Combattons l'imposture

 🗞 Bienvenue dans ce nouveau numéro de la revue émotive ❤️+ 🧠

Aujourd’hui, j’avais envie d’évoquer avec vous un sentiment encore tabou et pourtant si courant : le sentiment d’imposture. 

Dans cette revue émotive, nous allons décortiquer ce sentiment qui peut toutes et tous nous traverser, comprendre pourquoi il nous touche et voir quels sont nos leviers d’action pour y mettre fin (ou au moins le reconnaître et le maîtriser !). 

Commençons par faire une différence fondamentale : douter de soi à un moment donné, dans une situation donnée, n'est pas un problème. Mais là où le syndrome d’imposteur devient pernicieux, c’est quand il s’empare de notre quotidien, de notre statut social ou professionnel, de notre identité… C’est quand il nous susurre à l’oreille que ce succès, ce projet, cette opportunité… on ne les mérite pas. Que tôt ou tard, on finira par découvrir que nous cachons une imposture. 

Là où le doute et la remise en question sont temporaires et constructifs, le syndrome de l’imposteur est persistant et paralysant.

L’imposture fonctionne selon deux mécaniques qui, ensemble, enclenchent un cycle vicieux : 

=> la remise en question de soi, de ses capacités, jusqu’à même son identité

=> la peur persistante et internalisée (masquée) d’être percé.e à jour

Ce qui est essentiel à comprendre c’est que ce syndrome trouve ses racines dans l’estime que nous avons de nous-mêmes. 

L’estime de soi est la perception que l’on a de sa propre valeur. Quand elle est solide, on se sent capable et  légitime (pas 365 jours par an non plus !). À l’inverse, quand elle est fragilisée, elle ouvre la porte au doute et, souvent, au syndrome de l’imposteur. 

Cette faible estime altérée déforme la façon dont on interprète alors sa vie, ses succès, ses échecs, jusqu’à ses capacités, ses espoirs. 

Les symptômes d’une estime de soi déséquilibrée : 

=> vous posez la barre tellement haute que vous ne répondez jamais suffisamment à l’idéal que vous vous “devez” être. À rechercher une perfection qui n’existe pas, vous n’atteignez jamais la satisfaction, jamais la sérénité. 

=> chaque erreur devient un échec et chaque échec une preuve supplémentaire de votre incapacité et une dégradation supplémentaire de cette estime de vous-même.

=> vous souffrez d’un manque de reconnaissance. Un manque de validation peut renforcer ce sentiment d’illégitimité. 

=> vous savez mal vous auto-évaluer. Vous ne vous faites pas confiance globalement, vous ne vous fiez pas à votre jugement. Vous avez peur d’être vous-même

Evidemment ces symptômes résonnent fortement avec ceux de l’imposture : 

=> vous refusez des opportunités qui s’offrent à vous car vous ne vous en sentez pas capable

=> devant un challenge ou une nouveauté, vous vous surpreparez, vous vous mettez beaucoup de pression. Vous pouvez même avoir tendance à la procrastination. Le surinvestissement peut alors devenir chronique et aboutir à un burn out.

=> vous n’êtes pas à l’aise quand l’attention est portée sur vous. Vous confronter au regard de l’autre est une potentielle menace pour vous.

=> vous vous auto-sabotez intérieurement (en vous dégradant mentalement) 

=> vous vous comparez trop aux autres (et surtout trop souvent). Les autres sont votre curseur de jugement. Evidemment dans une société moderne dans laquelle les réseaux sociaux nous bombardent d’images de vies parfaites, ça n’aide pas… Résultat : on compare notre réalité à la version filtrée des autres. Quel miroir déformant et déformé ! 

=> vous êtes épuisé.e, insatisfait.e, frustré.e, déprimé.e mais rien que l’idée de chercher mieux pour vous, vous pousse à rester dans cet inconfort permanent mais plus sécurisé. 

Vous commencez à reconnaître ces symptômes ? Alors pour démasquer définitivement ce saboteur intérieur demandez-vous :

=> est-ce que j’attribue mes réussites, mes succès à moi-même ou ai-je tendance à les banaliser, les amoindrir (voire les annihiler) ? Ai-je tendance à attribuer ces réussites à un coup de chance ? Ou même aux autres ?

=> est-ce que je me perçois tout aussi légitime, intelligent.e, compétent.e que les autres ou ai-je tendance à me considérer inférieur.e ? 

Alors comment pouvez-vous agir ?

Premièrement, sachez que je vous ai indiqué les symptômes, pas les causes profondes. Celles-ci sont à explorer par vous-mêmes avec l’accompagnement d’une personne compétente. 

Mais en attendant, vous pouvez agir, voici quelques pistes : 

=> commencez par reconnaître vos qualités de manière très pragmatique. Faites une liste ! Et si vous n’y arrivez pas, demandez aux personnes de confiance.

Nourrissez ces qualités en recherchant des exemples concrets des anecdotes qui vous « prouvent » que ces qualités sont les vôtres et pas le fruit de circonstances en votre faveur. 

=> reconnaissez quand vous sortez de votre zone de maîtrise ! Personne ne peut exceller dans tous les domaines. Quel est votre cadre de pertinence ? Même si l’on maitrise 10% du sujet, et bien c’est tjs 10% qui se valent ! 

=> prenez conscience de votre saboteur quand il parle. Les petites phrases assassines comme : "Ils vont bientôt découvrir que je ne sais pas ce que je fais," ou "C'est juste de la chance." Dans ces moments-là, vous pouvez même lui dire d’aller se faire voir ailleurs !

=> Puis analysez ce saboteur mental : quand ces pensées ont-elles débuté (y a-t-il eu un déclencheur) ? Dans quelles typologies de situation apparaissent-elles ? 

Dernier tips : célébrez vos victoires, même les petites. On a tendance à passer à la prochaine étape sans prendre le temps d'apprécier ce qu’on a accompli. Plutôt que de vous concentrer sur vos échecs ou sur ce qu’il vous reste à faire, prenez le temps de reconnaître vos accomplissements.

Et en fin de compte…

Rappelez-vous simplement que vous êtes légitime. Le syndrome de l'imposteur est une illusion. Pensez-y un instant la prochainement qu'il essaiera de s'inviter en vous.

Alors la prochaine fois que le syndrome de l’imposteur frappe à votre porte, souriez-lui, mais ne le laissez pas entrer. 

Avec toute ma confiance en vous, 

La Narratrice