Voyage en entreprises régénératives - Épisode 4 : "Dévoiler l'Entreprise Régénérative : oser la création au service du vivant"
Face au dérèglement climatique, comment faciliter les transitions des entreprises vers des modèles respectueux de la planète ? Comment embarquer les équipes dirigeantes et les collaborateurs dans cette indispensable évolution, face aux réactions chaque jour plus éruptives de notre planète ? Comment apporter les garanties conceptuelles et méthodologiques nécessaires, pour faire évoluer les représentations, les visions du monde, les cadres de référence de tous, actionnaires, dirigeants, équipes, partenaires, ...? Comment faire le premier petit pas ?
Le parcours de formation Butterfly School porté par AXA Climate et l’organisme de recherche LUMIÅ , déjà suivi par plus de 700 personnes sur les 3 premières promotions, a pour ambition de faire découvrir l’Entreprise Régénérative, « une entreprise qui fonctionne et opère comme un système vivant, dans le respect des limites planétaires, en contribuant de manière positive aux éco-systèmes vivants, humains comme non humains », dixit Antoine Denoix, le directeur d’Axa Climate.
Pourquoi est-ce nécessaire ? « Parce que 6 des 9 limites planétaires sont déjà dépassées, l’habilité même de la planète est menacée. Il faut passer d’entreprises qui veulent faire « moins mal » à des entreprises qui vont positivement impacter le vivant ».
C’est possible ? Oui, un certain nombre d’entreprises ont déjà fait le pas et en témoignent, comme Christopher Guerin - CEO Nexans (câbles électriques) : « Nous avons arrêté la croissance volumique pour aller vers de la croissance en valeur, en repensant le modèle pour qu’il soit systémique et positif d’un point de vue environnemental. Nous nous sommes aperçus que non seulement on s’en tire très bien économiquement, mais aussi que cela contribue à une meilleure sobriété ».
Les trois premiers épisodes ont permis de réaliser l'importance de la dimension du vivant dans nos vies (Épisode 1), en quoi la dimension volumique actuellement poursuivie est responsable des impacts sur ce même vivant (Épisode 2) et que faire pour réduire cet impact (Épisode 3).
Dans cet Épisode 4, nous allons comprendre que l’entreprise régénérative ne peut s’atteindre qu’en changeant de manière de penser : « On ne peut résoudre un problème avec le même niveau de pensée que celui qui l’a généré », disait Einstein.
Le mouvement TIC
Dans le mouvement TIC, exploré dans l’Épisode 3, nous cherchons à diminuer les impacts négatifs.
Mais nous nous heurtons systématiquement au fait que nos intérêts sont en contradiction avec ceux de nos différentes parties prenantes : nous voulons assurer nos marges, mais nos clients veulent des prix bas et nos fournisseurs des prix d’achat élevés.
Pour réconcilier ces intérêts contradictoires, nous avons besoin d’un changement de paradigme, en envisageant nos parties prenantes avec une perspective nouvelle, d’autres lignes de fuite, en pointant d’autres aspirations.
Cela permet de voir les choses d’une façon inédite, avec des effets inattendus : il ne s’agit plus de négocier des solutions enter parties prenantes, mais de trouver des potentiels cachés permettant la mise en place de relations gagnants / gagnants. Dans cette situation, les parties prenantes deviennent des co-créateurs.
C’est une nouvelle manière de faire du business, sortant de la logique de résolution de problèmes habituelle.
C’est le mouvement TAC.
Chapitre 1 : le mouvement TAC, oser la création au service du vivant
Dans ce mouvement, le rôle de l’Entreprise a changé : elle n’est plus enfermée dans un rôle d’acteur commercial répondant aux impératifs financiers habituels. Son nouveau rôle, c’est de RéGéNéRER la Terre, les sols, la biodiversité, les humains, pour garantir la création continue.
Pour cela, l’Entreprise investit sur la singularité de chacun de ses co-créateurs, ce qui se cache au fond d’eux, afin de trouver leur potentiel unique et faire avec.
L’Entreprise ne considère plus son client comme quelqu’un qui recherche exclusivement un bon rapport qualité / prix, mais comme ayant des aspirations singulières, qui sont autant de territoires à explorer.
La Terre ou les collaborateurs de l’Entreprise ne sont plus cantonnés au rôle de ressources à exploiter, mais deviennent sources de potentiel et de contributions uniques.
Plutôt que de contraindre ses fournisseurs par des limites tarifaires, l’Entreprise trouve un potentiel à faire grandir, afin de co-créer avec eux.
Car la démarche du RéGéNéRATIF, c’est voir plus grand que soi, produire des solutions profitables, découvrir la réciprocité au-delà de la transaction.
Singularité et Création continue constituent les marques de fabrique de l’Entreprise Régénérative.
La Singularité
La Création continue
1/ La Création continue dans le mouvement TAC
Comment favoriser la création continue des co-créateurs en Entreprise ?
Les humains sont des super créateurs : civilisations, avions, fusées, microprocesseurs, intelligence artificielle, nouveaux produits, nouveaux besoins, et solutions associées.
Mais la création continue, dans l’espace et le temps, c’est les végétaux : eux seuls possèdent cette capacité unique à créer de la matière à partir de l’air, de l’eau, du sol et du soleil, depuis 3.8 milliards d’années.
Ils ont créé les conditions pour que la vie humaine et animale se développe : aucune création continue ne peut se faire sans eux.
Le végétal crée de la matière et régénère, sans déséquilibrer l’écosystème global. Alors que nous humains, on crée beaucoup en déséquilibrant l’écosystème global.
Quand on regarde de manière globale et systémique, la majorité des créations humaines sont majoritairement destructrices des grands équilibres planétaires.
Alors que la création continue des végétaux est la condition du déploiement de la vie et se propage dans toutes les directions : l’arbre capture du CO² mais crée aussi du bois, devient un refuge pour la biodiversité, participe au cycle de l’eau, protège les cultures, lutte contre l’érosion des sols qui vont participer à la séquestration du carbone.
Ainsi, les arbres créent des effets indirects qui permettent à la vie de se déployer sous toutes ses formes.
En comparaison, créer un immeuble répond à un besoin, mais ne crée pas d’autre chose que cette réponse à ce besoin : cela ne régénère rien et détruit beaucoup.
La création continue, c’est :
C’est créer quelque chose de plus grand que nous, avec de multiples effets positifs directs et indirects sur le système « Terre », dans son ensemble.
Pour être RéGéNéRATIVE, l’Entreprise vise la création continue, avec le vivant humain et non humain.
Nous, humains, devons mettre en place les conditions pour que les autres entités humaines et non humaines, puissent déployer leur potentiel de création continue, puis régénérer.
2/ La recherche de la Singularité des co-créateurs
Comment s’y prendre, pour notamment réconcilier des intérêts contradictoires entre de multiples parties prenantes humaines et non humaines ?
Comment faire de nos parties prenantes des co-créateurs, pour arriver ensemble à la création continue ?
La singularité, c’est l’essence de chacun, ce qu’il est en profondeur, à l’origine, au-delà de son apparence, de sa construction.
Il est indispensable de nous approprier ce concept de singularité, en prenant en compte ce que chacun d’entre nous sommes. Il n'y pas de généralisation possible, chacun est là avec sa propre singularité
Pour trouver la singularité d’une partie prenante, il faut faire l'effort de couper court à notre tendance à standardiser, de prendre le temps de questionner l’autre différemment.
Pour cela, il est possible de passer par différentes postures et différents niveaux de questionnement.
Exemple d’un étang :
Il peut y avoir différentes façons de le voir :
Exemple d’une collaboratrice :
Elle peut être caractérisée par sa fiche de poste, son prix de revient, les sources de tension avec l’équipe à cause de ses arrêts maladie. Mais qu’attend-elle vraiment de son travail ? au-delà de son rôle dans l’Entreprise, quelle est sa façon unique d’approcher la vie ? Ses aspirations profondes, qu’elle pourrait offrir à son entreprise si celle-ci la voyait vraiment ?
Considérer ses parties prenantes de manière singulière, c’est ouvrir le champ des possibles.
Cela permet de repenser l’opposition d’intérêts, le potentiel caché derrière la contrainte.
La singularité permet donc d’enclencher de la création continue. Pour cela, il faut comprendre et rentrer en résonance avec leurs aspirations profondes, leurs potentiels uniques non réalisés des parties prenantes. Afin de développer d’autres types de relations potentielles.
Le régénératif consiste à créer les conditions permettant à un potentiel de s’exprimer, nourrissant ainsi le processus de création continue.
Chapitre 2 : Gérer les intérêts contradictoires
Le mouvement TIC avait comme objectif de réduire les impacts. Mais il se heurte au caractère irréconciliable des intérêts des parties prenantes.
Le mouvement TAC permet de prendre appui sur les difficultés de divergences d’intérêts entre parties prenantes pour découvrir de nouvelles opportunités derrière les contraintes qu’elles présentent.
Étude de cas à Santa Fe, au Nouveau Mexique, USA.
Années 2000, terrain de 200 ha proche d’un site naturel. Projet de construction de résidences de standing sur ce terrain privilégie.
Mais c’est aussi le terrain du pygargue à tête blanche, seul aigle endémique d’Amérique du Nord. Symbole central aussi pour les peuples indigènes, en danger d’extinction. Une de ses zones de reproduction se situe sur le terrain du promoteur.
L’aigle est défendu par des associations écologistes locales et nationales, des universitaires, biologistes et des communautés locales.
Le promoteur, porté par un mouvement TIC de réduction d’impacts, tente d’intégrer ces parties prenantes à la conception du projet. Il souhaite éviter la contestation de son projet qui aboutirait à une procédure juridique longue et couteuse.
Les défenseurs de l’Aigle veulent aménager une zone de réserve autour de l’emplacement des nids, et une zone tampon additionnelle pour la chasse et la reproduction. En tout, cela correspond à 50% du terrain.
Pour le promoteur, cette réduction est impossible s’il veut préserver la rentabilité de son projet : s’il augmente le prix des lots, ses maisons deviennent trop chères pour le marché. Et s’il baisse la taille des parcelles, le prix au m² devient lui aussi trop cher par rapport au marché.
Il ne peut donc proposer qu’une réduction de 20% du terrain initial.
Malgré les efforts de médiations, les intérêts financiers et de conservation semblent radicalement irréconciliables.
Couper la poire en deux, comme dans une médiation classique, ne permettrait de satisfaire aucune des parties dans ses besoins.
Dans un projet habituel, une bataille juridique s’engagerait, au profit le plus souvent du promoteur. Le lotissement se ferait, mais les délais de réalisation seraient plus longs et l’image du projet en sortirait écornée. Ce serait un échec pour les acteurs locaux, avec les coûts économiques et émotionnels que cela implique, sans parler de la menace planant sur l’aigle.
Mais ce n’est pas ce qui s’est passé : dans un mouvement TAC, le promoteur a réussi à concrétiser son projet, tout en respectant les besoins de l’aigle et par extension des autres parties prenantes.
Et même plus : chacun a bénéficié d’un effet positif supplémentaire, apporté par la pratique régénérative.
Comment cela a-t-il bien pu se passer ?
Dans le TAC, il faut innover, penser différemment la contrainte, réfléchir au potentiel de chacun pour trouver la solution.
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L’entreprise, en changeant son business model, peut changer de rôle et transformer ses parties prenantes en co-créateurs et devenir un agent de régénération pour tout un territoire.
Chapitre 3 : La pensée régénérative
1/ Expérimenter le mouvement TAC
Contraintes des parties prenantes :
1/ Le Promoteur immobilier
Contourner l'écologie et l'aigle, qui constituent clairement des limites à contourner pour arriver à ses fins.
L’aigle peut attirer des personnes singulières et devenir alors une force.
2/ L'activiste écologique
Pour elle/lui, l’être humain est une contrainte, un danger pour l’écosystème qu’il faut à tout prix éloigner pour protéger l’aigle.
Mais il peut aussi devenir un facteur de protection de l’aigle. Les acquéreurs pourraient endosser ce rôle et devenir une clé de la réconciliation.
Dans ce cadre, quelles pourraient être les bonnes pratiques à recommander ?
1/ Pour le promoteur
Le Promoteur pourrait alors peut-être les aider à exprimer leurs aspirations profondes, de façon créative et rentable.
Quel bilan pour les 4 parties prenantes ?
1/ Les Écologistes
2/ Le Promoteur
Pourquoi ?
3/ L’Aigle
4/ Le Territoire
C’est le changement de pensée qui a permis une évolution du rôle de l’humain, réconcilier les co-créateurs, créer une nouvelle valeur économique et écologique.
2/ Expérimenter le mouvement BOUM
L’effet BOUM, ce sont les effets non anticipés et créateurs de richesses, au-delà de ce qui était espéré.
1/ sur le Territoire
2/ Pour le Promoteur
3/ Pour les Clients
4/ Chez les Écologistes
5/ Pour l’Aigle
La pensée régénérative a donc créé un marché qui n’existait pas, grâce à la compréhension d’une aspiration latente, non exprimée.
C’est l’un des effets BOUM indirects créé par l’expression des deux principes de Singularité et Création continue.
Comment discerner l’effet BOUM dans le tumulte quotidien du travail ?
Quelques questions peuvent aider à le déceler :
Quatre exemples pour expérimenter le discernement de l'effet BOUM.
1/ Un projet de mise en place de plantes dans un Open Space, par les Services Généraux d'une entreprise.
2/ La co-création, avec les équipes, d’un jardin de permaculture sur le toit de l’entreprise.
3/ La plantation d’arbres en compensation des vols vers l'étranger
3/ La co-organisation d’un séminaire, afin de sensibiliser à l’empreinte carbone.
QUELS ENSEIGNEMENTS POUR CET ÉPISODE n°4 ?
Ensemble, nous avons renversé notre compréhension de l’ordre du vivant : nous avons compris que, malgré toutes ses bonnes intentions, notre espèce, l'espèce humaine, constituait un facteur de dégénération du vivant davantage que de régénération.
Si nous souhaitons inverser la tendance, par exemple en nous inspirant des principes du vivant, cela exige de nous une réflexion profonde et une grande leçon d’humilité.
Nous devons :
Dans ce cadre, point de départ du TAC :
Ainsi, nous pourrons déployer les conditions pour que :
Utopique dans la "vrai vie", tout cela ?
Pour vous permettre de répondre à cette question, nous vous invitons à découvrir différents exemples d'organisations qui sont déjà sur le chemin du TIC, du TAC et/ou du BOUM.
Ne manquez pas notre prochain épisode (n°5).
Coach certifiée ACC ICF, Praticienne Zéro Mental - Créatrice de Déclic En Nature® Coaching En Marchant
9 moisMerci Pascal DUBOIS 🧩 Directeur de projets de transformations 🧩 de partager cela. Je comprends mieux le mouvement tic tac évoqué lors de notre séminaire CCA :-)clin d'œil pour Amélie ROUVIN 🌍 histoire d'aigle 🦅
J’accompagne les dirigeants, managers et leurs équipes dans leurs transformations individuelles et collectives (notamment vers l'entreprise régénérative), pour leur permettre d’obtenir des résultats durables.
9 moisPour mes collègues coachs Climate Coaching Alliance Francophone Sophie Bochereau, Isabelle JENNY, Anne ANGEBAULT▪️Coach, Equicoach et Lead RH▪️▪️Coaching, formation, facilitation▪️, Pauline Caroni, 🌿 🌿 🌿 🌿 Marie-Laurence Hiller, Muriel Huet 🍃 🍃, Caroline Pensier Filis, Samia Klouche, Marie Christine Julian Caro, Corine de Hemptinne - Morel, PCC, Muleine SU LIM, Catherine Bordaneil, Gabriela Buettner, Nelly LE BOT, Dominique RICHARD, 🌱🌱🌱🌱Odile Soulas, Chloé Urvoas
J’accompagne les dirigeants, managers et leurs équipes dans leurs transformations individuelles et collectives (notamment vers l'entreprise régénérative), pour leur permettre d’obtenir des résultats durables.
9 moisPour toutes celles et ceux qui ont manifesté un intérêt sur les épisodes précédents Laure Bertrand Olivier Zara Christophe LAGACHE Thierry MENARD Emeric Lestournelle Sandrine Laplace ✨✨Emmanuelle MICHOT✨✨ Franck DEMAY Aya Usui Marie-Pascale Martorell Marion LEVIS Anne-Charlotte Chatard Damien Jourdan 🦋 Edouard Provenzani Christophe Boissonnade Louise Faye 🦋 Sophie Oloa Marie-Pierre Delannoy Christophe de la Fouchardière Thierry Denys Marjorie Maugeais Cousyn 🌱✊ Hind Arbaoui Florence Garçon Doris C. Keller
J’accompagne les dirigeants, managers et leurs équipes dans leurs transformations individuelles et collectives (notamment vers l'entreprise régénérative), pour leur permettre d’obtenir des résultats durables.
9 moisMerci à mes "Buddy Learners C4" des "Live" à la Butterfly School Florence Mouton Beaufils, Mathieu Schilliger, Anne de Béthencourt, Olivier Wautier, Vanessa Bohéé Maud JEGO Corine Mermillod Laurence Picard Anne-Sophie GOUGEON Christophe Peysson Nathalie GILLET Gwendoline JAPIOT Bruno ROUANNE Catherine Ransquin
J’accompagne les dirigeants, managers et leurs équipes dans leurs transformations individuelles et collectives (notamment vers l'entreprise régénérative), pour leur permettre d’obtenir des résultats durables.
9 moisMerci Butterfly School, LUMIÅ, La Jolie Prod pour ce toujours aussi bel élan de la C4 Veronique Letellier 🦋 🦋Céline Robert 🦋 🦋Chloé Conda 🦋 🦋Christophe Sempels Chiara Momo Coline Tison Antoine Denoix