l’aide, de la facilité que vous avez reçue. 

Si mon histoire vous touche maintenant alors que vous la lisez, c’est peut-être qu’elle vous invite à faire le saut que vous avez en tête depuis un moment. Peut-être pouvez-vous envisager maintenant de le faire en confiance. Si vous avez envie d’en parler, contactez-moi, je serai heureuse de vous écouter et de vous aider. 

À bientôt pour la suite de l’histoire de ma transformation, 

Mathilde

Véronique Fouillen

Responsable événements chez L'Oréal

2 ans

Ces services généraux sont sans doute le lieu de l’entreprise où les hommes et les femmes remplissent le mieux cette mission d’humanité dont le monde a besoin : parmi elles, prendre soin de l’autre, apporter du confort à l’autre, rendre le quotidien de l’autre agréable, en s’oubliant même parfois. Pour moi ça en fait un endroit magique dans lequel des âmes aimantes et souvent très altruistes œuvrent et compensent d’ailleurs parfois un quotidien trop lourd imposé par les organisations… Merci pour ce partage Chère Mathilde. C’est toujours un délice de te lire.

Merci Mathilde pour partager ton expérience !!

Anne-Marie Janvier

Adjointe de Direction - Pastorale / Référente UNESCO de Sainte Anne-La Providence / Chargée de projets Développement Durable et Ouverture à l’international

2 ans

Très beau témoignage Mathilde…des souvenirs malgré tout d’une certaine collaboration…mais je suis d’accord avec Vs , il faut qq fois lâcher prise et …les choses se passent! Bien à Vs et très belle continuation , AM

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