Y a-t- il un leadership spécifiquement féminin?
“C'est dur pour nous !” dit Valérie Pécresse. “Nous sommes sans cesse critiquées sur nos coiffures, sur nos vêtements sur nos chaussures ! Nous sommes attaquées sur nos familles...Mais nous devons également donner confiance aux jeunes générations , leur dire qu'elles peuvent y arriver !”.
Même constat de la part d'Anne Hidalgo : “ Depuis que je suis toute petite, j’ai envie d’arracher les étiquettes. Depuis, je lutte sans relâche contre le déterminisme social qu’on impose aux femmes, déterminisme de genre, déterminisme social. Je veux que chaque petite fille puisse se dire : je peux y arriver ! Quel que soit le quartier où elle est née, quel que soit le métier de ses parents.”
Elisabeth Moreno renchérit : “Les femmes doivent vivre leur vie! Comme elles le souhaitent, sans barrières. Tant que l'on disqualifiera les femmes parce qu'elles sont femmes on aura un temps de retard."
Mêmes encouragements de la part de Catherine Guillouard qui partage avec nous le conseil de sa grand-mère : “Ne dépends jamais financièrement d'un homme autrement tu es cuite !”
Quant à Marie-Jo Zimmermann, elle a rappelé combien il a fallu qu'elle s'accroche pour faire voter une loi que beaucoup pensaient inapplicable. Elle est pourtant aujourd'hui plébiscitée par 91% des français.
Que de sincérité chez ces femmes réunies par le Think Tank Marie Claire Agir pour l'Egalité! Elles ne sont pas d'accord sur tout. Elles appartiennent à des partis politiques différents et s'affrontent sur le fond. Mais elles ont choisi de faire front commun et de témoigner pour faire avancer le leadership féminin.
Car si des progrès ont été réalisés, le chemin reste long et difficile.
Et pourtant le leadership féminin est important car les expériences de vie sont différentes et il est essentiel que les intérêts des femmes soient représentés.
Pourrions-nous attendre d'un homme qu'il pense à mettre des distributeurs de protections périodiques dans les collèges et lycées ou à comprendre la charge familiale pesant principalement sur les épaules des femmes?
"Tout le poids de la solidarité familiale repose sur les femmes et c'est ce qui donne une sensibilité différente" selon Valerie Pécresse .
Mais au-delà de l'expériences de vie différente , le genre a-t-il un impact sur le leadership?
Y a t-il des qualités dites féminines telles que l’empathie, l’écoute, la recherche des actions concrètes, un management plus transversal? Et des qualités dites plus masculines comme la force, le charisme, la prise de risques,...?
Cette question ne fait pas l'unanimité.
Pour Valérie Pécresse il n’y a pas de leadership spécifiquement féminin et les français attendent la même chose de leurs dirigeants qu’ils soient femmes ou hommes : du courage, de l'autorité de la compétence et de l'efficacité .
Anne Hidalgo est plus nuancée. Selon elle, le management et la relation au pouvoir sont différents : « Je suis opposée à l’essentialisation des rôles et des idées en fonction des genres. En revanche, parce qu’elles n’ont pas bénéficié des mêmes conditions d’accès au pouvoir que les hommes, les femmes n’ont pas forcément la même façon de concevoir le fait de gouverner. Elles sont plus attentives aux questions telles que la maternité, le harcèlement moral, l’équilibre vie privée / vie professionnelle. Mais si les hommes n’y sont pas convertis eux aussi, on prêchera continûment dans le désert. »
Pour Elisabeth Moreno "On est leader quand on décide de l'être. La moitié de ma vie il y a toujours eu quelqu'un pour me dire ce que je devais dire ou faire et à un moment donné je me suis dit : je veux être ce que suis indépendament de ce que les autres attendent de moi."
Mais une chose est sûre, ces femmes de pouvoir ne veulent pas se déguiser en homme. Elles veulent rester elles-mêmes.
Mais que veut dire se déguiser en homme? Le leadership a t-il un sexe? Est-ce entretenir les stéréotypes de poser unetelle question?
Certains considèrent qu’évoquer des différences de leadership entre les femmes et hommes contribuent à entretenir les stéréotypes alors que d’autres pensent qu’il faut accepter ces différences et les assumer.
Selon Warren Bennis, universitaire et auteur américain expert en leadership, "les femmes sont souvent considérées comme sachant gérer les choses et les hommes sachant guider les individus et les inspirer." Le leadership serait plutôt une sorte de reconnaissance d’une autorité informelle reposant sur l’influence et sur une vision qu’ils cherchent à réaliser et non un statut.
Cette définition interpelle.
Les femmes seraient-elles moins aptes que les hommes à inspirer? Le leadership masculin serait-il plus inné? Alors que celui des femmes reposerait sur un parcours de vie qui les oblige à miser davantage que les hommes sur leurs compétences pour imposer leur leadership? Cette vision est-elle la conséquence d’une histoire millénaire patriarcale ou une réalité biologique?
Selon les intervenantes, la vision, le courage, la passion et la capacité à entraîner les individus que ce soit en politique ou dans l’entreprise ne dépendent pas du genre.
Elles ont les mêmes ressorts et motivations : la passion, l’engagement, le courage, le désir de vivre leur vie comme elles l’entendent et surtout la volonté de changer le monde.
Ces femmes, tout comme Angela Merkel, Christine Lagarde, Ursula Von Der Leyen ou Kamala Harris ouvrent la voie et démontrent que les femmes comme les hommes sont des leaders incontestables.
Leur leadership est-il différent? Est-ce vraiment la question?
La réponse se trouve dans leur efficacité, dans leurs compétences et dans leur capacité à agir et penser le monde . Mais le sexisme tue les rêves et les idéaux, même si les peuples sont en avance par rapport aux appareils politiques, à l’entreprise et aux médias.
Car il existe encore une caricature de la femme puissante pour la discréditer.
Il faut changer cette représentation qui reste un frein pour certaines jeunes filles qui s’interrogent : peut-on concilier féminité et pouvoir? Réussite personnelle et professionnelle?
Pourtant le partage du pouvoir et de la gouvernance en politique et dans l'entreprise représente une progression sociétale indispensable. Elle est un atout pour tous et c'est pourquoi ce combat doit être mené par les hommes et les femmes.
L'exemple de la loi Copé-Zimmerman en est l’illustration. Si l'idée est celle de Marie-Jo Zimmermann, le soutien de Jean-François Copé alors président de groupe a été déterminant pour faire voter la loi.
L'implication doit se faire à tous les niveaux:
- L’évolution doit se jouer en premier lieu au sein de la famille. Les parents doivent encourager leurs filles comme leurs fils à briguer les plus hautes fonctions.
- L'école doit renforcer la culture de l'égalité.
- L'entreprise doit aller chercher les talents et faire monter les femmes dans les COMEX et CODIR.
- La politique doit continuer à légiférer pour changer les mentalités.
- Les médias et les journalistes doivent participer à lutter contre la caricature des femmes puissantes en traitant les hommes et les femmes de manière similaire. Elles ne demandent pas de traitement de faveur mais simplement qu'on les jugent sur leurs actions et non sur leur physique.
Selon Catherine Guillouard, "la crise que nous traversons est une grande leçon d'humilité pour tous les dirigeants, seules la mixité et la complémentarité des compétences nous permettront de trouver des pistes de sortie."
Les citoyens attendent de leurs dirigeants du courage, de la vision, de la compétence, de la proximité et des résultats.
Ces qualités ne sont pas l'apanage d’un genre ou d' un sexe et gageons que les français sont prêts à voter pour celle ou celui qui leur inspirera confiance, présentera un projet de société sur le long terme, des réponses sur le court terme, du courage et de la vision pour répondre aux grands défis de notre humanité.
Je vous invite à visionner l'intégralité de cette table ronde sur ma chaîne youtube ou sur le site internet de Marie Claire.
Valérie Hoffenberg, Présidente du Connecting Leaders Club et co-fondatrice du Think Tank Marie Claire Agir pour l'Egalité
Président du CFADS
3 ansEt compétence...
Présidente Cap Métissage | Directrice Assurance | Innovation Marketing Digital | VP Partenariats ONU Femmes France | Experte Diversité - Égalité des chances
3 ansLa question est difficile, merci Valerie Hoffenberg d'avoir ouvert le débat ! Les réponses sont très authentiques et personnelles, cela donne envie d'en savoir encore plus sur le parcours de chacunes...
COO at UniverXo
3 ansQuand une femme cherche a diriger comme un homme, ca ne fonctionne pas. D'ou l'interet d'integrer des femmes dans ses equipes, et le succes des management feminin depuis peu.
ARTEFACT 🔹 AI FOR SPORT CONFERENCE 🔹 AI FOR LUXURY CONFERENCE
3 ansRicardo Croati
Directeur de Partenariats et du développement auprès du Ministère de la jeunesse et du sport de Madagascar
3 ansPourquoi s'acharne-t-on sur la féminine, masculin. Le risque de discrimination est très mince dans ces démarches. Le problème climatique et sanitaire ne sont pas peut être assez pour nous accapare notre temps de travail et de réflexion.