💠 Une Fintech peut-elle rester indépendante ?
Le 10 Avril 2018, à Station F, France Fintech rassemblera les principaux acteurs de la Fintech : régulateurs, entrepreneurs, investisseurs. C’est l’occasion unique d’écouter et d’échanger avec celles et ceux qui seront partie prenante de la révolution qui touche l’industrie financière depuis 5 ans.
Entre consolidation, hypercroissance et rachats, la Fintech est toujours en pleine ébullition.
2015 une année de création record, marquée par la vague du crowdfunding, les fintechs se lancent à la conquête des consommateurs. Elles proposent des modèles alternatifs et performants en s’attaquant à des pans très spécifiques de l’industrie des services financiers. “All evolution begins with a difference” comme l’évoquait le titre de la première édition de Fintech R:Evolution.
2016, le rythme de création se stabilise ; les fintechs françaises entrent dans la phase de maturité, elles sont là pour durer et s’installent dans le paysage économique. “Here to stay” était alors la bannière de la seconde édition de l’événement annuel de France Fintech.
2017, l’année des consolidations. Les fintechs diversifient leurs offres, étoffent leurs business model, se développent à l'international ... Une baisse relative des levées de fonds est enregistrée au 1er semestre, avec un relai pris par la traction. Le second semestre est en revanche assez spectaculaire puisque le secteur lead le palmarès des levées françaises avec de belles opérations réalisées par Linxo ou Younited Credit par exemple mais aussi plusieurs rachats importants (Compte Nickel, KissKissBankBank, Pumpkin…).
2018, l’accélération de la vague fintech, plus horizontale. Désormais, au delà des usages, les fintechs proposent des modèles complets de plateformes de services, avec une composante technologique importante (AI, IOT, Blockchain), une maîtrise, une analyse et une utilisation performante de la data, le carburant de notre économie numérique [ndlr - comme l’évoque Alain Clot dans sa tribune]. Nous assistons à la Data Liberation! qui re-dessine le marché (éclosions des insurtech, regtech, legaltech et naissance de modèles hybrides) et sera le thème de la prochaine édition de Fintech R:Evolution.
Le secteur se réorganise ; les évolutions prennent différentes formes : de l’incubation au rachat et M & A, mais l’indépendance reste-t-elle une voie souhaitée par et pour les fintechs françaises ?
Retour en vidéo sur l’évolution et l’organisation du panorama de la fintech en France :
Vidéo réalisée en partenariat avec Techfoliance
Une distorsion toujours importante entre attente des consommateurs et l’offre financière actuelle
Les services financiers ont pendant longtemps sous-estimé les vagues du collaboratif et du digital qui ont émergé dans les années 2000. Si Airbnb, Uber et compères ont révolutionné les secteurs de l'hôtellerie et du transport en mettant au centre de leurs préoccupations le consommateur et ses attentes, la finance a mis plus du temps à connaître cette révolution. Les facteurs clés de succès des services financiers ont évolué.
Désormais le service en lui même ne suffit plus, tout comme une nuitée n’est plus suffisante chez Accor ou un trajet chez G7, il faut désormais mettre l’expérience au coeur du service, la berline noir, le paiement mobile, la bouteille d’eau et les bonbons pour les passagers sont sans doute les vrais éléments ringardisant les services de taxi.
La même révolution a touché plus tardivement les services financiers. Si les grandes institutions bancaires ont longtemps eu le monopole de l’émission des moyens de paiement et de la gestion des comptes au quotidien, ou de l’émission de crédit, qu’en est-il en 2018 au jour où tous ces services sont devenus des commodités ?
A l’heure où le consommateur est connecté en permanence et où l’instantanéité prime, il faut encore se rendre dans son agence bancaire pour gérer toute demande qui sort du scope de “je paye avec ma carte ou fait un virement inférieur à 3 000€” (c’est du vécu).
Une intégration de la chaîne de valeur
Comme évoqué en préambule, jusqu’à présent, la première vague fintech était centrée sur une offre simple axée sur un point précis de la chaîne de valeur des services financiers. Qu’il s’agisse de paiement en ligne, de cagnotte, d’accès au financement ou à l’investissement ou même de robot-advisor.
Certaines fintechs obtiennent une traction importante mais atteignent rapidement un plafond de verre dans leur croissance avec une difficulté à passer à l’échelle supérieure.
Prenons l’exemple de Z, une néo-banque dédiée au paiement entre amis via mobile sans frais. Si le service a disposé très rapidement d’une importante communauté, comment répondre aux évolutions des besoins bancaires des utilisateurs ? Comment monétiser une communauté jeune et nomade dont Z a été pour certains le premier lien avec l’industrie financière au-delà des livrets A ?
Si certains secteurs fintech prennent du temps à passer le cap de rentabilité ou de monétisation, notamment en BtoC, dans l’épargne ou pour les applications PFM, la recherche et notamment AI et blockchain devraient permettre un fort développement du niveau d’offre proposé et une accélération du ROI et donc de passer à l’échelle de scale-up. Pour accompagner les consommateurs et réellement croître aujourd’hui grâce à une intégration complète de la chaîne de valeur, deux autres pistes :
Être absorbé pour devenir une feature efficace au sein d’un pool de services financiers existant permettant de répondre aux différents besoins des jeunes actifs : accès au moyen de paiement, compte en ligne, accès au crédit immobilier etc.
Se diversifier en intégrant nouveaux services et remonter la chaîne de valeur comme le font avec raison et succès, Bankin, Linxo, Qonto en intégrant les services de fintechs françaises à leur plateforme ou développer son offre à l'international, une stratégie méthodiquement exécutée par des acteurs comme Lendix ou Lydia.
Une vague de rachat qui permet aux acteurs traditionnels de rattraper leur retard et d’adapter leur offre
“Être absorbé”, est-ce à dire que la révolution fintech s'essouffle ? « Il y a des signes qui montrent que la transformation du secteur financier promise par ces acteurs est bloquée : les avancées technologiques déployées sont réelles, mais bon nombre de fintech ont du mal à passer à l'échelle supérieure », estime Accenture dans un rapport au titre évocateur et non moins sinistre (compte tenu des chiffres et annonces encourageantes pour le secteur) : « Fintech : la révolution a-t-elle avorté ? »
De nombreuses entreprises fleuron de l’industrie fintech on fait le choix de se rapprocher d’institutions financières pour écrire la nouvelle étape de leur croissance. BNP Paribas pour le Compte Nickel, La poste pour le groupe KissKissBankBank, Natixis pour Payplug et Dalenys.
Si les valorisations importantes peuvent justifier à elles-seules la volonté des actionnaires et fondateurs de céder leur entreprise, une question de fond se pose : une fintech peut-elle vivre à long terme loin des institutions financières ?
Se diversifier, et travailler ensemble
Qu’il s’agisse d’investir plus facilement, d’accéder au financement, de payer via mobile entre amis ou de gérer son patrimoine, les fintechs construisent aujourd’hui des actifs solides avec des offres qui viennent dépoussiérer les services existants. Elles résolvent les pain points un à un à travers une expérience client souvent efficace, une approche digitalisée rendant l’usage simple et agréable et construisent des marques différenciantes, moins impérieuses et plus user friendly.
Le consommateur, dans sa recherche permanente de singularité, de sur-mesure et d’efficacité, aura-t-il à terme autant de partenaires ou fournisseurs qu’il a de problématiques financières à gérer ?
Il est fort probable que l’on puisse bientôt se passer de banque “traditionnelle”. Le consommateur de 2020 disposera d’un compte Anytime pour ses achats du quotidien, sécurisera son portefeuille crypto avec Ledger, utilisera Fluo pour administrer ses couvertures d’assurances, fera appel à Younited Credit pour son prêt à la consommation, investira sur Anaxago en capital et prêtera sur Lendix, il sera conseillé par WeSave, épargnera avec Bruno et gérera le tout depuis son interface Bankin ou Linxo ! L’entrepreneur.e en fera tout autant avec Shine, Lydia, Linxo, FinAvenue, SmartAngels, Kantox ou PayLead ! Les banques et assurances, se concentreront alors sur la vie réelle de leur clients et bénéficieront des services et API de Neuroprofiler, Budget Insight, Utocat, FundShop ou encore Lingua Custodia.
Ensemble et intégrées les fintechs représentent une véritable alternative capable de répondre aux réels besoins et usages de notre siècle de mobilité, d’efficacité et de transparence.
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Cet article fait partie d'une série de billets publiés dans le cadre de l'évènement annuel organisé par France Fintech : Fintech R:Evolution 2018, qui aura lieu le 10 Avril à Station F à Paris, sur le thème “Data Liberation”. A partager, commenter et liker sur LinkedIn avec le hashtag #FFT18
Directeur Assurance des Particuliers, des Professionnels et de l'Agricole
6 ansQuestionnement intéressant mais quel est la part d'entre nous qui utilisera ou a besoin de tous ses services.
Intéressant ! La plupart ne sont elles pas déjà ...ou depuis le debut...entre les mains des "banques historiques"?
Etudiant ATCo13009. LFML sur vatfrance.
6 ansBisous signé SpeedAirMan-ATCo-PPL-Théo
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6 ansRDV demain : 🎟 http://bit.ly/FFT18