Utilité des arbres
Alphonse Du Breuil (1811- 1890) a été chargé de cours d’horticulture au conservatoire impérial des Arts et Métiers en 1853, jusque dans les années 1870.
J’ai retrouvé son livre « cours élémentaire d’arboriculture », lequel avait été approuvé par l’Université et couronné par les sociétés d’horticulture de Paris, Rouen et Versailles, et vous fais part d’un extrait de son avant-propos, concernant les arbres.
…. L’existence des arbres est presque aussi indispensable à la vie de l’homme que celle des plantes herbacées, des céréales. Que deviendraient, en effet, les constructions de toute espèce, les arts mécaniques, sans la présence du bois ? Par quoi remplacer ce combustible précieux dans les contrées privées de charbon de terre ? Les arbres ne sont pas moins utiles par les fruits qu’ils fournissent si abondamment, et qui concourent à l’alimentation, soit directement, soit en servant à la fabrication du cidre, du vin, boissons habituelles d’une grande partie des populations. Ils influent sur la température en la rendant plus égale. Ainsi, dans les localités très boisées, les chaleurs de l’été sont moins brulantes, à cause de la fraîcheur que les arbres y entretiennent par leur ombrage ; et les froids sont moins vifs en hiver en raison de l’abri qu’ils procurent au sol. On sait également que ces mêmes localités sont moins exposées à la sécheresse que celles dépourvues de ces grands massifs d’arbres. L’observation prouve, en effet, que les arbres rassemblés en très grand nombre attirent les nuages et déterminent la chute des eaux pluviales, et que leurs feuilles, frappées par les rayons solaires, répandent dans l’atmosphère des vapeurs aqueuses qui, pendant la nuit, donnent lieu à des rosées abondantes. La présence des arbres n’est pas moins utile au sommet et sur le penchant des montagnes pour arrêter la rapidité des eaux torrentielles qui se précipitent de ces points élevés dans les vallées, entrainent tout sur leur passage et déterminent les inondations. Enfin, rappelons encore que les arbres agissent puissamment sur la santé de l’homme et des animaux en purifiant l’air atmosphérique et en le rendant ainsi plus propre à la respiration ; les feuilles ont la propriété d’enlever à l’atmosphère la trop grande quantité de gaz acide carbonique formé dans les grands centres de population par la respiration des animaux et autres causes diverses. Ainsi est-ce avec raison que l’on conseille de multiplier les plantations dans le voisinage des grandes villes et des habitations. Concluons donc de ce qui précède, que les arbres sont appelés à satisfaire à des besoins tout aussi indispensables, que leur rôle est tout aussi important dans l’existence de l’homme que celui des autres plantes.
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