Travaillez gratuitement chez Gamewave
Le site internet AFJV.com a publié récemment le classement des 100 sites web dédiés aux actualités du jeu vidéo. Il est assez intéressant de constater que jeuxvideo.com conserve haut la main sa place de numéro 1, acquise il y a 20 ans. Pour la petite histoire, dès 1999, avec plus d’un million de pages vues par mois, jeuxvideo.com pointait déjà numéro 1 au classement des sites web français traitant de l'actualité du jeu vidéo. Une place magnifiquement obtenue à l'époque grâce à quelques entrepreneurs français talentueux, dont Sébastien Pissavy en tête. Depuis la fin des années 90, aucun autre site web n'a réussi à concurrencer efficacement cette plateforme, qu'il s'agisse de GameKult, Overgame en son temps, Gameblog ou plus récemment Gamewave.
Ce classement montre surtout la très grande profusion des sites web en France dédiés au domaine du jeu. Un phénomène qui s'explique d'abord par l'attirance naturelle du secteur par les jeunes rédacteurs, tous (et toutes) désireux de commenter l'actualité, transmettre leur opinion, et partager leurs expériences. Néanmoins, la question pourrait se poser : comment tous ces sites survivent-ils ? Gamekult est un cas particulier puisqu'il propose un abonnement mensuel de 4,90 € par mois. Un business model compréhensible, mais qui reste somme toute assez marginal. Les autres sites s'adaptent à leur environnement et cherchent des solutions.
Il est cependant important de noter que les postes de rédacteurs sont bénévoles et donc, non rémunérés (site web de Gamewave).
Sur le site de Gamewave par exemple, le bénévolat semble être la norme. Dans la section recrutement, on peut y lire que les postes de rédacteurs, de gestionnaires de base de données, et de Community Manager sont bénévoles. Obtenir un poste, oui. Être payé, on verra plus tard. Et pour avoir la chance d'être "embauché", certaines qualités sont requises :
Exemple pour un poste de Community Manager :
- Une bonne maîtrise de la langue française.
- Aimer les contacts et les relations avec la communauté.
- Connaissance et maîtrise des différents réseaux sociaux.
- Être motivé et sérieux mais surtout passionné.
- Savoir travailler en équipe et accepter la critique.
- Pouvoir justifier une expérience dans le domaine de l'animation de communauté est un plus.
Comme on peut s'en douter, les textes produits par les rédacteurs ne leur appartiennent pas, dès leur parution. On découvre que dans les conditions générales du site : "GAMEWAVE est propriétaire des droits de propriété intellectuelle ou détient les droits d’usage sur tous les éléments accessibles sur le site, notamment les textes, images, graphismes, logo, icônes, sons, logiciels". Le site serait-il propriétaire d'un texte qu'il n'aurait pas acheté ?
Sans nier la réalité économique des sites comme GameWave, dont les frais de fonctionnement se doivent d'être amortis, la pratique du bénévolat amène à réfléchir (moralement, mais aussi légalement). Les Free-Rédacteurs, les Free-Community Manager ou les Free-Gestionnaire de Base de Données sont tous volontaires.
Lorsque j'étais Responsable Éditorial chez Micromania, beaucoup de rédacteurs me contactaient, souhaitaient travailler et écrire des articles. Pour pouvoir être embauché, ils étaient prêts à refuser une rémunération. Certes, ils voulaient être payés... mais, avec des jeux. J'expliquais gentiment que malheureusement nous ne pouvions accepter leur demande car notre politique était au contraire de payer les gens. Dommage, ils avaient non seulement manqué une occasion de se taire, mais surtout, ils devenaient victimes de notre système qui veut que moins tu demandes de rémunération, plus tu as des chances d'être embauché.
La passion du jeu vidéo amène à des comportements étonnants. Fort heureusement, jamais Micromania ne s'est engagé vers ce chemin, qui dévalorise non seulement les compétences de chacun mais, détruit notre rapport au travail.
Journalist at Je suis un gameur.com
5 ansBelle tribune ! Personnellement, Je suis un gameur.com est une toute petite structure mais nous rémunérons les journalistes (pas autant que nous le voudrions malheureusement) tout en sachant qu'ils ont d'autres avantages (ils conservent leurs jeux, sont formés aux métiers du journalisme/de la rédaction web, participent à des salons). En effet, ne pas rémunérer un rédacteur, même si celui-ci est débutant, c'est dévaloriser la profession et les "vrais" rédacteurs de métier.
Auteur indépendant
5 ansPour avoir bossé pour toi à cette époque, je peux témoigner. J'ai pas mal de dossiers concernant tes pratiques et tes comportements "étonnants" ... notamment celui où tu t'es battu (avec succès) pour augmenter le tarif des piges afin qu'on soit mieux payé ! Une honte !