Vos paupières sont lourdes...
Les chiffres vous endorment ? Profitez-en, au chapitre Sommeil comme en matière de n’importe quelle activité humaine, il en existe à foison. Hélas, ceux-ci inciteraient plutôt à la vigilance car nous dormons de moins en moins et le lent grignotage du temps de couette auquel nous assistons inquiète sérieusement nos dévouées nounous de l’autorité sanitaire.
En semaine, la durée moyenne de sommeil est passée au-dessous de la barre des 7 heures chez les adultes. Précisément 6h 42 les jours ouvrables selon le très soporifique Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire.
Les modifications de notre rythme de vie ont été telles qu’en cinquante ans seulement, la réduction du temps quotidien de sommeil a été d’environ 1h 30. Sur une année, le déficit de sommeil est ainsi de… plus d’un mois et demi par rapport à nos besoins !
Les malheureux qui commencent à travailler aujourd’hui auront donc plus de 5 ans de sommeil à rattraper à l’âge où ils pourront enfin faire valoir leurs droits à la retraite. Rien que d’y penser, on retournerait volontiers se coucher pour prendre quelques trimestres d’avance.
Les chercheurs ont, depuis belle lurette, documenté l’intérêt d’un sommeil réparateur pour favoriser la qualité du travail. Avant et après les heures de bureau bien sûr… mais aussi pendant car il a été démontré qu’une courte sieste de 15 à 20 minutes suffit à maintenir la vigilance pour le reste de la journée. Dormir plus pour travailler plus : un rêve éveillé de Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef?
N’en déplaise aux grands gourous de la productivité, il n’y a pas que le boulot dans la vie et le manque de sommeil provoque bien d’autres catastrophes que la baisse du cash-flow opérationnel ou la détérioration du résultat net avant impôt.
Ne pas dormir suffisamment, c’est multiplier de façon significative les risques d’obésité et de diabète, mais aussi d’affections cardiovasculaires, d’anxiété et de dépression [d’ailleurs, rien n’interdit de cumuler].
Pas sûr qu’en ruminant toutes ces menaces on parvienne encore à fermer l’œil.
Jacques DRAUSSIN