🌿 Virage éditorial | Inter au carré | Palais de Tokyo | Roues libres | Eau-de-vie | Plaisir d’offrir...
Bonjour à toutes et tous, et bienvenue si vous rejoignez Pioche!
Chaque fois, le constat se renforce. Cette semaine à la Maison de la Radio comme au Palais de Tokyo (lire ci-dessous).
À nouveau, l’actualité indique que la brèche s’agrandit entre les tenants d’un ancien monde moral et économique qui s’effrite, et une nouvelle génération critique d’une « modernité » du passé, par la pensée, les arts comme les mœurs. Peut-on éviter que grimpe « la fièvre » ?
C’est sans doute (aussi) là le rôle de l’art et de l’humour. Tant qu’on lui laisse la place dans nos espaces culturels.
Bonne lecture,
Et bonne Pioche!
Jean-Paul Deniaud , avec Samuel Chabré , Lucille Fontaine , Isma Le Dantec , Juliette Roques et Baptiste Thomasset
1. Virage édito
Valse à 3 temps. Joe Biden annonce une surtaxe de 18Mds$ sur les importations chinoises : voitures électriques – qui passent de 25% à 100% de taxes (!) –, panneaux solaires (de 25 à 50%), acier, minéraux critiques… Ceci pour protéger les industries « vertes » US qui ont bénéficié des 370Mds$ d’aide de l’Inflation Reduction Act. Marché interne, puis frontières extérieures. Reste à connaître la réaction chinoise. L’Europe, elle, prend son temps.
La gadoue. La loi agricole – ou loi dite « d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations » – est examinée depuis hier par les députés. Un texte de 20 articles remaniés à la suite de la colère des agriculteurs, et qui (mince) « accélère l’industrialisation de notre agriculture et passe à côté de l’immense défi du renouvellement des générations » selon les associations et représentants écologistes. Vifs débats en vue.
Inter au carré. Que se passe-t-il à Radio France ? Mise à pied de Guillaume Meurice après une blague (à revoir ici), un débranchage de l’émission-phare La Terre au Carré – pour, selon la direction, rendre l’info « moins anxiogène » – de l’émission hebdo Planète Bleu sur France Bleu , et de diverses chroniques écolos… Un « virage éditorial », comme le dénoncent les syndicats de la Maison de la radio ? Reste à en clarifier le sens, et l’horizon.
Cette semaine, on aime beaucoup ces deux festivals qui ont lieu ce week-end et dont Pioche! est ravi d’être partenaire : Art Rock, en baie de Saint-Brieuc, et son très bon job sur les mobilités (lire notre article) et les Papillons de nuit, dans la Manche, rendez-vous d’une communauté de bénévoles ancrée sur le territoire (notre article), qui en font toute la chaleureuse – et communicative – énergie.
2. « Je trouve ça intéressant que le Palais de Tokyo soit bousculé par les enjeux sociétaux et environnementaux » – Guillaume Désanges
Cet entretien a été réalisé le 23 avril, soit quelques jours avant la démission de Sandra Hegedüs-Mulliez du Conseil d’administration des Amis du Palais de Tokyo , le 5 mai. Mécène de l’institution culturelle, celle-ci ne souhaite pas, dit-elle dans une lettre, « être associée à la nouvelle orientation très politique du Palais (…), dictée par la défense de “causes” très orientées (wokisme, anticapitalisme, pro-Palestine, etc.) ».
Ce départ, à la fois idéologique et financier, a suscité l’émoi du monde de la culture, et le soutien des directions de centres d’art au Palais de Tokyo. Est-il donc possible de réinventer nos institutions culturelles en s’inspirant des principes de la permaculture, comme le prône le Palais de Tokyo depuis deux ans ? Et le monde de l’art est-il prêt à changer ? Rencontre avec son président, Guillaume Désanges.
En 2022, votre candidature pour la présidence du Palais de Tokyo s’organisait autour d’une vision forte de l’écologie. Comment envisagez-vous la place d’une telle institution face à l’urgence écologique ?
Guillaume Désanges : Il existe des contradictions flagrantes entre les discours écologiques de dénonciation portés avec conviction par de nombreux·ses artistes, que je respecte profondément, et le fonctionnement même du monde de l'art, ses pratiques et ses économies, souvent évoqués sous le label « écologie ». (…)
Plutôt que de se limiter à organiser des expositions thématiques sur l'écologie, telles que celles sur les arbres ou les fleuves, ne serait-il pas plus pertinent de concevoir les expositions de manière écologique ?
C’est ce qui vous a amené à composer le terme de permaculture institutionnelle ?
La permaculture ne se résume pas à un ensemble de règles ou de techniques de production. C'est avant tout un état d'esprit, un mode de pensée. Au-delà des préoccupations liées aux émissions de carbone et à la gestion des déchets, elle incarne une approche globale qui transcende les aspects matériels.
De nos jours, la permaculture agit également comme un anti-dépresseur. Face à l'urgence écologique, de nombreux secteurs économiques sont imprégnés d'un sentiment de culpabilité et de déprime. Je souhaite démontrer qu’il est possible d’adopter une perspective positive, en faisant moins mais mieux. Et que ça peut être source de joie et d'inspiration. Là est toute la force de la permaculture. (…)
Considérez-vous que votre institution et d'autres établissements culturels sont véritablement prêts à aborder ces questions d'écologie, des mouvements féministes, des enjeux décoloniaux, etc. ?
Vous savez, le risque inhérent aux institutions, et c’est probablement le cas pour toutes, est de s’enliser dans des modes de fonctionnement qui figent leur manière de faire, de penser, de montrer, sans remise en question.
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Je trouve ça intéressant et très sain que sur ces dernières années elles soient, non pas attaquées mais ébranlées par un certain nombre d’enjeux environnementaux et sociétaux. Le paradoxe réside dans le fait qu'elles sont sans doute plus nécessaires que jamais pour proposer des réponses à travers le regard des artistes.
Quant à leur préparation à relever ces défis, c'est une question ouverte, je crois que c’est un moment passionnant dans lequel on peut inventer énormément de choses. On y est d’ailleurs un petit peu obligé, mais tant mieux.
3. Roues libres
Eau bonne. Quel beau festival ! Aux AnthropoScènes 2024, organisé à Évreux jusqu’au 26/05 autour du sujet vital de l’eau, on trouve deux dizaines de spectacles tissant théâtre (Olivier de Sagazan, Audrey Bertrand), son (Nova Materia, Diane Barbé) et design fiction. Sans compter projos (Océans, Ponyo sur la Falaise…), confs (Baptiste Morizot, Marine Calmet , Nicolas Truong ), ateliers et balades en « nature ». On y court.
Page nature. Pendant ce temps, Montpellier vibre de sa traditionnelle Comédie du livre. Cette année, carte blanche au démiurge SF Alain Damasio – pour entre autres une « émeute musicale » à Tropisme – un café-débat avec Amélie Poinssot, autrice du bon Qui va nous nourrir ?, ou l’attendue projection-débat de Vivant parmi les vivants avec son réalisateur Sylvère Petit, Vinciane Despret, Baptiste Morizot… et Alain Damasio.
À Paris en vélo. Samedi à Paris, il fera beau (si si). Chevauchez donc votre fidèle monture pour rejoindre la Paride, la grande parade à vélo – et festive – des DJs cyclistes Gogo Green et des artisans des tiers-lieux Yes We Camp . Prépa déjeuner, costumes et paillettes dès 12h30 aux Les Amarres (Paris 13e), départ à 17h pour traverser la capitale vers l' Académie du Climat - Ville de Paris (Paris 4e), et y danser jusqu’à 21h. Prêt·es et échauffé·es pour la soirée.
À noter, pour les plus studieux, ce passionnant colloque international pour réfléchir à (dés)écrire l’écologie : ou comment l’écriture peut-elle aujourd’hui affronter la singularité et la gravité des questions écologiques ? Comment remettre en question notre privilège d’écriture au sein des autres vivants tout en leur faisant place ? RDV les 22 et 23/05 à Paris Nanterre.
4. Belle mare
Quelques créations et visages aux intersections de la culture et des écologies d’aujourd’hui. Sélection aux petits oignons par la rédaction.
La revue. Vous aviez aimé les précédents – et essentiels – numéros d’Ut!le, ce beau magazine aussi impertinent que bien écrit, consacré à La Cabane, la La Pomme de Terre ou au Vélo ? Vous apprécierez sa dernière mouture, toute tournée vers L’Eau douce. Où l’on apprend toutes sortes de choses, comme trouver de l’eau dans la nature, connaître les nuages pour prédire le temps, créer une mare, ou préparer de l’eau-de-vie. Essentiel (bis).
Le livre. Le média Motus & Langue Pendue – ce « journal intime de la société » – sort son premier livre : Si vous êtes calme, vous faites partie du problème, recueil de réflexions politiques et intimes écrites au fil de l’actualité militante de cette année (retraites, bassines, banlieues…). Pour les Parisien·nes, release party ce soir dans le 18e avec Capucine Delattre, Camille Teste , les Soulèvements de la terre et Sélia Louise Château.
Le podcast. Une série d’entretiens avec celles et ceux qui vivent (et luttent) pour les arbres et les forêts, voici ce que propose Nous Sommes Forêt. Parmi les premières rencontres : Marine Calmet ( Wild Legal ), Laurent Winsback (sylvothérapeute), Amandine HERSANT (ONG Planète Urgence ), ou Ernst Zürche (ingénieur forestier). Juste de quoi accompagner les quelques minutes/heures de transport jusqu’à la forêt la plus proche.
La vidéo. Hugo Clément : « Les écolos sont vus comme des gens chiants, et tant que cette image existera, on n’arrivera pas à faire basculer la majorité de la population dans le changement. » @Swann Périssé : « Marrant, le seul moment où tu es le plus sérieux de toute cette interview, c’est le moment où tu dis que les écolos doivent être drôles !” ». La suite du 1er épisode de la saison 2 de Y'a plus de saisons, c’est juste là.
5. Plaisir d’offrir
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6. Ciao ciao
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6 moisMon nom se trouve dans cette article et le lien amène à mon profil LinkedIn, mais ce n'est pas moi.