VOULOIR DEVENIR UN HEROS, CHERCHER LA RECONNAISSANCE, LES HONNEURS... NOTAMMENT VIA LES SPORTS EXTRÊMES...QUEL EST LE SENS ? VOUS SEREZ SURPRIS.


(LECTURE 4mn)


Suite à ma lettre sur le champion d’alpinisme Ueli Steck, j’ai reçu cette passionnante réponse de mon confrère Emmanuel Duquoc (voir ci-dessous). 


Emmanuel Duquoc, qui écrit pour plusieurs revues de santé dont Alternatif Bien-Êtrene partage pas du tout mon admiration pour ce sportif de l’extrême. Ueli Steck est, selon lui, victime d’un profond mal-être et donne plutôt le mauvais exemple par un comportement à la limite du suicidaire. 


Emmanuel Duquoc raconte sa propre expérience avec le sport extrême (en l’occurrence, l’apnée), les dérives de celui-ci, et comment il a réussi à se débarrasser de ce besoin morbide de se surpasser. Aujourd’hui, « j’ai plutôt envie de partager les outils que j’ai mis à profit et que je découvre encore pour être vraiment bien sans avoir besoin de sortir de soi », explique-t-il. 


En lisant sa lettre, je me suis aperçu qu’en effet, ma vision des choses était naïve et un peu (ou beaucoup) trop optimiste.Je remercie Emmanuel de m’avoir corrigé et j’espère que tous mes lecteurs profiteront de son éclairage certainement plus réaliste. 


Je me permets toutefois, à la fin, d’ajouter quelques mots. Nous vous serions très reconnaissants, chers lecteurs, de nous répondre pour nous dire de quel côté vous penchez dans ce débat. 


En vous en remerciant par avance, je vous souhaite une bonne lecture. 


Jean-Marc Dupuis 



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Lettre à Jean-Marc Dupuis : « Moins d’endorphines mais plus d’ocytocine », par Emmanuel Duquoc


Cher Jean-Marc, 


Dans votre lettre de diffusion du 13 novembre dernier, vous contez, sur un ton admiratif, les exploits de l’alpiniste Ueli Steck, devenu célèbre en 2004 pour avoir escaladé sans assistance le vertigineux Excalibur en Suisse, puis survivant miraculeux, en 2007, d’une chute de 400 mètres alors qu’il escaladait la face sud de l’Annapurna. Souffrant de dépression, le héros a dû tout arrêter en 2014. 


Vous y voyez la preuve d’une capacité hors norme à transformer les doutes en énergie positive. 


À la lecture de votre lettre, je n’ai pas pu partager votre enthousiasme. Certes, ces exploits sont impressionnants et font avancer notre connaissance des capacités humaines. Mais ils apparaissent aussi comme un symptôme du mal-être de celui qui les accomplit. 


Quand on retrace la biographie des ultra-sportifs et autres coureurs de records, le constat est frappant : on découvre, presque à coup sûr, malheur et misère. 


  • Je pense à Mike Tyson, champion du monde de boxe poids lourds incontesté de 1987 à 1990 et champion le plus riche de toute l’histoire de la boxe. Élevé dans un ghetto où la violence était omniprésente, il a été enlevé et abusé sexuellement à sept ans avant de commettre plusieurs délits et d’être placé dans une maison de correction, où il fut remarqué par un ancien boxeur. Homme à la personnalité tourmentée, il sera condamné pour viol à six ans de prison et finira sa carrière ruiné. 

  • Je pense à Jacques Mayol qui, en plongeant pour la première fois à 105 mètres de profondeur en apnée, a repoussé les limites de ce que la science croyait humainement possible. En proie à la dépression depuis longtemps, il s’est suicidé par pendaison quelque temps après son retrait du monde de l’extrême, suite à une tentative de record avortée. 

  • Je pense à Patrick Edlinger, grimpeur culte, inventeur de la varappe libre, mort à 52 ans, semble-t-il d’une chute dans l’escalier de sa maison. Dans l’autobiographie qu’il s’apprêtait à publier, il confiait être dépressif et rongé par l’alcoolisme depuis qu’il avait cessé de vaincre les falaises. 

La liste est loin d’être exhaustive. Elle pourrait s’allonger de dizaines de pages. 


Gilles Chappaz, qui était en train de réaliser un film documentaire sur l’icône mondiale de l’escalade au moment de son décès, détenait probablement un bout de l’explication de cette descente aux enfers lorsqu’il déclara : « C’est le basculement des gens de l’extrême lorsqu’ils reviennent sur terre et qu’ils se rendent compte de leur vieillissement. Ils ont vécu des choses tellement pleines, des émotions si pures que l’angoisse de ne plus les revivre est forte. » 


Mais ce que Gilles Chappaz ignore, c’est l’état psychologique de ces personnes avant qu’elles ne plongent dans les sports extrêmes. 


Les témoignages multiples montrent que ça n’allait probablement pas très fort avant et que la fin de carrière sur fond de dépression ne serait qu’un retour à l’état initial… La conclusion de votre chronique me permet de détailler plus avant le mécanisme biologique à l’œuvre dans cette « résilience » temporaire. Un phénomène scientifiquement bien documenté. 


Vous écrivez, en effet : « Ce qui est intéressant aussi, c’est que cette force mentale hors du commun lui permet de résister à la douleur, ce qui lui a sauvé la vie. » Pourtant, dans mon article « Accro au sport, et si c’était un signe de détresse ? », que vous avez publié dans Alternatif Bien-Être de ce mois-ci, je proposais une autre explication à cette exceptionnelle résistance : 


« La science attribue cette faculté aux endorphines, ces molécules naturellement sécrétées par le cerveau dès que l’organisme est en danger. Associées à la noradrénaline et à l’adrénaline – libérée pour permettre un effort vigoureux –, elles permettent d’oublier un temps le traumatisme pour faire face à une urgence vitale selon un mécanisme archaïque que nous partageons avec de nombreuses espèces animales. »


Ce n’est donc pas la force mentale d’Ueli Steck qui lui a permis de résister à la douleur, mais le fait qu’il soit confronté à une situation si dangereusement mortelle que son cerveau l’a littéralement bombardé d’endorphines antidouleur et euphorisantes, lesquelles lui ont permis effectivement de dépasser les limites ordinaires et lui ont sauvé la vie. 


C’est le même mécanisme de survie qui explique pourquoi, en 1982, une femme menue a été capable de soulever une voiture sous laquelle était coincé son fils le temps qu’il soit dégagé, et bien d’autres exploits des héros que nous sommes tous en puissance face à une situation de danger. 


La particularité d’Ueli Steck n’était donc peut-être pas tant son exceptionnelle force mentale que sa propension à se mettre en situation de danger extrême pour oublier un temps son mal-être existentiel… Jusqu’au jour où la limite d’âge le contraint d’arrêter… Dans son cas comme dans bien d’autres situations d’exploits, le mécanisme de survie prévu pour faire face à de telles situations est utilisé à l’encontre de sa fonction initiale, permettant d’aller au-delà des capacités du corps au lieu de le préserver… Ces gens-là ne transcendent pas leurs souffrances existentielles, ils ne sont pas des « résilients » par le sport, ils recouvrent leur mal-être par de l’euphorie. Quand on sait la triste réalité qui se cache derrière leurs exploits, ceux-ci perdent une grande partie de leur pouvoir de fascination… 


Car j’aurais pu, moi aussi, faire partie des victimes du sport extrême. Sans le savoir, j’en avais le profil. À vingt ans, j’ai été initié à la plongée en apnée par un ami. J’ai très vite voulu repousser mes limites et je me suis entraîné pour cela. C’était exaltant de pouvoir bientôt rester plusieurs minutes sous l’eau, dans le bleu. Mes apnées étaient faciles. Je frôlais, dans mon coin, certains records de l’époque. Après quelques imprudences qui m’ont donné à réfléchir, je me suis contenté de rester un sportif plus que régulier. J’avais conscience, depuis mon adolescence, qu’il me fallait faire du sport pour me sentir bien. Au bout de quelques jours sans activité physique, je me sentais nerveux et anxieux. Je pensais que c’était là quelque chose de sain et de normal et que mon corps m’indiquait simplement qu’il avait besoin de bouger. Mais un jour, je me suis demandé si ce n’était pas là le signe d’un problème… 


C’en était un, en effet. 


Et je n’en ai pris la mesure réelle que lorsque j’y ai mis fin. 


Un jour, en effet, ce fut une vraie surprise de constater que mon besoin de me surpasser physiquement avait lâché. Un autre jour, ce fut le besoin d’être levé avant tout le monde le matin. Puis un autre, celui de me rendre utile à autrui pour me sentir bien. Peu à peu, plein de choses qui me paraissaient nécessaires à mon équilibre n’étaient plus utiles. J’ai alors compris que j’avais été anxieux auparavant. Le processus a pris un certain temps. Il a nécessité une certaine constance, mais le jeu en valait la chandelle. 


Alors c’est vrai, je ne suis ni un héros ni un chasseur de records. Tout simplement parce que je ne ressens plus le besoin d’aller au bout de moi-même, voire au-delà, pour me sentir vivre. J’ai plutôt envie de partager les outils que j’ai mis à profit et que je découvre encore pour être vraiment bien sans avoir besoin de sortir de soi. Vous me le permettez chaque mois dans les pages d’Alternatif Bien-Être et je vous en remercie. 


Je finis ma missive par quelques pensées émues pour les victimes du sport compulsif. 


Je pense aux malheureux joueurs de l’équipe de rugby d’Afrique du Sud, les Springboks, ex-vainqueurs de la Coupe du monde de 1991, dont une proportion anormalement élevée a été atteinte, par la suite, de maladies neurodégénératives. Ces dernières sont, selon toute probabilité, dues non pas au dopage – sinon les cyclistes devraient souffrir des mêmes maux, ce qui n’est pas le cas –, mais aux chocs physiques cérébraux endurés, comme l’indique une abondance de preuves scientifiques. Parmi elles, une étude menée auprès de 34 ex-footballeurs américains montrant que la pratique prolongée de sports de contact exposait à un risque considérablement augmenté de maladies neurodégénératives.  


Je pense à Sylvain Tesson, explorateur tout-terrain, varappeur d’un excellent niveau et bêtement accidenté un soir de réveillon un peu trop arrosé pour avoir tenté d’escalader une façade en pleine nuit. Il en garde une perte auditive et une atrophie de certains muscles faciaux. Avec sincérité, il a reconnu : « C’est une escalade totalement adolescente, peu recommandable, plus proche de la roulette russe que de l’alpinisme. Ça me plaisait beaucoup de vivre tout le temps sur ce fil. Jusqu’au jour où ça s’est mal terminé. » 


Je pense à mon presque voisin, jeune père de famille et grand sportif, décédé d’un arrêt cardiaque sans prévenir, à l’aube de la quarantaine. Un classique chez les accros au sport. 


Certes, c’est moins sexy que de penser que ces êtres d’exception peuvent, par leur exemple, nous aider à nous surpasser au quotidien. Mais c’est plus réaliste, à l’image d’une de vos récentes chroniques expliquant la dose minimale de sport à pratiquer pour s’assurer la meilleure santé possible. Cette dose minimale, vraiment très légère, prouve qu’il n’y a pas besoin de battre des records pour être bien dans ses baskets. Merci de nous l’avoir indiquée ! Cela économisera probablement quelques litres de sueur et bien des accidents. 


Emmanuel Duquoc 



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Réponse de Jean-Marc Dupuis

Merci, cher Emmanuel, votre réponse est très éclairante ! Elle permet de remettre bien des pendules à l’heure. En vous lisant, je mesure à quel point j’ai idéalisé l’expérience d’Ueli Steck et dangereusement minimisé la face probablement très sombre de sa vie. 


Avec votre autorisation, j’aimerais pousser encore un peu la réflexion sur les sportifs de l’extrême et, en général, sur toutes les personnes qui cherchent à faire des choses héroïques, exceptionnelles, qui les amènent à « sortir d’elles-mêmes » et à vivre des moments de forte intensité. 


Je suis d’accord avec vous : ce besoin est révélateur d’un manque, peut-être même souvent d’une tendance à la dépression. Y répondre en faisant le fou, en mettant sa vie en danger, n’est certainement pas l’idéal. 


Toutefois, la question est de savoir que proposer d’autre. 


Beaucoup d’entre nous réagissent aux inévitables angoisses de la vie par des comportements agressifs, destructeurs, autodestructeurs. Les personnes qui accomplissent des exploits sportifs pour sublimer leurs angoisses ont trouvé une solution qui est plutôt positive. On aimerait qu’elles puissent toutes aller, comme vous, un cran plus loin, et comprendre que le vrai bien est encore ailleurs, dans l’acceptation, la sérénité, et finalement dans la mise en œuvre de la sagesse du philosophe Blaise Pascal, qui disait : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » 


D’un autre côté, cela fait aussi des millénaires que l’homme se pose la question de savoir s’il vaut mieux vivre une vie longue et paisible ou bien une vie courte et glorieuse. C’est un problème central dans la philosophie grecque, incarné par le héros Achille. 


Achille occupe une place essentielle dans l’Iliade et l’Odyssée. À sa naissance, il s’est vu offrir par sa mère, une Néréide (divinité marine), le choix entre une vie longue et paisible ou bien une vie courte et glorieuse. 


Vous le savez comme moi, Achille a choisi la gloire, comme le rêveraient tous les jeunes gens à qui l’on poserait la question ! Et, bien sûr, il est mort jeune. 


Cela peut paraître un horrible gâchis, mais le philosophe Aristote disait : « Le citoyen courageux ne saurait que préférer un bref moment d’intense joie à une longue période de satisfaction tranquille […] une seule action mais grande et belle, à une multitude d’actions mesquines [1]. » 


Certaines personnes ont la sagesse de reconnaître leurs limites. D’autres sont naturellement prudentes et savent éviter les dangers inutiles. Aristote reconnaît aussi que tous les citoyens ne sont pas courageux (« courageux » doit être compris au sens fort, comme le tempérament du guerrier légendaire). Il voit aussi, à côté des héros, la masse des « hommes de bien » qui sont « pacifiques », et « qui mesurent tous les biens dont la mort les priverait ». 


Mais nous gardons tous, malgré tout, dans un coin de notre esprit, cet idéal prêt à ressurgir : vivre en héros, être héroïque. 


Privez les gens de toute possibilité de se distinguer, privez-les de toute occasion de montrer leur valeur et de se couvrir de gloire, ils ne tarderont pas à inventer des moyens bizarres d’échapper à la prison sûre et confortable que vous leur imposez


Pendant longtemps, les guerres offrirent aux jeunes en quête d’expériences exceptionnelles l’occasion d’accomplir des exploits. Sans guerre, ou plutôt avec une guerre industrielle, voire informatique, ne permettant plus de se distinguer individuellement, c’est le sport qui a focalisé les énergies, les attentions, et en particulier les sports les plus extrêmes et dangereux. 


Le fondateur des Jeux olympiques modernes, Pierre de Coubertin, voulait d’ailleurs forger une « chevalerie sportive » pour remplacer la chevalerie militaire [2]. Le sport à la place de la guerre. 


On peut déplorer que cela n’ait pas marché jusqu’au bout. 


En témoigne la résurgence du terrorisme islamique, fondé sur « l’exploit » individuel consistant à se faire exploser pour tuer le plus grand nombre possible d’infidèles. Trop « extrême » comme sport ? Apparemment pas, si l’on en juge par les dizaines de milliers de jeunes séduits, qui ont quitté la sécurité du RMI, RSA, du chômage et des allocations en Europe pour aller vers une mort certaine et atroce dans les rangs de Daesh, et par toutes les jeunes filles qui ont accompli leur rêve en partant servir d’esclaves sexuelles à ces nouveaux héros ! 


Qu’on le veuille ou non, cette attirance pour les aventures extrêmes paraît indomptable chez l’homme – et les exploits sportifs individuels sont mille fois préférables au terrorisme. 


Vous soulignez aussi que, quels que soient les exploits, la vieillesse finira bien par arriver. À ce moment-là, ce sera le retour à la case départ, à l’état dépressif d’origine. Mais c’est oublier tout ce qui se sera passé entre-temps et qui aura fait que la vie de ces personnes a, finalement, valu la peine d’être vécue ! Le fait aussi qu’elles aient été « occupées » à quelque chose qui les a passionnées, ou comblées, qui a servi d’inspiration aux autres et élargi l’horizon des possibles. 


La personne qui a eu le malheur d’être née avec un tempérament dépressif sera sans doute condamnée à revenir à son état initial de dépression, mais ce qu’elle aura accompli entre-temps sera d’autant plus admirable. 


Une dernière remarque : si j’ai choisi Ueli Steck et l’exemple de l’alpinisme extrême, c’est notamment parce que je suis moi-même passionné de haute montagne. J’ai parcouru à pied les Alpes en tous sens, j’ai escaladé de nombreux sommets de plus de 4 000 mètres et j’ai dirigé, à l’âge de 20 ans, une expédition à l’assaut d’une montagne de plus de 7 000 mètres dans l’Himalaya. 


Il m’est arrivé plusieurs fois de voir des compagnons victimes de graves accidents et j’ai moi-même, suite à un accident en 2001, arrêté la montagne pendant dix ans. Mais je n’ai jamais eu l’impression d’être parti en montagne pour lutter contre un « problème ». C’est l’inverse : en montagne, je me sens comme dans un aperçu du paradis. La lumière aveuglante, les rochers aux mille couleurs, les blocs de glace gigantesques qui scintillent, les sommets acérés, les parois vertigineuses, la neige vierge : tout est si beau, majestueux, je suis tellement heureux là-haut ! J’ai donc naturellement imaginé que c’était la même chose qui motivait Ueli Steck. 


Ce à quoi j’essaye d’échapper, c’est au bruit, aux autoroutes, aux entrepôts, aux supermarchés, à la saleté des villes surpeuplées. La haute montagne est, sur notre continent européen, le dernier endroit qui ne soit pas balisé, sécurisé, standardisé. C’est le dernier refuge de la liberté que l’on puisse gagner avec une simple paire de chaussures, une gourde et quelques sardines. Alors oui, c’est un peu dangereux, mais est-ce une raison pour s’en priver ? 


Je comprends qu’on puisse voir les choses autrement. J’invite d’ailleurs tous les lecteurs de SNI à continuer cette conversation pour l’enrichir. Car nous touchons là à un point très important qui intéresse tous les sportifs. 


À votre santé ! 


Jean-Marc Dupuis 

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