Vers une fracture cognitive (épisode 2)
L’article précédent abordait le fait que l’humanité a, au moins depuis la révolution agricole, souffert de fractures entre catégories de populations ainsi que la genèse du « numérique électronique » dont l'avènement se base sur l’électronique dans les années 1950 et a connu un rapide essor en moins d’un demi siècle.
Réflexions sociétales et environnementales S01E02 : La fracture numérique est consommée
Du numérique électronique à la démocratisation du Web et des Apps sur smartphone
A ce jour, rares sont les personnes qui peuvent se passer d’un ordinateur ou d’un smartphone connecté à Internet pour la plupart des démarches courantes. Et tout est fait pour que ce soit un passage obligé, au nom d’un sacro-saint « progrès ». Que ce soit déclarer ses revenus pour les impôts, prendre un billet de train, accéder à ses décomptes de sécurité sociale, faire des démarches administratives diverses (comme obtenir une carte grise par exemple), régler ses charges de copropriété, beaucoup de démarches se font maintenant via Internet, voire ne peuvent plus ou ne pourront plus passer que par ce biais dans un futur proche.
Force est toutefois de constater un côté pratique, si on sait les utiliser, voire écologique de ces façons de faire, même si cela reste à prouver concrètement comme nous l’avons déjà évoqué à propos de la numérisation des informations analogiques telles que musique, image fixe ou animée. Ne plus avoir le billet de train carton avec sa piste magnétique, qui était autrefois imprimé et finissait dans une poubelle rarement recyclée, me semble plutôt positif. Ne plus recevoir de relevés de comptes bancaires, ou de décompte de sécurité sociale par courrier aussi.
La numérisation apporte aussi son lot d’avantages : pouvoir facilement annuler ou échanger un billet sans avoir à se déplacer, retrouver plus facilement une opération dans un relevé bancaire via les systèmes de recherche des systèmes d’exploitation moderne qui indexent maintenant le contenu des documents et plus uniquement les noms de fichiers, conserver ses relevés, factures, bulletin de paye dans un « coffre numérique » de façon fiable et pérenne…
Une part de ces commodités a pour contrepartie de livrer aux entreprises, organismes et institutions de nombreuses informations personnelles nous concernant, sans que nous sachions précisément lesquelles et comment, malgré le RGPD. Qui lit dans le détail l’utilisation qui est faite des données personnelles sur tel ou tel site ? Mais c’est une question de protection de la vie privée et des libertés individuelles, notamment pour leurs utilisations mercantiles, qui sort du cadre de notre sujet, tout comme l’impact écologique et environnemental des technologies numériques. Dans quels cas est-ce plus impactant et dans quels cas l’est-ce moins n’est pas l’objet du jour.
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Du web et du smartphone à la fracture numérique
Dans les années 80-90 s’intéresser à l’informatique et avoir un ordinateur relevait plus d’un choix personnel pour satisfaire sa curiosité, être « dans le vent », ne pas vouloir se trouver dépassé face à cette technologie émergente, dont on sentait bien, par sa présence de plus en plus grande au sein des entreprises, qu’elle allait être « l’avenir ».
L’apparition du World Wide Web, maintenant abrégé « Web » (toile d’araignée en anglais, mondiale pour les 2 premiers « W ») et inventé par Tim Berners Lee et Robert Cailliau au CERN rappelons-le, a fourni une accélération fulgurante à la micro-informatique. D’un appareil de « geek », voire un gadget du point de vue de certains, l’ordinateur devenait, en plus, un outil d’accès à une information libre, gratuite et considérable (avec tous les travers que cela comporte) et de communications interpersonnelles via le mail puis les messageries instantanées.
Au-delà de la « déshumanisation » que provoquent ces façons de faire quand la communication se fait avec un site ou un robot programmés pour répondre à des questions précises, les personnes ne disposant pas d’accès ou ayant des difficultés à utiliser Internet ou un smartphone sont notoirement pénalisées. Elles souffrent de la « fracture numérique ».
Elles peuvent parfois demander de l’aide à leur entourage familial ou amical, voire à des associations, ou mandater une personne ou une entreprise pour réaliser l’opération à leur place, souvent moyennant finances (ex. faire faire une carte grise). Les pouvoirs publics essayent également de prendre leur part à la réduction de cette fracture numérique, sujet que reprennent allègrement les politiques dans leurs programmes de campagnes, mais avec quelles mesures et mises en œuvre concrètes, une fois élus ?
Sans nier l’importance de toutes ces questions et leur impact à court terme sur l’avenir de nos sociétés et de la planète dans son ensemble, mon interrogation, au travers de cette série d’articles, porte sur ce qui me semble poindre à grande vitesse : une fracture cognitive de l’humanité. Ce sera l’objet des prochains épisodes...