Si je vous dis : "Puissance", vous ne pensez à priori pas à "Douceur", et pourtant...

En cette rentrée, j’ai décidé à rebours de vous partager ce livre très singulier et très poétique comme on aimerait en lire plus d’Anne Dufourmantelle* : La puissance de la douceur.

Nous avons une impression de douceur, voire même une pression à la douceur autour de nous, cependant la douceur, celle dont parle Anne dans ce livre n’est pas cette sorte de chose ouatée, sucrée, dont personne n’a envie de nous sortir pas plus que nous-même, et qui nous maintient dans une sorte de bulle confortable, hermétique et zen dont il devient finalement impossible de s’extirper. 

Non ici il est question de la Douceur au sens premier, philosophique, authentique. 

Elle nous donne une définition, que je partage, d’une douceur qui ne se dit pas mais qui se vit, se donne, et nous traverse de part en part. 

« La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d’accueil et de don. Elle apparait à la lisière des passages. Parce qu’elle a des degrés d’intensité, une force symbolique et un pouvoir de transformation sur les êtres et les choses, elle est puissance. »

C’est quand le langage n’a plus de place ou qu’il n’y a plus de mot, que la douceur peut prendre tout son sens, sa place, sa puissance. Elle nous relie, par ce rien (ou ce tout) à l’autre, à nous et tisse, en une fraction de seconde, toute notre humanité. Mandela a cette phrase qui illustre très bien ce « moment » et que vous connaissait peut-être déjà :

« Même aux pires moments de la prison quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. » 

Que serait l’être humain sans douceur, sans cette partie qui se joue, le relie au vivant à l’autre, au monde et donc au monde de l’autre ? La douceur c’est une philosophie de vivre, de la chercher sans l’imposer, mais d’aménager le terrain pour qu’elle puisse s’y répandre, croitre et se vivre. 

« La douceur appartient à l’enfance, elle est un retour sur soi, le nom secret de la beauté et de l’élan mystique »

Ce texte philo-poétique nous fait regarder ce qui est important autrement. La douceur fait effondrer les murs d’intolérance, de méfiance, d’arrogance, de mensonge, de toute-puissance. La douceur est intelligence. Pourquoi ne se relie-t-on pas plus à la douceur, parce qu’on a peur ? Peur de la laisser tout retourner sur son passage, tout transformer, tout prendre, tout dire sans n’avoir rien fait pour. 

Je partage avec Anne D., le fait qu’en écoutant les paroles des personnes qui viennent en séance ( elle en analyse, moi en coaching), la douceur a traversé chaque expérience, et par cet accueil et ce don qui nait de l’échange elle peut alors se dévoiler, voire porter la vie, parfois la sauver et l’accroître.

« La douceur provoque de la violence (et la pulvérise, voire la transcende j’ajouterai) car elle n’offre aucune prise au pouvoir… »

Ce livre inspirant m’a ouvert de nouvelles voies d’exploration, j’espère qu’il en sera de même pour vous, au moins un peu !

*Psychanalyste et philosophe, l’auteure est décédée tragiquement en mer, en portant secours à un enfant 

@rivagespoche

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