2024 s'écrira peut-être 2Q24. Q pour Quantique.

Il a fait son apparition dans le 1er épisode de la dernière saison de Black Mirror, j'ai nommé le Quantique. Certainement là un signe de démocratisation à venir de cette approche pourtant particulièrement complexe à comprendre mais surtout à accepter dans notre logique forgée depuis des années par l'informatique binaire.

Dans l'épisode en question, intitulé "Joan est affreuse", on suit justement cette Joan, dont la vie est adaptée en temps réel dans une série télévisée avec Salma Hayek. Un épisode, à la fois comique et critique envers les services de streaming et la vie privée, et qui explore des thèmes comme l'intelligence artificielle, l'impact de la technologie sur la vie personnelle et le divertissement, et, on le comprend à la toute fin, qui explore également l'informatique quantique, et plus particulièrement la notion de superposition et celle d'intrication, sans jamais bien sûr les nommer, on est après tout dans le divertissement.

Vite comme ça, la superposition c'est le principe quantique selon lequel un qubit, soit l'unité de base de l'information quantique, analogue au bit dans l'informatique classique, peut exister dans plusieurs états simultanément, contrairement aux bits classiques qui sont soit 0, soit 1. L'intrication quantique quant à elle, est un autre phénomène où deux qubits deviennent corrélés de telle manière que l'état de l'un dépend instantanément de l'état de l'autre, peu importe la distance les séparant. Et c'est sur ces deux points que les réalisateurs de ce 1er épisode de Black Mirror ont construit tout leur scénario. Absolument fascinant de pouvoir concrètement comprendre cette technologie, même si à première vue on a toujours le goût de la rejeter puisque nous l'associons très facilement au phénomène de télédéportation, véritable science fiction à nos yeux, dont on a toujours rêvé mais que l'on sait parfaitement irréalisable... sauf quand on regarde Black Mirror.

C'était justement mon point dans ma 4ème prédiction pour l'année 2024. Difficile de prédire avec certitude si la technologie quantique sera particulièrement mise de l'avant en 2024, mais il est certain que l'intérêt et les investissements dans ce domaine sont en augmentation constante. À cela, nous devons ajouter dans l'équation, sa démocratisation potentielle qui on le comprends, a déjà commencé par son incarnation dans le personnage de Joan jouée par Salma Hayek. Parlez-en à ChatGPT de la démocratisation et vous aurez là un bel exemple de ce que cela peut donner.

Et effectivement, les recherches et les avancées dans les technologies quantiques progressent rapidement, et l'année 2024 pourrait voir des développements significatifs. On a juste à observer les nombreux pays qui intensifient leurs efforts pour prendre la tête dans ce domaine révolutionnaire et qui ont annoncé des plans et des investissements importants pour le développement de la technologie quantique, pour comprendre qu'il s'agit d'un sujet brûlant à l'échelle mondiale. Les États-Unis par exemple, ont prévu un investissement allant jusqu'à 1,2 milliard de dollars entre 2019 et 2028 dans la recherche et le développement de la technologie quantique, reflétant leurs efforts continus pour maintenir leur position de leader dans la course à la supériorité quantique. La Chine n'est certainement pas en reste, avec des investissements substantiels dans ce secteur, notamment la construction d'un laboratoire national pour les sciences de l'information quantique, représentant un investissement de 10 milliards de dollars, et soulignant là aussi pour la Chine, une ambition de devenir un acteur majeur dans la technologie quantique. Même l'Europe, qui d'habitude se fait la spécialiste de la régulation, a lancé le programme Quantum Flagship, un projet ambitieux doté d'un budget d'1 milliard d'euros sur 10 ans, par l'intermédiaire de la Commission européenne, et qui vise à positionner l'Europe à l'avant-garde de la révolution quantique, en améliorant sa présence dans le développement et l'utilisation des systèmes. En plus de ces efforts gouvernementaux, il existe également des initiatives privées et des partenariats public-privé qui cherchent à exploiter les avantages potentiels de la technologie quantique pour l'économie, tels que l'amélioration des systèmes de santé, de transport et d'énergie. Des investissements qui pourraient peut être commencer à porter fruits en 2024. Chez nous, au Québec, c'est à Bromont, avec la Zone d'Innovation DistriQ que nous misons, une initiative stratégique majeure qui vise à renforcer le positionnement industriel dans le domaine des sciences quantiques et des technologies, et conçue pour être un catalyseur et ainsi stimuler l'innovation et sa commercialisation.

D'autres types de projets commencent aussi à émerger, liés par exemple à la cryptographie, à la simulation de systèmes moléculaires pour la découverte de nouveaux médicaments et matériaux, ou encore à l'optimisation complexe pour la logistique et la finance. Des champs d'applications suffisamment porteurs pour que les Google, IBM et Intel de ce monde, se livrent à une course aux Qubits et fassent du Quantique une technologie de plus en plus collaborative et internationale. IBM et Google ont d'ailleurs chacun engagé des fonds importants pour soutenir la recherche universitaire en informatique quantique, notamment à l'Université de Chicago et à l'Université de Tokyo. IBM a promis 100 millions de dollars, tandis que Google contribue avec 50 millions de dollars sur dix ans, via des crédits Google Cloud pour la recherche et l'éducation en informatique quantique, des subventions de recherche pour les professeurs, un financement pour la recherche de premier cycle et de cycles supérieurs pour soutenir le développement de carrière et catalyser les percées de recherche des étudiants talentueux, et tout ça avec des accès pour les chercheurs au matériel informatique quantique de Google pour soutenir le développement d'un ordinateur quantique tolérant aux fautes. Des investissements qui visent donc à promouvoir les avancées significatives dans le développement de l'informatique quantique, et qui pourraient rendre la technologie plus facile à commercialiser.

Des initiatives qui mettent en évidence l'importance croissante de l'informatique quantique et la volonté des leaders technologiques de promouvoir des avancées dans ce secteur en plein essor.  Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la technologie quantique est encore dans une phase de recherche et développement, et que de nombreux défis techniques doivent être surmontés avant que son potentiel puisse être pleinement réalisé. Les prédictions concernant cette technologie sont donc pour le moins incertaines, et bien que le quantique soit prometteur, son adoption généralisée pourrait prendre plus de temps que prévu. Mais on a été surpris par l'IA générative, alors pourquoi pas par le Quantique ? Surtout si c'est Salma Hayek qui en est aux commandes, n'est-ce pas ?...