SI NOUS ETIONS TOMBES DANS UN TROU,AU FOND D'UN VERRE,PAR EXEMPLE,AURIONS-NOUS LES RESSOURCES NECESSAIRES POUR FAIRE MIEUX QUE LE BEAUJOLAIS ?
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SI NOUS ETIONS TOMBES DANS UN TROU,AU FOND D'UN VERRE,PAR EXEMPLE,AURIONS-NOUS LES RESSOURCES NECESSAIRES POUR FAIRE MIEUX QUE LE BEAUJOLAIS ? _______

SI NOUS ETIONS TOMBES DANS UN TROU, AU FOND UN VERRE PAR EXEMPLE, AURIONS-NOUS LES RESSOURCES NECESSAIRES POUR FAIRE MIEUX QUE LE BEAUJOLAIS ?

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 Edmond et Faria étaient allés chercher une bouteille de Beaujolais et personne n’avait trouvé cette initiative farfelue.

Quand les verres avaient été réunis sur la table, Philomène avait réclamé l’attention de l’assistance et avait déclaré :

–  Que cette nuit reste dans nos mémoires ! Et qu’elle en génère beaucoup d’autres. Nous en aurons besoin. Il ne faut surtout pas croire que parce que nous avons gagné une bataille, que nous allons gagner la guerre.

–  Viens boire un coup, Philomène.  Et laisse De Gaulle où il est. De Gaulle n’avait que l’empire nazi à assiéger, nous, nous avons trois grosses bibliothèques. Et franchement, je ne sais pas qui a la tâche la plus facile !

Emoustillés par cette remarque drolatico-gaullienne, la plupart des assiégeants de bibliothèques avaient avalé leur première gorgée de Beaujolais.

C’est le moment opportun, pour lui et pour l’histoire, que choisit le lieutenant dont on parlait pour s’approcher, un demi-verre de Beaujolais à la main.

Séduit par ces circonstances singulières, je n’avais pas hésité à apostropher le jeune homme.

–   Vous tombez bien, cher lieutenant ! Nous parlions de vous.

–   Je n’ai pourtant rien fait ce soir qui mérite d’être mentionné, ni en bien, ni en mal !

–  Vous êtes un des leaders du groupe, paraît-il. Nathalie en est convaincue.

–  Je ne remets jamais en cause le jugement d’une jolie femme. C’est un point de vue que j’ai adopté il y a bien des années et je ne l’ai jamais regretté.

J’avais ri, le nez enfoncé dans un verre, moi aussi, à moitié rempli de Beaujolais.

–  Que vouliez-vous me dire, excellent camarade ?

Le lieutenant avait regardé le Beaujolais, captif au fond de son verre.

Il avait l’air fasciné par le destin tragique et implacable de ce liquide rouge. Lui aussi, le petit liquide rouge, s’était cru le plus fort, le plus beau, le roi de la fête, au milieu des rires, au milieu des verres qui s’entrechoquaient.

Alors, il s’était jeté dans le trou, avec confiance, pour voir ce qu’il y avait au fond, persuadé qu’il pourrait remonter quand il le voudrait.

Mais voilà, on ne sortait pas facilement d’un grand verre.

Tous les vins pouvaient le confirmer.

 

Et lorsqu’on réalisait ce qu’il était en train d’arriver, il était trop tard. On était au fond.

Au fond du verre.

Un Beaujolais téméraire, ou un Bordeaux, qui s’était cru le meilleur et qui avait sauté dans le trou, dans un élan d’allégresse, avait commis l’irréparable et ne pourrait plus revenir à la surface.

Les lois de l’univers étaient ainsi faites.

 

Il finirait absorbé par le néant, digéré par un cosmos affamé, réduit à l’état de pâte primitive et projeté au loin par des contractions intersidérales.

Oh, oui,… Le lieutenant était capable de voir tout ça dans son verre !... Et c’est sans doute pour cette raison qu’il hésitait à le porter à ses lèvres.

Je le comprenais. Je le comprenais parfaitement. Une fois que nous aurions trouvé le trou de ver littéraire, nous devrions nous aussi sauter dedans.

Certes, dans la hiérarchie de la Nature, dans la hiérarchie planétaire, nous étions quand même mieux placés que le Beaujolais !

Nous avions plus d’atouts.

Cependant, si tous les êtres humains étaient réduits à la taille du Beaujolais, dans un verre, auraient-ils tous les ressources nécessaires pour échapper à leur destin et remonter à la surface ?

J’avais continué de regarder le jeune et fringant officier, toujours en tenue civile, et son verre de beaujolais. Son regard était passé plusieurs fois de moi à cet alcool en perdition, et de ce vin rouge à ma personne.

Je m’étais dit que je garderais probablement cet épisode dans mes futures chroniques.

Le titre de ce passage serait à peu près celui-ci :

SI NOUS ETIONS A LA PLACE DU BEAUJOLAIS, AU FOND D’UN VERRE, AURIONS-NOUS LES RESSOURCES NECESSAIRES POUR FAIRE MIEUX QUE LE BEAUJOLAIS ?

 

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Ce roman de 321 pages, LE MANUEL D’UTILISATION DU TROU DE VER LITTERAIRE, est archivé dans la Bibliothèque Secrète sous le numéro 26.

2 autres extraits de 3 pages seront bientôt diffusés sur les réseaux sociaux et notamment en articles sur LinkedIn.

Aucun extrait sur la 2e partie de l'ouvrage ne paraîtra sur internet.

Aucune précision sur le dénouement et sur les secrets dévoilés dans cette histoire ne seront communiqués.

Les fouilles organisées par le bibliothécaire dans la Bibliothèque Secrète vont permettre de mettre au jour, de compléter et de terminer d’autres histoires, tout aussi picaresques et iconoclastes.

 

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