Tu coderas ma fille ! Favoriser l’apprentissage du code chez les jeunes générations ?
Pourquoi le numérique est-il un enjeu essentiel pour l’éducation ? Quels sont les bénéfices, les initiatives et les freins constatés ? Comment favoriser l’apprentissage du code chez les jeunes générations ?
A l’occasion d’une conférence du SpinTank et de Renaissance Numérique (podcast disponible ici ) François-Xavier et Cécile Hussherr, auteurs de Construire le modèle éducatif du XXIe siècle, Les promesses de la digitalisation partagent leur réflexion sur les enjeux de la transmission des savoirs à l’heure du numérique... en évitant le piège d’un engouement technophile béat.
Pourquoi le numérique est-il un enjeu majeur de l'éducation ?
Voici quelques questions qui ont motivés les auteurs à engager une réelle réflexion sur le sujet :
- Un jeune passe en moyenne 1000 heures par an devant les écrans numériques versus 867h en cours. Le digital est un usage quotidien et modèle déjà, de fait, les modes d’apprentissage des jeunes: comment s’en emparer dans l’éducation ?
- Coder ou a minima comprendre la logique de la programmation sera une compétence professionnelle de plus en plus requise. Comment préparer la jeune génération ?
- En France, l’école est de plus en plus inégalitaire, en contradiction avec les valeurs républicaines. Comment concilier massification de l’enseignement, inclusion et qualité de l’enseignement ?
- 10 % des élèves sont touchés par des troubles dys dont 7% de dyslexique, soit 1M d’élèves entre le CP et la terminale, potentiellement en difficulté. Les outils numériques peuvent-ils aider ?
La richesse des propos échangés ne pourrait être partagée ici, mais nous souhaitions nous focaliser sur l’un des enjeux discutés : Des compétences en programmation – ou du moins une connaissance minimale - seront de plus en plus demandées dans le monde professionnel? L’école, et plus largement les acteurs associatifs & politiques peuvent-ils développer ces compétences ? Comment ?
Une discrimination croissante va naître entre ceux qui sauront simplement utiliser un ordinateur et ceux qui pourront agir (coder, transformer, créer, s’approprier). Cette fracture numérique risque d’être tout aussi explosive que la fracture territoriale vécue actuellement... et tout aussi peu anticipée
Préconisation des auteurs
Proposer à partir de la 5e une option d’apprentissage du code, au même titre qu’art, latin, grec ou une seconde langue. On ne peut qu’approuver cette proposition d’autant que la réforme du bac 2021 va proposer en première et terminale des majeures en informatique et sciences de l’ingénieur. Il nous semble donc nécessaire que les élèves se forgent une culture minimale en informatique dès le collège mais aussi valident leurs appétences pour ce type d’enseignement avant de s’engager.
Tu coderas ma fille ! Oui mais pas si facile
Il se trouve que suis maman d’une geekette de 15 ans, qui s’est découvert une passion pour la robotique et la programmation depuis l’âge de 12 ans. Son déclic ? Elle a eu l’opportunité de découvrir ce qu’était un Fablab lors d’un hackathon, Museomix en l’occurrence, où je l’ai traînée faute d’autre solution de garde. Aurait-elle découvert cet univers tech si son milieu familial ne l'avait pas favorisé ?
Des lieux d’initiation au code encore rares
Pour répondre à cette passion naissante, super maman se met donc en quête d’un lieu proposant des activités tech à l’année (pas de one shot) accessible pour collégiens ( fab lab, cours de code...). Pas si facile ! Pour être honnête, certaines initiatives d’enseignants, d’associations, de lieux culturels s’attachent à offrir cette opportunité aux jeunes … mais ils sont loin d’être nombreux et restent souvent inaccessibles pour des raisons d’éloignement géographique… ou de coûts financiers. Voici quelques initiatives remarquables :
- le Fab lab Le Lorem : l’un des seuls fablab accueillant des mineurs pour des activités à l’année.
- Le Cube : l’un des précurseurs sur l’éducation au numérique (lecube.com/)
- Tumo, l’école du numérique, récemment ouverte au forum des images qui a le gros avantage d’être gratuite et ouverte à tous les jeunes de 12 à 18 ans :
En connaissez-vous d’autres ?
Et des freins psychologiques encore très ancrés… notamment chez les filles
Hormis le coût et l’existence de tels lieux, un frein beaucoup plus prégnant m’est apparu: aimer le code en tant qu’ado fille n’est pas toujours facile à assumer. Nous pourrions croire que cette génération, baignée dans le bain numérique, était loin des stéréotypes gendrés : "l’informatique c’est pour les garçons". Tel n’est malheureusement pas le cas. Aujourd’hui encore, on retrouve seulement 15 à 25 % de filles dans les écoles d’ingénieur, voir moins de 10 % dans les écoles d’informatique.
« T’aime coder ? t'es un garçon manqué...une geek associable ? »… Je ne caricature pas, voici le type de réflexions émises par certains des camarades de ma fille, tristement révélateur de préjugés solidement ancrés. Lors des activités tech qu’elle a suivies, elle s’est quasi systématiquement retrouvée la seule fille : parfois délicat à assumer lorsque l’on entre tout juste dans l’adolescence.
Certaines écoles et associations s’attellent à encourager les jeunes filles (voir l’Epita et Women in AI), notamment via des stages « Girls can Code ». Mais ces initiatives sont encore trop rares et épisodiques…. alors qu’elles sont très largement répandues aux Etats-Unis et en Angleterre.
Une piste à explorer : favoriser et généraliser la création de clubs informatique dans les établissements scolaires.
Il nous semble que développer des clubs d’informatique et les généraliser au sein des écoles, collèges et lycées, sur le temps extra-scolaire, serait une première étape… peut-être plus facile que d’intégrer l’informatique au sein des programmes scolaires. Des clubs cinéma, foot ou théâtre existent, pourquoi pas des clubs informatiques ? Via les associations d'écoles d’ingénieurs, BTS, fac, IUT... des étudiants pourraient être sollicités pour les animer. Les bénéfices en seraient multiples. Certes apprendre à coder ou à fabriquer (dans une démarche fab lab) mais aussi :
- Initier de façon informelle un échange entre élèves et étudiants ingénieurs ce qui permettrait aux élèves de mieux connaître les cursus tech du supérieur. Nous connaissons tous le rôle majeur des modèles et des rencontres dans notre orientation scolaire et professionnelle.
- Révéler et valoriser des compétences qui ne s’expriment pas nécessairement en contexte strictement scolaire
- Favoriser des vocations, particulièrement chez les filles ou les profils socio-culturels, plus éloignés de la sphère Tech qui s’interdisent souvent ce type d’orientation. Or la France manque cruellement d’ingénieurs et de codeurs.
Qu’en pensez-vous ? Cela vous parait-il réalisable ? Connaissez-vous ce type d’initiatives ? Quelles solutions préconiseriez-vous ?
Museographe I Dév. des publics I médiation Culture & Patrimoine I inovation digitale I Démarches agiles et participatives, design de service
5 ansPour enrichir mes propos vous pouvez également lire cet article de @hellowordlab https://helloworldlab.fr/education/filles-stem-education/ et les actions menées par Elisabeth Touzet-Planchon
Développeur solutions IA,VR, AR sous Unity 3D 🤖 | Spécialisation IA avatar conversationnelle | Consultant en Nouvelles Technologies🚀 | Evénementiel | +100 projets accompagnés✨
5 ansTrès bon article effectivement . Le code, le design, les nouvelles technologies parfois vraiment trop oubliés dans l'éducation.