V 5ème Pilier : SORTIR DE LA ZONE EURO
Chaque État-nation, représenté par un gouvernement, doit posséder sa propre monnaie. Il existe, en effet, des différences de productivité, d’industrialisation et/ou de spécialisation économique entre les nations, qui s’expliquent par le destin historique de chacune d’elles.
Il s’ensuit que les monnaies nationales doivent s’inscrire dans un système international de changes flottants et que la variation relative des monnaies doit permettre de réguler les différences de compétitivité entre les pays. Pour rappel, dans un système de taux de change fixe, les monnaies ont une valeur officielle, dont la banque centrale du pays est garante : elle est obligée de vendre ou d'acheter sa monnaie pour maintenir sa parité. Dans le cas où la parité n'est plus tenable, il faut dévaluer ou réévaluer la devise. Dans un système de taux de change flottant, le cours de la devise varie en fonction de l'offre et de la demande sur le marché des changes. Dans un tel système, on parle de « dépréciation » lorsque la parité baisse et « d'appréciation » dans le cas contraire.
Ainsi, un pays dont la main-d’œuvre est très productive aura une monnaie forte. De même, un pays mal réformé, qui fait beaucoup d’erreurs de politique économique, sera maintenu sous oxygène par la dépréciation de la monnaie. Plus encore, un pays qui connaît un modèle de développement économique basé sur les exportations verra sa monnaie augmenter, ce qui limitera son expansion par ce seul moyen.
En effet, la croissance par la hausse des exportations n’est pas une réelle solution. Lorsque les économies nationales ne se développent plus, toute hausse des exportations se fait au détriment des autres pays, et chaque économie se livre à une compétition pour exporter son chômage.
Ainsi, la valeur de la monnaie est un prix comme un autre, qui doit varier en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes. En d’autres termes, il faut laisser les acteurs privés faire leur travail, car seul le marché peut permettre de trouver la bonne parité, cette dernière évoluant constamment au cours du temps. Cette formule de François Hollande est donc à reléguer au rang d’absurdité : « Le dollar et l’euro sont désormais à la bonne parité. »
Il n’existe, en fait, pas de juste prix de la monnaie : le bon prix est le prix de marché. Il n’existe que des monnaies relativement fortes et relativement faibles, jamais de monnaies fortes ou faibles dans l’absolu. Une bonne monnaie est une monnaie qui est en phase avec les capacités productives du pays.
Il s’ensuit que le gouvernement n’a rien à faire en matière de politique monétaire. La politique de taux de change, par laquelle des gouvernements essaient de doper les exportations nationales en dépréciant le cours de leur monnaie, doit être proscrite. La monnaie joue un rôle autorégulateur sur les échanges internationaux, et l’intervention des gouvernements pour orienter artificiellement le cours de la monnaie est la source des déséquilibres économiques mondiaux.
Néanmoins, que faire si un pays – voire une multitude de pays – décide de ne pas jouer le jeu, en dépréciant artificiellement le cours de sa monnaie via la création monétaire ? Outre la flat tax aux frontières que nous expliquerons dans notre 6ème article détaillant notre programme économique, qui implique un certain frein à la mondialisation des échanges, il existe un mécanisme autorégulateur : le marché du capital. En effet, la création monétaire, dans un pays, aura tendance à faire fuir les capitaux du pays en question vers les zones de crédibilité monétaire.
Si on laisse les devises s’ajuster via un mécanisme de marché, elles jouent alors un rôle de régulation des échanges internationaux : les États-nations vont connaître des déficits et des excédents commerciaux à tour de rôle. Quand un pays dispose, en effet, d’un avantage de compétitivité très important par rapport à un pays voisin ou au reste du monde, ses exportations flambent. Pour importer les biens de ce pays, le reste du monde doit alors échanger sa monnaie nationale contre la devise du pays en question : le cours de la monnaie du pays très compétitif augmente, et, corrélativement, le cours des autres monnaies déprécie. Plus encore, le pays très compétitif, qui tire sa croissance par les exportations, attire les capitaux étrangers. Les investisseurs étrangers échangent leur monnaie contre la devise du pays très compétitif, ce qui contribue encore davantage à l’appréciation de la monnaie de ce pays. Il en résulte que l’expansion commerciale du pays très compétitif est limitée dans le temps.
Pour justifier l’instauration de la monnaie unique, les décideurs se sont fondés sur la transparence des prix, jusqu’alors rendue plus difficile par les nécessités d’une conversion. Celle-ci devait entraîner une plus grande concurrence entre les entreprises du continent et, in fine, une croissance plus forte. Par ailleurs, la monnaie unique devait permettre d’éviter les distorsions de concurrence, en privant les États-nations de l’arme de la dévaluation compétitive. Enfin, elle devait aussi permettre d’éviter les coûts de transaction liés à la conversion.
Cependant, en 1961, Robert Mundell a élaboré la théorie des zones monétaires optimales. Cette théorie compare les avantages et les inconvénients des unions monétaires. Les avantages concernent la réduction des coûts de transaction pour les agents économiques et une transparence du marché sur les prix. Mais les inconvénients résident évidemment dans la perte du régime de change flexible comme mécanisme d’ajustement avec les autres économies. Dans un système d’intégration monétaire, la compensation ne peut se faire que sur le déplacement des capitaux et des travailleurs.
Ainsi, la plupart des études ont conclu que la zone euro n’était pas une zone monétaire optimale, en particulier parce que la mobilité du travail y est faible. Il n’existe pas non plus de budget fédéral permettant des transferts de revenus aptes à lisser les chocs asymétriques. Or, les cycles économiques entre les États-nations n’évoluent pas de façon homogène, plus encore avec l’élargissement.
En fait, la monnaie unique repose sur le fait scandaleux que des considérations politiques et psychologiques ont prévalu sur les lois économiques fondamentales. Les hommes politiques répètent souvent que l’économie doit être au service de l’homme, et pas l’inverse. Or, si on veut comprendre l’origine inavouée de la création de l’euro, c’est moins aux économistes qu’il faut se référer qu’aux psychologues. L’économiste Charles Gave explique ainsi que l’euro procède de la vanité des élites françaises d’avoir une monnaie aussi forte que celle de l’Allemagne. On peut comparer cette situation à une personne qui achète 1 % de la maison d’un milliardaire, qui habite dans une petite chambre au dixième étage et qui dit à ses amis : « Voilà, c’est chez moi. »
Il ressort de nos analyses que la monnaie unique n’a aucun avenir : elle constitue un échec programmé.
Des économistes soutiennent qu’il est impossible de revenir en arrière, en se fondant principalement sur les arguments suivants : le retour à la monnaie nationale va créer une période de fortes turbulences, et les spéculateurs vont anticiper sur la dépréciation du nouveau franc. De plus, la dépréciation de la nouvelle monnaie, inévitable, va renchérir le coût de nos importations. Or, certaines d’entre elles sont incompressibles et vitales pour l’économie. Enfin, la dépréciation de la monnaie va entraîner une fuite des capitaux. Seul un contrôle dirigiste des capitaux serait compatible avec la sortie de l’euro, mais entraînerait une panique préjudiciable à l’économie.
Toutefois, ces arguments ne sont pas sérieux. À court terme, on peut en effet être sûr que les spéculateurs vont parier sur une dépréciation du nouveau franc par rapport à l’euro et acheter des euros. Ce phénomène va entraîner une dépréciation sévère du nouveau franc. Pas de panique ! Le gouvernement doit surtout s’abstenir de contrôler le phénomène, en empêchant la sortie des capitaux ou, pire encore, en faisant tourner la planche à billets pour soutenir l’investissement. Le contrôle des capitaux entraînerait une défiance des investisseurs, et une politique monétaire expansive pourrait entraîner une hyperinflation, qui conduirait à la paralysie générale de l’économie.
En fait, la fuite des capitaux, toutes choses égales par ailleurs, entraîne une baisse de la valeur de la monnaie, donc une hausse des exportations, donc une croissance plus forte… Par ailleurs, elle entraîne aussi une augmentation naturelle des taux d’intérêt servis par les banques aux épargnants, parce que l’argent devient plus rare, ce qui entraîne, à terme, un retour des capitaux.
VERBE
3 ansIl y a une erreur de frappe : "De plus, la dépréciation de la nouvelle monnaie, inévitable, va renchérir le coût de nos exportations" : je voulais dire de nos importations.