Style de vie et facteurs de risque Covid-19

Style de vie et facteurs de risque Covid-19

Dans cet article, je voulais vous partager l’importance de votre état de santé par rapport aux risques de la maladie Covid-19, cette maladie causée par le coronavirus SARS-CoV-2. 

Des études montrent que l’épidémie suit la courbe de mortalité naturelle. L’âge moyen des personnes qui décèdent aujourd’hui en Suisse est de 84 ans. Cela veut dire que pour les hommes en Suisse, dont l’espérance de vie est de 81 ans, le profil de mortalité typique est au-delà de cette espérance de vie. C’est le premier élément. 

 

Une autre chose que l’on sait est qu’il y a très, très peu de personnes qui décèdent de la maladie Covid-19 sans comorbidité. Plus de 95% des gens qui décèdent ont des comorbidités. En fait, les études montrent qu’une personne qui était positive et à qui on a attribué le décès au Covid-19 peut en fait être décédée des conséquences d’un infarctus ou des conséquences de complications de diabète. On va toutefois attribuer sa mort au virus alors que cette personne serait de toute façon morte cette année des complications de ces choses-là. Mais on a de la peine à le communiquer quelque part parce que si vous décédez des complications d’une maladie cardiovasculaire, il y a tout de même la notion de « c’est votre responsabilité parce que vous avez eu un style de vie qui a amené au développement de cette chose-là ». Alors que si on dit que c’est le virus, c’est un évènement extérieur et puis on n’a pas finalement cette notion de devoir prendre cette responsabilité. Mais la notion qu’on a ici actuellement en Suisse, c’est qu’il n’y a toujours pas de surmortalité. Cela veut dire que les personnes qui sont décédées, même si elles étaient positives et que leur décès a été associé au virus, ce sont des personnes qui seraient de toute manière décédées cette année de leur grand âge, voire de leurs comorbidités. 

Cela dit, on sait aujourd’hui que le risque de mortalité est lié à des comorbidités, c’est-à-dire à d’autres maladies. Il faut prendre conscience que ces maladies sont liées au style de vie. Là, on parle de choses qui pourraient être prévenues avec une bonne alimentation, avec une activité physique régulière, avec une gestion du stress, etc. Je vais vous le montrer parce qu’il y a des études maintenant qui montrent que votre style de vie est potentiellement protecteur ou potentiellement un facteur de risque de mortalité. 

  

Premier facteur de risque : l’Âge 

 

  • + de 80 ans : risque multiplié par 86 
  • De 70 à 79 ans : x 43 
  • De 60 à 69 ans : x 18 
  • De 50 à 59 ans : x6 

Si on regarde les statistiques, on constate qu’il y a des risques qui sont extrêmement élevés. Statistiquement, dans le médical, un risque de 86 fois est énormissime. On constate ici que l’âge joue un rôle majeur, en raison d’un phénomène appelé immunosénescence. Avec le temps, votre système immunitaire a tendance à ne plus pouvoir bien réagir. Il y a aussi beaucoup d’accumulation d’inflammation dans notre corps, ce qui va favoriser la tempête cytokinique, c’est-à-dire un emballement du système immunitaire. Parlons-en tout de suite, car c’est le lien entre notre style de vie et les maladies liées au style de vie. 

Les maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, comme le cancer, etc., ont toutes un lien commun que l’on appelle la micro-inflammation. Si vous voulez en savoir plus, j’ai fait une vidéo qui s’appelle « Inflammation aiguë vs Inflammation chronique » qui vous explique ces mécanismes de micro-inflammation. 

La micro-inflammation est une inflammation qui n’est pas comme celle lorsqu’on se tord quelque chose ou qu’on se fait une entorse. C’est une inflammation qui est très basse, que l’on appelle à bas bruit, mais qui persiste de manière chronique dans notre système. Vous voyez donc qu’en fonction de l’âge, au-dessus de 80 ans vous avez 86 fois plus de risque, entre 50 et 59 ans vous avez toujours 6 fois plus de risque, etc. 

  

Autres facteurs de risque : maladies chroniques 

  

  • Si vous avez des maladies cardiovasculaires, que vous avez fait une attaque cérébrale, que vous avez fait des infarctus, vous êtes donc à risque pour ces maladies et cela augmente votre risque de 12 fois. 
  • Le diabète cause aussi un risque énormissime, de 9 à 12 fois, 
  • les maladies respiratoires chroniques, 8 fois, 
  • l’hypertension, 3 à 7 fois, 
  • le cancer, 7 fois, 
  • l’obésité, 6 fois. 

Des études maintenant montrent que si vous prenez un virus et que vous le mettez, en laboratoire, dans un environnement qui ressemble à l’environnement métabolique d’une personne obèse, ça va favoriser la réplication et ça va favoriser la mutation du virus. Donc lorsqu’une personne qui souffre d’obésité est infectée, non seulement elle est plus à risque, mais ça permet aussi potentiellement au virus de développer des mutations. Les résultats des études qui ont été faites à ce niveau sont assez impressionnants. 


Vous voyez que ces facteurs-là sont tous des facteurs qui sont liés au style de vie. Ces maladies-là ont toutes comme mécanisme commun cette micro-inflammation. C’est-à-dire que votre système va potentiellement surréagir et causer une tempête cytokinique. Si votre seuil basal d’inflammation est bas et que tout d’un coup, vous faites un pic, vous n’allez pas franchir le seuil de déclenchement de cette tempête. Mais si vous avez déjà des taux trop élevés d’inflammation, que vous êtes exposé au virus, que votre système immunitaire réagit normalement avec la même courbe, alors vous dépassez ce seuil et le système s’emballe. C’est là qu’il y a ce risque de forme sévère et de mortalité. C’est donc votre style de vie qui va déterminer les facteurs de risque au travers des impacts qu’il a sur l’inflammation ou la micro-inflammation chronique à bas bruit dans votre organisme, que l’on appelle aussi méta-inflammation. 

En Angleterre, ils ont fait une étude très, très intéressante où ils ont pris 3 facteurs : l’activité physique, le fait de fumer ou pas et la consommation d’alcool. Sur la base de ces 3 éléments, ils ont créé un score de style de vie sain. Vous voyez qu’ils n’ont pas pris en compte le fait que les gens dorment bien ou non alors qu’on sait que ça a un impact majeur sur les maladies virales. Des études montrent que les personnes qui dorment moins de 6 heures par nuit ont quasiment 5 fois plus de risque de faire une infection virale des voies respiratoires supérieures que les personnes qui dorment plus de 7 heures par nuit. Donc ils n’ont pas pris ça, ils n’ont pas pris le fait de gérer le stress. Ils ont vraiment pris 3 composantes basiques, l’activité physique, le fait de fumer ou pas et la consommation d’alcool, et ils ont fait un score de style de vie sain. Quand ils ont comparé les gens qui avaient un style de vie très sain à ceux qui avaient un style de vie très malsain, les personnes qui avaient un style de vie très malsain avaient 4,41 fois le risque d’attraper le virus et d’en mourir que les personnes qui avaient un style de vie sain. Une fois de plus, quand on dit 4 fois, cliniquement parlant, statistiquement en médecine, c’est énormissime ! Vous voyez donc que le style de vie a un rôle vraiment très, très important. Et comme je vous l’ai dit, ils n’ont pris que 3 facteurs dans ce score-là, mais ça montre déjà l’importance. 

Dans cette étude, la sédentarité augmentait le risque de faire une forme grave au point de devoir être hospitalisé de 50%. Et ce qui est très intéressant c’est que lorsqu’ils font ces études, ils vont pouvoir déterminer le pourcentage d’un élément qui participe à la problématique, que ce soit l’hospitalisation ou le décès de la maladie Covid-19. Ils ont déterminé que le style de vie était responsable de 51% de ça. Il y a d’autres facteurs comme les facteurs génétiques ou les maladies, mais ils ont déterminé que ces 3 éléments -- fumer ou pas, consommer ou pas de l’alcool, faire de l’activité régulière ou pas -- déterminaient 50% de l’équation. Finalement, votre risque de faire une forme sévère est quelque chose qui est entre vos mains, c’est votre style de vie. Ce sont des choses sur lesquelles on peut influencer. Ça veut dire qu’on peut influencer sur la moitié de ces facteurs au moins. Et c’est encore sans prendre en considération les maladies qui sont elles-mêmes aussi liées au style de vie, donc c’est même encore plus élevé que ça. Mais si on reste juste sur ce chiffre, 50% de ce chiffre est lié à des choses sur lesquelles vous avez le contrôle. 

 

Ce qui est paradoxal, c’est qu’on prend des mesures, on confine les gens, on coupe le lien social pour ne pas que le virus se transmette, mais on sait que le lien social est quelque chose qui va aussi être important pour maintenir un bon système immunitaire. On enferme et on confine les gens, ils ne peuvent plus faire d’activité physique, plus sortir en nature alors qu’on sait que ça booste. Des études montrent que lorsque vous allez vous promener dans la forêt, ça booste vos cellules natural killers qui sont votre première ligne de défense contre les virus. Donc finalement, on prend de ces mesures toujours un peu sparadrap qui fondamentalement, permettent peut-être de couper la transmission du virus, mais qui affaiblissent beaucoup plus les gens face au virus lui-même. 

 

Voilà donc un petit peu plus d’information sur ces facteurs de risque. La notion est que l’état ne va pas le faire pour vous. Votre style de vie est quelque chose sur lequel vous avez le contrôle, donc je vous invite, je vous implore de l’améliorer. Si vous avez besoin de conseils pratiques dans chacun de ces domaines, j’ai de nombreuses vidéos à ce sujet-là sur ma chaîne, mais c’est quelque chose sur lequel vous pouvez prendre le contrôle. 


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