Avant d’être abattu, Le Maquisard Si Hadj Mohand Ouahmed abat le lieutenant Bonnin Bernard
Taourirt Ali Ouanacer le 5 septembre 1960 :
Avant d’être abattu, Le Maquisard Si Hadj Mohand Ouahmed abat le lieutenant Bonnin Bernard.
Ils étaient terrés dans leur cache, un abri situé non loin du village de Taourirt Ali Ouanacer.
La fraicheur de l’automne n’avait pas encore adouci la chaleur caniculaire de l’été. Les arbres et la végétation verdoyants camouflaient tout mouvement alentour. Le silence insolite de la faune ne disait rien qui vaille, et pour cause, le moment choisi par les maquisards pour quitter leur abri n’était pas propice, car la région tout entière était investie par une nuée de soldats français, progressant lentement, silencieusement, c’est à croire qu’ils marchaient sur les œufs. Deux maquisards, Si Hadj Mohand Ouahmed et Yahi Mohand, venaient de sortir de leur abri pour cueillir quelques figues fraiches, afin d’assouvir la faim qui les tenaillaient. Ils ne s’étaient pas doutés un seul instant qu’ils n'allaient peut-être pas revenir indemnes.
Si Hadj Mohand Ouahmed, mon cousin dont j’ai gardé le meilleur souvenir de mon enfance heureuse, mais aurai-je eu la force d’évoquer ce moment de plaisir devant le drame qui allait se produire dans un instant et qui va effacer son petit corps agile, à jamais, du décor paradisiaque de la Kabylie ?
En effet. Soudain un bruit furtif parvint à ses oreilles. Dans un mouvement de réflexe, son fusil garant braqué sur une forme obscure qui ressemblait à un individu derrière un mur translucide de branchages épars, le coup était déjà parti. Le lieutenant Bonnin Bernard, un chasseur alpin du 6eme BCA, 31 ans s’effondra. La réplique des soldats français était foudroyante. Mohand Ouahmed s’effondra à son tour. Les balles qui fusaient de partout arrosant copieusement, rageusement tout azimut, atteignirent, en le blessant à son tour, Yahi Mohand qui avait réussi in extremis à récupérer l’arme de son compagnon Ouahmed. Il s’engouffra à l’intérieur de la casemate. Yahi ne dut son salut qu’au hasard, car les militaires français n’opérèrent aucune recherche, pensant que le "fellagha" était déjà trop loin pour tenter de le rattraper.
Au bout de quelques minutes un Sikorski se posa sur une plate forme, à quelques dizaines de mètres. Les soldats emportèrent les corps des deux protagonistes tués, l’un mort pour la France et l’autre pour la liberté de son peuple.
A iferhounène, le Sikorski déposa les deux corps qui, le jour suivant, prendront chacun sa dernière demeure.
Plus tard, le 11 octobre 1960, dans la même région de la Kabylie, non loin du même village, mourut Yahi Mohand, lors d’un accrochage qui a vu la participation d’un non moins célèbre Sous-lieutenant, petit fils du Roi Philipe. C’est dire que Taourirt aura été le cimetière de beaucoup de combattants des deux cotés du conflit. D’autres régions de la Kabylie, comme Abi Youcef seront aussi la terre des souffrances des jeunes soldats français, comme l’Adjudant Marcel Arpin, un rescapé de Dien Bien Phu : le 20 novembre 1960 a Ait Attala, commune d’Abi Youcef, il sera blessé grièvement a la tête et décèdera le même jour des suites de ses blessures.
Le fait marquant de ces événements qui ont frappé en particulier des officiers de l’armée coloniale, est que cela s’était déroulé après l’opération Jumelles, comme pour contredire les comptes rendus triomphalistes du général Massu a savoir qu’«après l’opération Jumelles, la rébellion est totalement vaincue», Le mensonge historique qui a conduit le général De Gaulle a envisager sérieusement l’indépendance de l’Algérie.
Auteure indépendante
7 ansNous lirons la suite, car nous vivons depuis vingt ans bientôt (dans un an et demi) dans le vif du sujet de cette époque. Abdenour le sait très bien ! (citation : "Il semble, dans une large mesure, que le succès appartienne à ceux qui s'obstinent, lorsque les autres ont décidé d'abandonner". de William Feather). Nul abandon, nulle résignation, nulle rancœur de se sentir abandonnée, mais vivant !