Aman d yiman (Eau et Ame, même racine en tamazight)
La prestigieuse École Nationale Supérieure de l’Administration a inauguré, le 09/01/2024, son cycle de conférences ministérielles par l’intervention de Madame la Ministre de l’Economie et des Finances, Son Excellence Madame Nadia Fettah Alaoui, sur le thème "le Maroc face à la contrainte hydrique : enjeux socioéconomiques et orientations stratégiques. Cette importante conférence m’a inspiré ce présent billet portant sur cette même thématique d'une actualité très brulante.
D’emblée, il convient de noter que le Maroc, conscient de l’importance vitale de la gouvernance de l’eau, a entrepris, très tôt, des politiques hydro-agricoles volontaristes de modernisation du secteur. Rappelons rapidement qu’il a pratiquement mis en place d’importantes infrastructures (barrages, équipements hydro-agricoles et PMH), des politiques et stratégies hydro-agricoles ambitieuses (PMV, GG 2020-2030, PNE 2020-2050, PNEEI…), un cadre juridique sous-tendant la Gestion intégrée de l’eau (loi 10-95) et des structures institutionnelles diversifiées (ONI, ORMVA, ABH, ADA…).
Toutefois, le stress hydrique s’est aggravé durablement sous l’effet conjugué des sécheresses successives, de l’intensification de l’irrigation, de l’urbanisation galopante, mais aussi des politiques publiques « qui ne tiennent pas suffisamment compte des impératifs de durabilité des ressources » (cf. rapport sur le NMD).
Pour tenter de juguler les conséquences néfastes et immédiates de la pénurie persistante d’eau, notre pays a récemment multiplié les initiatives novatrices comme le dessalement des eaux de mer, le traitement des eaux usées, l’interconnexion des bassins hydrauliques, la rationalisation de la demande en eau …etc.
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Considérant que l’agriculture s’accapare plus de 85% des eaux exploitables, la question est de voir dans quelles mesures le modèle agricole adopté a-t-il pris en considération les conséquences socioéconomiques de la modernisation libéralisée de l’agriculture en termes de pertes d’emploi et de pauvreté dans les zones rurales ? les filets de sécurité, mis en place, ont-ils été efficaces ?
En se focalisant sur le cas des oasis, il est permis de dire que le désengagement de l’Etat a engendré la nette dévalorisation des palmeraies qui jouaient, jusqu’à récemment, un rôle vital dans la lutte contre l’avancée du désert. La surexploitation des eaux souterraines des plateaux présahariens peut être considéré comme un aveuglement économique, voire politique, qui semble encore inexpliqué. Le pompage excessif et anarchique des eaux a détruit l’agriculture vivrière des ksour et a disloqué les savoir-faire locaux en galeries drainantes. Considérées déficientes sur le plan technique, les khettara assuraient, pourtant et assez bien, la solution du problème délicat de reconstitution des nappes phréatiques.
La gestion rationnelle de l’eau et des ressources naturelles limitées passe par le renforcement du rôle de l’Etat dans sécurité alimentaire, la réforme des structures agricoles, le renforcement des infrastructures, le perfectionnement du capital humain et le développement de la recherche scientifique. Les pouvoirs publics sont sollicités pour assurer la redistribution des dotations budgétaires en faveur de l'agriculture vivrière, la protection des ressources rares et du patrimoine culturel et architectural des ksour, la réhabilitation des exploitations familiales des oasis, le soutien des revenus des paysans pauvres et l’amélioration de l’accès et de la qualité des services publics de base.
Le premier intérêt d’un tel billet, réside, pour moi, dans la relecture remémorative de mon article publié au Journal Al Bayane du 14/07/2000 sous le titre «Tinejdad : une palmeraie en péril ». Le second, est de contribuer à sensibiliser sur l’esprit de l’eau (imane = vie), cette vérité admise depuis la nuit des temps par les braves imazighen.
Ingénieur Hygiéniste du Travail et de l'Environnement
11 mois🙏🌹🙏
GRC | Tech | Internal Audit
11 moisSous l'effet des défis de pérennité de l'espèce humaine (et de la vie sur terre en général ) et du bien-être inter-générationnel, la notion de développement, éminemment économique au 19° et 20° siècles, a opéré une mue sémantique et le développement est devenu, au 21° siècle, durable et inclusif. Les problématiques liées à la surexploitation des ressources naturelles, au dérèglement climatique, aux défis énergétiques, à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion socio-économique doivent imprégner et même guider les politiques et l'action publiques. Cela nécessite l'émergence d'une expression "politique " porte-voix de ces défis dans un espace démocratique ouvert, rationnel et responsable. Excellent billet cher ami 🙏