Un mois sur les marchés...
« Le saut quantique réalisé par l’IA va affecter nos vies dans les années qui viennent »
C’est la politique monétaire qui est revenue au centre de l’attention des marchés au mois de septembre, après un mois d’août dont l’humeur avait été déjà bien affectée par les banques centrales. La première moitié de l’année s’était déroulée sous des auspices bien différents, avec un développement vertueux des marchés sous le rythme des hausses de profitabilité des entreprises. Alors il y a bien eu le « buzz » autour de l’IA générative, pas du tout immérité tant nous pensons que le saut quantique réalisé par l’IA va affecter nos vies dans les années qui viennent, et probablement rebattre un certain nombre de cartes économiques.
« Les entreprises dont les profits étaient en hausse ont vu leur cours monter et celles dont les profits se sont révélés à risque ont baissé »
La lumière captée par cette innovation majeure a conduit de nombreux intervenants de marché à conclure que 7 sociétés d’acteurs de l’IA (Nvidia, Microsoft, Alphabet, Amazon, Apple, Tesla et Meta) avaient capté l’essentiel de la performance affichée par les marchés américains, et que le reste « n’avait rien fait ». Sans minorer les performances exceptionnelles de ces sociétés, cette présentation d’une performance ultra-concentrée nous est toujours apparue biaisée : en réalité, dans le S&P 500, il y a environ 120 sociétés qui ont affiché une performance supérieure à 20%, et elles appartiennent à tous les secteurs (croisiéristes, constructeurs de maisons, chaînes de restauration…) et pas uniquement de la tech. Il y a donc, dans la performance du S&P 500 du premier semestre, des entreprises dont le cours est monté et d'autres dont le cours a baissé. Une tautologie lorsque l’on parle de marché certes. Mais qui dépeint une réalité différente de ce que l’on a vécu en 2022 : les entreprises dont les profits étaient en hausse ont vu leur cours monter et celles dont les profits se sont révélés à risque ont baissé. C’est le primat des fondamentaux, de la microéconomie.
« Les profits des entreprises, résilients, ont contredit le narratif récessif »
C’est ainsi que les marchés devraient fonctionner, pensez-vous (tout comme nous). Certes, mais ça n’a pas été le cas en 2022, et un certain nombre d’années qui ont précédé. La psychologie collective et les politiques monétaires ont été les principaux moteurs des marchés financiers. La réduction des bilans des principales banques centrales, et les hausses de taux ont asséché les liquidités et conduit les acteurs de marchés à craindre une récession. Mais les profits des entreprises, « résilients » (le terme est à la mode), ont contredit le narratif récessif.
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« Un moment de fragilité psychologique des marchés »
Et bien depuis le mois d’août, il semble que cette parenthèse enchantée se soit refermée : devant la vigueur inattendue de l’économie, et un reflux de l’inflation jugé insuffisant, les banques centrales se sont montrées plus agressives, que ce soit en signalant des hausses de taux possible d’ici à la fin de l’année (la FED), ou en douchant les espoirs de baisses de taux prochains. Si l’on ajoute la hausse du prix du pétrole, pilotée par les restrictions imposées par l’Arabie Saoudite et la Russie, le risque de shutdown de l’administration américaine (repoussé de 45 jours), le n-ième, mais qui arrive à un moment de fragilité psychologique des marchés, la grève dans les usines automobiles américaines, l’économie chinoise neurasthénique, et les craintes de financement des états européens surendettés, c’est certain que la soupe n’est pas très joyeuse.
Il existe un paquet de risques qui affligent l’économie mondiale et on peut toujours jouer à se faire peur en en faisant la liste. Mais la macroéconomie est une discipline très utile pour expliquer le passé, mais rarement opératoire pour prendre des décisions quant à l’avenir : on ne sait jamais d’avance laquelle des forces contraires va finir par prévaloir. Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions d’investissement, il faut suivre des règles simples : trouver des industries relativement immunisées des cycles économiques, des entreprises affichant leur capacité d’accroître leur rentabilité, et des bilans sans ou avec très peu de dettes. Pour nous, c’est le Cloud qui offre, de la manière la plus éclatante, ces caractéristiques.
Les nuages macroéconomiques finiront par se dissiper. Il faudra juste être patient.
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