Acte 02 : l'escalade du déni
Mars 2020.
OK on est tous enfermé chez soi à essayer de faire du pain, des ateliers créatifs (lampes en béton et meubles en bois pour aménager le van pour ma part) et essayer de se tenir à avoir un semblant d'activité physique.
Dans mon cas il y a un paramètre en plus, je ne suis pas en télétravail puisque j'ai encore droit à des indemnités chômages pendant quelques mois.
Le chômage justement.
C’est la première fois de ma vie que j’y fais face. Je n’ai pas pris trop de recul par rapport à cette situation pendant cette première année avec le projet de salle d'escalade. D’ailleurs c’est bien le mot : avancer. J’ai toujours fait ça. Mais là il faut le reconnaitre, je suis à l’arrêt complet. Ce “nouveau” statut de chômeur fût assez désagréable à porter. Une étiquette qui gratte un peu trop. Oui le poids de la représentation sociale du travail m’est tombé sur le coin du museau sans prévenir. J’imagine aisément que c’est un problème d’égo avant tout, toujours est-il que ça ne m’aide pas. Et le soutient à coup de "non mais c'est ok le chômage, t'as toujours bossé alors profite et prend le temps" entre par une oreille mais ressorte aussi tôt.
Bref. Dans ma tête et au fond de moi une seule chose est sûr : les startups nation kikoolol, le management intermédiaire avec de toute façon du control freak au sommet de la pyramide, les RH baby-foot, nerf et autres jeux vidéos, le cul sur une chaise derrière un écran… je n’en veux plus.
Mais en même temps je n’ai pas l’impression de trop savoir faire autre chose que de parler produit avec des designers, inté, dev, market, strat… Huuuuum dilemme.
Ok on a à nouveau le droit de sortir de chez nous, alors go pour s'oxygéner la tête. Ce sera donc un "petit" tour des spots historiques de grimpe en France lors un périple solo en van fraichement aménagé qui se terminera dans l'Ubaye en septembre sous la neige avec Greenspits !
Il est temps de rentrer et de se mettre au travail même si le cœur n’y est pas et que j’ai toujours en tête un projet monstre qui me mange le cerveau. Sur la route du retour, je fais un pèlerinage en Ardèche sur la terre de mes ancêtres.
Un matin, profitant d'un point de vue magnifique à boire un café tranquillement posé sur les hauteur de Fontgarnide, le portable sonne une première fois dans le vide. Un numéro inconnue. Trop tôt pour avoir envie de parler avec un téléopérateur. Puis une seconde fois. Étrange. La troisième est la bonne je décroche :
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“Olivier Fredon ? Oui bonjour j’ai eu vos coordonnées par un tel qui fait de l’escalade au Club Alpin Français d’Agen. Il parait que vous montez une salle d’escalade dans le Lot et Garonne ?”
Là en une fraction de seconde tout ressurgit. Tout et même l’envie de se casser les dents à nouveau !
Au final, on reste plus d’une heure et demi au téléphone. Je lui donne tout ce que j’ai. Je connais le projet encore par cœur, sauf qu’en plus j’ai appris des erreurs passées. Je me positionne :
“Non je ne le referai pas mais je serai ravi qu’une telle salle existe alors je veux bien vous faire passer l’ensemble du prévisionnel et du business plan”.
On réalise qu’on se connait avec Julien PASCAL . On a fréquenté des personnes en commun, côtoyé le même milieu et les mêmes soirées entrepreneuriales de l’agenais. Le courant passe plus que très bien entre nous. Il conclut la discussion en me lançant une perche : “tu finis ton roadtrip tranquillement et quand tu es dans le coin tu m’appelles et on voit ce qu’on peut faire.”
Fin septembre on se voit. Fin octobre on a remanier le prévisionnel en le passant à une tout autre échelle. On le présente à son cabinet comptable puis à ses partenaires financiers, tous les voyants sont au vert une fois de plus. Tout le monde nous suit. Novembre le bâtiment est trouvé, l'emplacement est top, le potentiel énorme, Julien et un associé signe pour l'achat et montage en SCI. On refait tous les plans et devis, on monte un dossier avec l’archi pour dépôt de demande de permis de travaux. Le 24 décembre Julien m’envoie un SMS avec en photo la validation du permis signé par l’agglo d'Agen !!!
Le projet va à une vitesse folle, il a pris une toute autre dimension. Julien, riche de son expérience accomplie avec 99Déco, voit loin et donne de l’ambition à ce projet. Ambition qui nous a surement fait défaut sur la première version. Le dossier est canon, on bosse sur la marque, les fournisseurs, l'aménagement des locaux et activités annexes, les partenariats...
Sauf que pour la troisième fois (oui j’en ai sauté une mais vous vous rappelez j'en suis sûr), l’invité relou COVID s’invite à nouveau. Nous somme en début d’année 2021. D’un coup les banques deviennent frileuses et mettent des conditions plus sévères. Par conséquent ça refroidit également les investisseurs. Le projet chiffre toujours autant mais on se retrouve finalement avec moins que prévu et surtout encore et toujours cette incertitude quand à la possible date d’ouverture.
Février 2021, l'investisseur principal se retire du projet estimant le risque trop élevé. Deuxième plantage de projet ! La claque est pour moi moins grande que la première fois, mais belle et bien là.
Fin de la récré.
Fini le chômage par la même occasion et je n’ai plus rien qui rentre.