Une raison d’être pour un capitalisme porteur de sens

Une raison d’être pour un capitalisme porteur de sens


La croissance économique est faible, et de nouveaux risques émergent, liés à la stabilité financière et aux incertitudes sur les effets à long terme des politiques monétaires des banques centrales.

La mondialisation et les évolutions technologiques ont entrainé une polarisation des revenus et des patrimoines au sein des pays, d’où un sentiment de décrochage d‘une partie des populations, une perte de sens avec la tentation du repli sur soi, du protectionnisme et du populisme, eux-mêmes générateurs de risques politiques et économiques (guerre commerciale, Brexit, velléités d’indépendance en Catalogne, etc.).

Les équilibres du monde sont remis en cause, avec l’émergence de la croissance chinoise au détriment des Etats-Unis, et une Europe qui se cherche, entre simple espace de libre échange et affirmation d’une puissance économique et politique.

Dans ce contexte, les entreprises peuvent contribuer à la quête de sens des individus et de la société, et doivent s’inscrire dans une vision de long terme au-delà des seules contingences de profit, qui ne saurait être une fin en soi, même s’il est et demeurera une condition de la pérennité de l’activité. Ainsi, la question du « pourquoi » et la quête de sens obligent les entreprises à définir ou clarifier leur raison d’être. Au-delà de la mise à disposition d’un produit ou d’un service, au-delà d’un objectif de rentabilité financière, comment se rendent-elles utiles à la société ? Comment réduisent-elles les externalités négatives qu’elles sont susceptibles de provoquer ?

Quand 34 grandes entreprises des pays riches s’associent dans le « @Business for inclusive growth » (B4IG) pour travailler sur des modèles de croissance plus inclusifs, le font elles toutes du fait d’un engagement sincère et authentique, ou par volonté d’affichage de belles valeurs? La société attend d’elles qu’elles engagent des actions concrètes, allant dans le sens des valeurs qu’elles revendiquent pour être vraiment prises au sérieux par des consommateurs exigeant la transparence et de plus en plus sensibles à la réputation des marques qu’ils consomment… Elles doivent prouver la sincérité de leurs engagements et se rendre utiles, pour la société, pour l’environnement et pour l’économie. Mais comment ?

Certaines organisations ont une utilité apparente qui réside dans la nature même du produit ou du service qu’elles fournissent. C’est le cas par exemple de la start-up TooGoodToGo qui veut lutter contre le gaspillage alimentaire en permettant aux commerçants d’écouler leurs invendus à moindre prix. L’entreprise Great Place To Work quant à elle, aide les organisations à mettre en place des politiques de bien-être au travail pour qu’elles deviennent des « endroits où il fait bon travailler ». On pourrait également mentionner Vinted ou Momox qui contribuent à l’économie de la seconde main en matière respectivement de vêtements et de livres.

Pour d’autres, les produits en eux-mêmes ne servent pas nécessairement des objectifs de durabilité mais leur processus de fabrication, lui, respecte des critères équitables ou environnementaux. L’exemple emblématique historique est le label Max Havelaar. Certaines entreprises font ainsi particulièrement attention au bien-être des salariés et des fournisseurs, à la qualité de leurs matières premières, à l’impact écologique de leur système de production ou à la composition de leurs produits et packagings. L’aspect responsable de ces entreprises réside alors dans la manière qu’elles ont de faire leur métier plutôt que dans la nature même de leur activité. L’utilité de l’entreprise est peut-être moins apparente, mais néanmoins profonde.

Enfin, l’entreprise peut prendre des engagements au-delà de son activité à proprement parler, pour marquer son attachement à son territoire ou à des valeurs qui lui sont chères. On pense alors à des actions de mécénat, à des dons pour des associations ou à la création de programmes dédiés à une cause. C’est le cas par exemple du groupe hôtelier AccorHotels qui a créé le programme Riise, révélant ainsi son engagement en faveur de la diversité et de l’inclusion, ou du @Crédit Agricole, à différents niveaux : fondation Crédit Agricole Pays de France, fondations ou fonds de dotation régionaux (Crédit Agricole Ile de France Mécénat par exemple), ou encore actions en proximité des Caisses Locales de Crédit Agricole.

Qu’importe, finalement, la façon de s’engager, ce qui importe vraiment c’est que chaque entreprise porte dans son essence même le service de l’intérêt général. Le groupe Crédit Agricole a ainsi redéfini cette année sa raison d’être : « Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société », affichant clairement un engagement profond cohérent et consubstantiel à son identité mutualiste. L’activité principale d’une banque, c’est d’accompagner les clients dans leur vie quotidienne et de les aider à préparer l’avenir. Le Crédit Agricole est alors utile pour ses clients car il est présent à chaque étape clé de leur vie : l’achat d’un bien immobilier, le financement d’une voiture, l’octroi d’un prêt étudiant, etc… Mais son engagement va plus loin que son métier de financier et correspond à d’autres niveaux d’utilité. Ainsi, grâce à son dispositif d'incubateurs @Le Village by CA, présent dans de nombreuses villes de France, il accompagne l’innovation tout en démontrant sa capacité à soutenir les entreprises et donc le développement économique du territoire.

Finalement, quelle que soit la taille de l’organisation, son secteur d’activité ou sa mission, chaque entreprise peut et doit faire sa part. Mieux encore, en donnant l’exemple et en inspirant leurs équipes et leurs clients, les organisations de toute taille peuvent engendrer de réelles prises de conscience stimulant l’action individuelle. Les entreprises sont donc sans nul doute un des engrenages qui mettra en mouvement le changement vers un capitalisme vertueux et porteur de sens.

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