Thomas, jeune accompagné par la Mission Locale du Pays de Lorient, partage son parcours et ses ambitions professionnelles
À l’occasion de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées, nous avons échangé avec Thomas, un jeune de 26 ans accompagné par la Mission Locale du Pays de Lorient. Diagnostiqué porteur de troubles du spectre autistique (TSA) depuis l’enfance, Thomas nous raconte son parcours, ses défis et ses réussites, mais aussi ses aspirations professionnelles. Découvrez comment son engagement, son accompagnement personnalisé et le parrainage lui ont permis de développer son réseau et d’avancer vers son objectif : intégrer le monde du travail en tant que comptable.
C’est Raphaël, conseiller en insertion professionnelle et référent sur la thématique du handicap, qui a recueilli son témoignage.
Raphaël : Aujourd’hui, j’ai la chance d’accueillir Thomas, qui a 26 ans, est accompagné par la Mission Locale de Lorient et est porteur d’un TSA. Thomas va nous raconter un peu son parcours.
Thomas : Oui, bien sûr. À 8 ans, quand j’étais en CE2, j’ai été diagnostiqué TSA par le CRA de Brest, et plus précisément par le docteur Éric Lemonnier. J’ai été suivi par une AVSI, à mi-temps tout d’abord. Le temps complet n’est arrivé qu’après. Depuis ce moment-là jusqu’à mon arrivée à l’UBS, qui est plus récent, j’ai été accompagné à temps complet par quelqu’un.
R : Tu es accompagné par la Mission Locale depuis quelques années. Comment s’est passé cet accompagnement ?
T : Oui. Cette organisation m’a permis de trouver et de suivre plusieurs stages. Au total, 280 heures de stage. La Mission Locale m’a également permis d’avoir un accompagnement et d’être soutenu par un parrain.
R : D’accord. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton autisme ? Comment ça se passe pour toi ?
T : Je peux avoir du mal à retenir les informations, c’est pourquoi il est important de les répéter. Je peux aussi réagir différemment des personnes qui ne sont pas porteuses de ce handicap. Pas très différemment, mais il y a de petites différences. Cela ne fait cependant pas de moi quelqu’un à fuir.
R : Dans une structure comme la Mission Locale, par exemple, est-ce qu’il y a des choses qui te mettent à l’aise, ou à l’inverse, des choses qui te mettent mal à l’aise ?
T : Dans une structure, la lumière, qu’elle soit forte ou faible, n’a pas beaucoup d’importance. En revanche, si le son est fort, cela m’embête à cause de mon audition. Ça me fatigue davantage et me perturbe un peu.
R : D’accord. Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune porteur d’un TSA ?
T : Je pourrais conseiller à ces jeunes d’essayer d’intégrer un réseau ou de s’en créer un. Alors, effectivement, c’est facile à dire, parce que beaucoup de jeunes peuvent avoir du mal à aller vers les autres, à leur parler, à essayer de créer un lien, même uniquement professionnel. Mais justement, le réseau est une des choses qui permet à la situation d’évoluer. C’est ce qui permet de vraiment progresser.
R : Du coup, c’est le fait d’intégrer le parrainage qui t’a permis d’accéder à un réseau finalement ?
T : Oui, tout à fait. Cela permet non seulement de rencontrer des professionnels, mais aussi de trouver une écoute attentive. Et parfois, ces professionnels peuvent eux-mêmes être directement concernés, par exemple parce qu’ils ont une personne autiste ou porteuse d’un handicap dans leur entourage. Cela leur donne une meilleure compréhension des besoins spécifiques de ces jeunes, qu’il s’agisse d’accompagnement ou même d’opportunités professionnelles.
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R : D’accord. Quel type d’emploi ou de formation envisages-tu ?
T : En ce moment, je fais une formation à distance. Mais je souhaite vraiment intégrer le monde du travail et rejoindre une entreprise. Les métiers dans la comptabilité m’attirent, c’est un domaine dans lequel je me sens à l’aise.
R : Est-ce que tu penses que ton TSA peut être un avantage dans le métier de comptable ?
T : Oui, dans le sens où je suis de nature minutieuse, notamment pour chercher s’il y a des erreurs et les résoudre. Je suis très pointilleux sur ce sujet. En revanche, du fait de cette recherche d’erreurs, je vais parfois mettre plus de temps pour réaliser une tâche demandée, mais le travail sera de meilleure qualité.
R : D’accord. Donc imaginons que demain tu sois embauché en tant que comptable. Quelles adaptations l’entreprise devra-t-elle faire pour que tu sois à l’aise ?
T : Je préférerais être dans un bureau qu’on peut fermer, pour éviter les open spaces. Avoir des consignes précises et détaillées qui peuvent être répétées. Pas tout le temps, bien sûr, mais au début seulement. Après, je peux m’adapter en prenant des notes et en les relisant. Donc, oui, un référent bienveillant serait nécessaire, quelqu’un qui m’explique les tâches au départ et qui puisse réexpliquer si besoin. Comme je l’ai dit, je suis très appliqué, attentif et curieux. Mais à cause de mon handicap, je me fatigue vite. Cela signifie que je ne pourrais pas travailler à temps plein, mais plutôt en temps partiel : cinq heures par jour, mais tous les jours. Pas un jour par semaine, ni deux, mais bien cinq jours.
R : Donc finalement, tu évoques peut-être un besoin de bienveillance et de patience au départ. Et ensuite, une fois que tu es en confiance et que tu maîtrises bien ton cadre d’intervention, tu es à l’aise.
T : Tout à fait, c’est un bon résumé.
R : C’est grâce aux nombreux stages que tu as pu identifier ce rythme de travail idéal ?
T : Oui, effectivement, c’est grâce aux stages.
R : Merci Thomas pour ta présentation, pour ton parcours avec le parrainage et les stages mis en place avec la Mission Locale. Nous te souhaitons bonne chance pour la suite.
T : Merci.
Plus d'information sur la semaine sur : Édition 2024 : #SEEPH2024 | Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées | Du 18 novembre au 24 novembre 2024