VAUBAN contre le ZAN ?
Certains l’accuserait de défendre son pré carré, la critique est facile, toujours est-il qu’il peut se prévaloir d’avoir anticipé la végétalisation des toitures et autres espaces publics. M. Eugène Viollet-le-Duc avec sa cité de Carcassonne ne joue pas dans la même cour, où il se rapproche plutôt du concept de l’ilot de chaleur.
Cessons-là, ces petits jeux de comparaison, vous l’aurez compris, mon idée était d’évoquer la Citadelle d’Arras où s’est tenu le colloque de la Fédération Nationale des SCoT, à une époque qui parait déjà lointaine au regard de l'actualité brulante du moment.
Quelles leçons étaient à tirer de ces rencontres ? Multiples à mon sens !
----
Tout d’abord, chapeau bas aux organisateurs pour avoir mis de côté l’aspect purement technique, sur les « modes de compter ». Nous sommes tous dans cet exercice complexe, et très spécifique localement, il n’était pas nécessaire d’en reprendre encore une rasade. Il faut bien entendu de la data « en veux en voilà », pour l’expliquer aux acteurs engagés (de gré ou de force), pour ensuite appliquer une nomenclature technique et juridique qui va encore évoluer, mais le processus est lancé et je dirais même engagé par tous les territoires.
Un maire d’Ile de France évoquait un cout de 5 millions pour un gymnase, c’est un réel investissement pour la collectivité – Combien d’hectares de terres agricoles, naturelles ou forestières (non constructibles) pourraient acquis avec cette somme ? Voilà qui lance le thème : « la nature : un équipement public comme un autre ? ». En la matière, je pense qu'il y a une attente croissante des habitants, aussi bien en zone urbaine que périurbaine, pour ces espaces de respiration, qui sont aussi nos ilots de fraicheur salvateur pour la prochaine canicule.
Le monde agricole est en ébullition, les raisons sont multiples tout comme les situations économiques des différentes filières. Protéger le foncier agricole n'est pas LA solution à tous ces problèmes, mais permettrait l'implication directe des collectivités locales dans la construction d'un nouveau modèle notamment en zone périurbaine où les conflits et attentes (divergentes) sont fortes. La posture d’un responsable agricole, lors des échanges à Arras, sur la légitimité des collectivités à se pencher plus en avant était très explicite et favorable, gageons que cette vision dans les Hauts de France s’étendra sur d’autres terres pour qu’on puisse travailler ensemble à une planification partagée des espaces agricoles, naturels et forestiers.
Rajoutons qu'au-delà, de certaines vélléités à accroitre l'autonomie alimentaire locale, certains parallèles sont possibles avec les efforts menés sur la réindustrialisation : produire localement ce dont on a besoin pour s'affranchir d'une dépendance à un marché mondial soumis à de fortes variations et intérêts géostratiques de plus en plus complexes.
Recommandé par LinkedIn
La séquence ERC est souvent décriée, mais la compensation par l’offre n'est-elle pas l’occasion pour nos territoires de requalifier, par exemple, un cours d’eau près du centre-ville ou un ensemble de prairies et de bois dans un vallon enclavé dans le tissu urbain, qui répondrait à de multiples enjeux : prévention des innondations, préservation d'un ilot de fraicheur, continuités écologiques, espace de balade/sportif...
Ce type de renaturation, c'est l’autre élément essentiel à engager, pour faire vibrer le cœur des habitants et avoir une déclinaison pratique et palpable de ce nouvel aménagement du territoire (à mieux vivre).
Ces journées ont permis de mettre du sens et de toucher du doigt cette nécessité de renaturation tout azimut. Les outils existants ont été décortiqués en détail avec une touche d’impertinence propre à venir nous titiller dans nos retranchements et nos convictions.
Le président avait d’ailleurs enfoncé le clou dans le final, nous exhortant à profiter de la torpeur législative à venir**, cette pause tant demandée ces dernières années devait arriver et nous permettre d’œuvrer localement à cette transition.
-----
**Ce texte écrit il y a quelques semaines, prend un sel tout particulier avec la nouvelle proposition de loi sénatoriale et l'annonce à venir du premier Ministre qui semblent rebattre complétement les cartes – Affaire à suivre, mais je pense qu’il faut continuer comme dirait Candide « à cultiver notre jardin ».
Limiter rapidement la destruction/altération du socle agricole, naturel et forestier, et renaturer de manière stratégique nos territoires sont des stratégies qui vont dans le sens de l’histoire, et ne sont pas incompatibles avec les autres défis de la réindustrialisation ou de la résolution de crise profonde du modèle agricole.
Urbaniste - Responsable de pôle
1 moisIl faut quand même rappeler que de nombreux agriculteurs s'enrichissent de la destruction de leurs terres.