Agilité et Education
La rentrée des classes a eu lieu et comme chaque année la réunion parents-professeurs permet de savoir comment va fonctionner la classe, quelles seront les exigences du professeur, ses attentes.
En général cette réunion est sans grosse surprise, on parle évaluation, programme de l’année, cahiers, crayons, règles de vie et pédagogie.
Mais cette année j’ai eu le plaisir de voir le professeur de math de l’un de mes enfants proposer une pédagogie qui n’est certes pas nouvelle mais que je n’avais encore jamais vue appliquée. Cette méthode consiste en l’inversion des activités habituelles. Cours à la maison par vidéo, exercices en classe :
- L’élève regarde le cours chez lui le soir via une vidéo faite par le professeur, il note le cours et l’apprend.
- Lors du cours suivant, le professeur vérifie que tout le monde a bien compris et appris le cours, et éventuellement il donne des explications supplémentaires. Le professeur apprend de ses élèves ce qui a pu mal être compris et ce qu’il peut améliorer. Il pourra faire évoluer sa vidéo ensuite.
- Puis la majeure partie du temps de classe est dévolue à la pratique, aux exercices, car c’est là que la présence du professeur a le plus d’impact pour les élèves.
Pendant la classe, le professeur lève les blocages au moment où les élèves ont besoin d’avoir compris pour appliquer et favoriser l’apprentissage par l’expérimentation.
En écoutant ce professeur exposer cette méthode, des petites cloches ont sonné dans mon esprit : impact, valeur, mise en avant de la pratique et du test, acceptation de l’erreur pour mieux apprendre, mais également feedback, retour d’expérience et amélioration continue. Et cela aussi bien pour les élèves que le professeur.
Le professeur n’est plus présent physiquement uniquement pour délivrer une connaissance que les élèves devront acquérir seuls chez eux mais davantage pour s’assurer de sa transmission réelle. J’aurai l’occasion d’en voir des résultats cette année, peut être changerai-je d’avis, mais la démarche me parait intéressante.
Quand Sugata Mitra nous présentait ses expérimentations éducatives, en fin de compte il parlait impact, auto-organisation et intelligence collective.
Et l’Agilité dans tout ça ?
L’analogie avec les principes Agiles sont évidents et le changement de paradigme au niveau du rôle du professeur peut être comparé dans une certaine mesure à celui du manager qui passe d’un environnement de travail classique à un environnement Agile. Le professeur n’est pas la source unique de savoir mais un référent qui définit le cadre de l’apprentissage, l’objectif et intervient pour faciliter l’atteinte de l’objectif d’apprentissage. Cela me rappelle furieusement quelque chose ... ;)
Cet exemple parait représentatif de convergences vers des principes de fonctionnement moins unidirectionnels et plus focalisés sur l’impact et l’amélioration continue. Même si j’étais déjà convaincu de l’intérêt d’appliquer les principes Agiles à d’autres domaines que le développement logiciel, je commençais tout juste à penser à celui de l’éducation.
Il y a en fait déjà beaucoup d'expérimentations qui prennent souvent Scrum pour base. Le professeur endosse par exemple le rôle de Product Owner, il définit les objectifs de Sprint, des critères d'acceptation sont établis. Un élève prend le rôle de Scrum Master. L'objectif est clairement focalisé sur la collaboration, l'entraide à l'apprentissage et il semble que les résultats sont bons et que l'implication des élèves soit améliorée par le cadre proposé.
Comme exemples, on peut citer par exemple EduSCRUM aux Pays-bas. En France Christian den Hartigh est très actif sur le sujet et participe régulièrement à des conférences Agile, comme celle du Printemps Agile 2016.
C’est en tout cas un sujet auquel je vais m’intéresser davantage dorénavant car il y a beaucoup de choses à apprendre de ces expérimentations dans un contexte différent de ceux dont nous avons plus l'habitude au sein de la communauté Agile.
Consultante Logiciel - Chef de projet
6 ansEn premier lieu, je salue, Jérôme, la "qualités redactionnelles'" de ton post ! À l'instar de Mélanie, je trouve cette proposition très intéressante car, comme tu le dis, Jérôme, c'est lors de la mise en application des leçons que l'enfant a le plus besoin des explications du prof...Cela rend également le temps du cours beaucoup plus interactif entre le prof et ses élèves et participe certainement ainsi à la bonne assimilation des savoirs ! La réserve de Mélanie sur l'accompagnement nécessaire de l'enfant pendant la visualisation de la vidéo est à mon avis valable au-delà de ce média ! On est d'accord que lorsque les parents ont les capacités (et l'envie !) d'apporter leur soutien à leur enfant lors de ses apprentissages c'est essentiel, que ce soit via la lecture d'un livre, via un tableau (noir ou blanc), ou même des expériences concrètes, des visites de musées...Peu importe le support en fait pourvu qu' on ait l'envie de donner envie d'apprendre 😊
Professeur de yoga - Sophrologue
6 ansMerci Jérôme Je suis très intéressée par les résultats de cette expérience . Le presenciel me paraît indispensable pour l ‘éducation mais en effet doit-il se situer dans la livraison brute du cours , qui n autorise pas de partage dans une classe de 30 ou dans le renforcement de la transmission par une validation de l intégration par chacun des élèves ! Reste à savoir si chaque élève est capable de se poser seul pour écouter un cours de maths . Tu nous diras ! Et les ponts entre l’agilité et l’éducation, le rapport au ludique également , me paraissent évidents.