Trouver sa place
Dans mes accompagnements revient souvent chez les coachés la question de la juste place.
« Je ne me sens pas à ma place dans ce CODIR. »
« Mon poste me plaisait mais depuis la réorganisation, je ne m’y retrouve plus. »
« Depuis que j’ai perdu mon poste, je n’ai plus de repères. »
« Je rêvais de ce poste mais untel m’a ‘volé la place’. »
« Mes collaborateurs me reprochent de ne pas savoir me mettre à leur place. »
Quelle est notre ‘vraie’ place dans le monde professionnel ? Celle qui garantira, selon les personnes, surtout de l’autonomie ? de la sécurité ? une posture de leadership ? un salaire confortable, au risque d’un désalignement ?
Est-ce celle à laquelle on aspire pour se hisser au-dessus du rang social de notre famille ? Celle à laquelle des injonctions éducatives nous ont assignée ? Celle que l’on croit avoir choisie en conscience, mais dont les sacrifices auxquels on consent pour la garder révèle la fragilité ? Celle où l’on rencontre sa créativité ? Celle où l’on se sent soi-même, où l’on ne porte pas de ‘masque’ ?
De nombreuses situations fragilisent la place de l’individu au travail : licenciement, absence de progression, ‘placardisation’, mise à l’écart, burn-out, difficulté à prendre la parole en réunion, rivalité avec un associé, hostilité d’une nouvelle équipe lors de sa prise en main, passage d’un bureau individuel à l’open space, évolution de la culture d’entreprise suite à une fusion… autant de changements effectifs ou symboliques qui lui font reconsidérer sa légitimité.
Recommandé par LinkedIn
Claire Marin, philosophe, émet dans un livre passionnant*, parmi plusieurs hypothèses, que ‘le lieu où nous devons être, selon une nécessité intérieure propre à chacun, se manifeste par le sentiment de puissance qu’il dégage’.
Lorsqu’un coaché ne sait plus quelle est sa vraie place, ou comment se sentir ‘inclus’, j'accueille les émotions (souvent la peur, la colère) associées, puis travaille avec lui sur son histoire professionnelle et l’aide à se détacher progressivement des notions de déception ou d’échec, parfois très enracinée. Nous quittons doucement les rivages du déterminisme et explorons plutôt la nature des espaces où il a pu déployer sa créativité, se sentir digne, avec la visée de renforcer sa confiance en lui et de faire des choix en responsabilité.
Et nous voyons ensemble comment se reconnecter à quelques unes de ces conditions essentielles, dans son activité actuelle, ou dans un projet de transformation professionnelle, où le coaché pourra jouer la partition qui l’épanouit.
Parfois, cela lui demande d'explorer ses freins, d'emprunter un chemin d’acceptation de sa part de responsabilité dans l’inconfort qu’il projetait sur des éléments exogènes (manager, nature des tâches…), ou encore de traverser une étape un peu inconfortable, où se délester de quelques croyances ou poids jamais considérés jusque là. Ce n'est pas à ce stade que de grandes décisions peuvent être prises.
Et puis il y a des moments lumineux, comme ceux où le coaché, dans de nombreux cas, découvre que c’est en lui-même, dans l’acceptation de ses vulnérabilités, dans un lâcher prise, que réside la réponse, plus que dans un changement de poste, de statut, d’entreprise, qui ne résoudrait pas nécessairement le problème. C’est lorsqu’il commence à s’accorder des permissions qu’il contacte alors sa puissance (par exemple : « Je vais m’autoriser à ne pas avoir réponse à tout, tout le temps. », « Je vais m’autoriser à ralentir sans culpabiliser. »). Ou lorsqu’il renonce à la croyance qu’il n’existe qu’une place, figée (souvent fantasmée et objet d’une quête vaine), qui lui correspondrait, et cherche plutôt en lui des ressources pour se sentir le plus souvent possible aligné.
Parfois, le coaché n’a encore jamais eu le sentiment de se trouver, dans son métier, à sa juste place, et il cherche à en tracer les contours car le désalignement est inconfortable. Relater une expérience personnelle marquante (un grand voyage, une contribution dans une association, un rôle d’aidant…) qui a été porteuse de sens pour lui, peut être la première marche pour prendre conscience de sa mission. C’est dans l’espace sécurisant, confidentiel, encourageant, du coaching qu’avec le temps, le coaché pourra alors faire s’incarner ses aspirations dans des actes concrets.
#identité professionnelle #coaching #sens
*Etre à sa place, Ed. de l’Observatoire, 2022
Accompagnement et formation en Softskills, j'aime aussi transmettre par l'écriture.
2 ansMerci pour cet article bien riche et bravo à toi! La recherche de sens est aussi très importante en #bilandecompetences, que nous constatons chez atlans .
Responsable Programmes Executive Education
2 ansMerci Hélène Willerval - en phase : il faut apprendre à se déplacer soi même au fil des rencontres et des situations, regarder les injonctions paradoxales des organisations et toujours se poser la question de la priorisation des situations. ‘Les choses ne changent pas, changes ta façon de les voir cela suffit’ Lao Tseu - au-delà je te souhaite un plein épanouissement dans cet ancrage naturel de coaching qui te va si bien 👍