Une transition mal en point

La France revendique souvent le statut de bon élève de la lutte contre le dérèglement climatique. Les émissions françaises de gaz à effet de serre sont en baisse, malgré quelques soubresauts épisodiques : moins 15% depuis 1990. Attention aux apparences : il ne s'agit que des émissions sur le sol français. Regardons le volet "consommation", ce que les français utilisent dans leur vie, et les gaz à effet de serre qui en sont les conséquences. Intégrons ainsi les émissions nécessaires à la fabrication des biens que nous importons, et déduisons les émissions correspondantes pour nos exportations. Le résultat est bien différent, selon le Haut Conseil pour le Climat. PLUS 20% de 1995 à 2015. Pas de quoi être fier. La désindustrialisation explique le phénomène, car nous utilisons de plus en plus d'objets manufacturés importés. Les émissions ont lieu ailleurs, en Chine ou en Corée du Sud par exemple, mais elles sont provoquées par notre consommation. Les émissions due aux importations sont estimées à 60% des émissions "nationales", provenant de notre territoire. Nous ne sommes pas sur la voie de la transition... Ajoutons à cela que les grandes banques françaises, qui financent l'économie, ont du mal à faire leur mutation. Selon plusieurs ONG, elles accordent encore trois fois plus de crédit aux énergies fossiles qu'aux renouvelables, et la tendance semble persistante. L'inertie des institutions, la fidélité aux vieux clients, et peut-être les divers obstacles aux énergies renouvelables dans notre pays - voir par exemple les courses d'obstacles pour les éoliennes, notamment off shore - expliquent cet écart, mais nous ne pouvons pas nous en contenter, bien sûr. Le nécessaire changement de modèle piétine, alors que le réchauffement climatique accélère. Une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, que la stratégie dominante pour la transition ne fonctionne pas. Celle-ci s'appuie sur la contrainte, "nous n'avons pas le choix", ce qui présente le développement durable comme un devoir moral, une obligation, voire une pénitence imposée par nos fautes passées. Les grands acteurs, publics et privés, Etats et entreprises, n'y vont qu'à reculons, sans abandonner leurs anciennes pratiques, comme on le voit avec les banques. La transition ne progressera que si les acteurs en ont envie, si elle leur offre des perspectives d'avenir, si elle les séduit. Le développement durable, c'est du bonheur !

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