4ème Révolution industrielle : Un nouvel âge d'or ?

4ème Révolution industrielle : Un nouvel âge d'or ?

Des travaux récents des Bell Labs donnent une explication plausible à la stagnation séculaire de la productivité observée depuis une trentaine d’années et prévoient une accélération brutale dans les prochaines années avec un pic aux alentours de 2030. Le retour des 30 glorieuses ?


Le débat sur la stagnation séculaire de la productivité fait rage. Pour ses partisants dont le principal représentant est Robert J Gordon (The rise and fall of american growth), la croissance forte induite par les innovations du 19ème et 20ème siècle apportées par les 1ère et 2nde révolutions industrielles est derrière nous, et les innovations de la période actuelle ne sont pas de nature à relancer la croissance de la productivité. La thèse inverse est portée en particulier par le travail récent d’une équipe des Bell Labs.

Reprenant le travail de Gordon, ils s’intéressent tout d’abord à la période 1875 – 1975 aux USA. Ils montrent que la croissance de la productivité sur cette période peut être modélisée par une courbe en S, avec un point d’inflexion en 1951. Faisant l’hypothèse que la croissance est liée à la diffusion des technologies à travers l’extension des réseaux d’énergie, de transport, des réseaux sanitaires et des réseaux de communication, ils modélisent l’extension de ces réseaux et en les combinant, obtiennent une courbe en S similaire à la première, avec le point d’inflexion à la même date.

Extrapolation du monde physique au digital

L’équipe a ensuite extrapolé le modèle pour mesurer l’impact des 3ème et 4ème révolutions industrielles aux USA. Pour cela, ils ont modélisé l’impact de la diffusion des technologies digitales :

·     Energie digitale : compteurs intelligents, Energie renouvelable et smart grids

·     Santé digitale : mesure des paramètres de santé en continu et administration intelligente des soins

·     Transport digital : vehicules autonomes et intelligence artificielle

·     Communication digitale : réseaux haut débit, diffusion des smartphones, des assistants cognitifs (bots), du e-commerce

·     Production digitale : fabrication additive, cloud à faible temps de latence


Leur modèle prévoit une explosion de la productivité avec un point d’inflexion aux alentours de 2030.

Autre curiosité la grande dépression de 1929 intervient tout juste 22 ans avant le point d’inflexion de 1951, et la crise de 2008 se situe 22 ans avant le point d’inflexion prévu en 2030. Une coïncidence ?

En complément, le même type de simulation basée sur la diffusion des réseaux physiques reproduit parfaitement le point d’inflexion de la productivité observé en Chine (2005) et en Inde (2006) induites par les deux premières révolutions industrielles.


La puissance des réseaux

Ce serait donc, non pas l’apparition des technologies, mais bien leur mise à disposition à travers un réseau de distribution qui serait à l’origine de l’augmentation de la productivité. On savait la puissance des réseaux considérable, puisque liée non pas au nombre de nœuds du réseau, mais au nombre de liens, d’interactions. Ce modèle confirme leur puissance.


Retard à l’allumage et accélération du temps

Ces modélisations et les observations font ressortir deux grandes révolutions industrielles si on les juge par rapport aux gains de productivité : la 2ème à la fin du 19ème siècle et la 4ème au début du 21ème siècle. Il est frappant d’observer le décalage entre le début des révolutions industrielles et le point d’inflexion de la productivité. Le saut de productivité des 30 glorieuses de 1951 apparaît 75 ans après le début de la 2ème révolution industrielle, et le point d’inflexion prévu en 2030 une vingtaine d’années après le début de la 4ème révolution industrielle.

L’extrapolation du monde physique au monde digital est audacieuse et les hypothèses sur les technologies et les réseaux pertinents discutables. Mais nous sauront vite. La prédiction suggère que le frémissement observé sur la croissance depuis deux ans devrait s'accélérer de façon puissante et continue. Rendez vous donc d’ici 3 à 4 ans pour confirmer si le saut de productivité est en train de se produire. 


Retrouvez ici la publication originale et ici la présentation de ces travaux en vidéo

L'original de cet article a publié sur Le Cercle Les Echos

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