Une quantité négligeable ?
Voici une lettre d'opinion que j'ai envoyée dans les journaux.
Monsieur Jean Truchon a obtenu sa véritable dernière et ultime volonté, c’est-à-dire l’aide médicale à mourir. Soit ! Mais quelles conclusions faut-il en tirer ? L’accès à cette aide semble plus facile à obtenir que certains services essentiels pour le maintien de l’autonomie, voire la sécurité et la vie de plusieurs personnes en situation de handicap. C'est une partie de la population que l’on stationne dans le terme valise « population vulnérable » comme on en stationne un certain nombre de celle-ci dans des CHSLD, véritables mouroirs en cette époque. Mais cette partie de la population pourrait s’avérer moins vulnérable que l’on pense si elle finit par perdre patience.
Devrons-nous recourir à la désobéissance civile pour être véritablement entendus et écoutés ? De toute manière, mourir avec assistance ou à cause de la Covid-19 semble revenir au même pour les autorités gouvernementales et médicales. Certes, elles ajoutent du personnel dans les CHLSD afin d’offrir des services sécuritaires et elles ont cloîtré ces centres pour le bien de la « population vulnérable ». Toutefois, les personnes en situation de handicap qui ont la « chance » d’avoir une habitation normalisée et de mener une vie active (tenter de le faire du moins) doivent galérer pour avoir leurs services essentiels. De plus, le gouvernement souhaite créer des centres spéciaux (utilisation péjorative du terme) pour les jeunes adultes en situation de handicap au lieu de créer des appartements adaptés avec des services 24/7 pour les personnes qui veulent étudier, travailler, aimer, avoir une famille, etc. Cependant, mon épouse m’a rappelé une citation féministe de Simone de Beauvoir qui pourrait aussi s’appliquer aux minorités : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes [et d’autres groupes] soient remis en question. »
Patrick Desjardins
Doctorant