#Antinomique 3 : Rétention & Consulting sont-ils réellement compatibles ?

#Antinomique 3 : Rétention & Consulting sont-ils réellement compatibles ?

Dans la série des antinomiques, je soumets à votre regard ce sujet qui agite le « petit monde » du conseil. Honnêtement, je me suis posé la question d’endosser la casquette du Directeur Conseil reprenant les éléments de langage Corporate : « nous mettons en place un ensemble d’actions visant à privilégier l’humain tout en gardant notre agilité, bla bla ».

La réalité (notre réalité ressentie) est beaucoup plus complexe & nuancée que cela ; tâchons déjà d’y voir plus clair sur la rétention et le consulting.

 

Vous le savez sans doute, le consulting présente un grand attrait pour les jeunes diplômés ; le recrutement de juniors n’est donc pas un sujet. En tout cas, pas pour nous !!

Plusieurs raisons à cela : un salaire assez attractif, la ligne sur son CV (on est plus bankable après), le fait de pouvoir travailler sur différentes missions, dans des secteurs variés, bref la diversité est un asset puissant. On peut également rajouter un point essentiel qui est que l’on apprend et grandit très (trop ?) vite par rapport à d’autres industries. Last but not least (ce n’est pas exhaustif), c’est un secteur qui se veut « jeune » ; on a donc pas mal de probabilités de rencontrer d’autres jeunes….quand on l’est 😊

Petit aparté (conciliabule intérieur), je ne suis pas victime du syndrome de jeunisme ; oui les profils expérimentés sont essentiels dans le conseil d’autant plus que nos clients sont très sensibles au concept des tempes grises !

Derrière ce paysage fort sympathique se cache une réalité un peu plus contraignante (comme dans tout métier me direz-vous) : une charge de travail importante (les semaines font souvent 50 heures), une exigence / qualité de service très forte, le sentiment de devoir toujours assuré (absence du droit à l’erreur ?) et enfin le stress ou plus généralement, la gestion des émotions. Si nous rajoutons à cela, des modes de fonctionnement entre les strates hiérarchiques assez oldschool (pas chez nous / dédicace aux gros cabinets en particulier anglo-saxons que je me garderai de citer : trop peur ☹) ou encore les déplacements en Ile-de-France, vous vous dites que oui le sujet de la rétention est une problématique prégnante dans le consulting.

Quelques chiffres pour illustrer cela :

  • 30% des consultants en moyenne quittent leur employeur chaque année,
  • 74% des consultants en poste depuis moins de 3 ans disent aussi rester ouverts à d’autres opportunités professionnelles.

Le turnover a un triple effet kisskool :

  • (tangible) Il coûte cher : le coût moyen du turnover par employé est estimé à 63 jours de salaire. Ce coût prend en compte les frais administratifs de recrutement d’un nouveau collaborateur ou l’intégration du nouveau collaborateur, etc. 
  • (moins tangible) il démotive : Lorsqu’une personne d’une équipe quitte l’entreprise, les collaborateurs restants peuvent être démotivés, voire incités à quitter l’entreprise, eux aussi. On remarque un effet négatif sur la motivation et l’engagement des collaborateurs qui vont alors se poser des questions. Cela impactera alors la productivité et performance de l’entreprise et peut accroître le coût du turnover en entreprise (ou le concept du chien qui se mord la queue).
  • (en découle) Les consultants partent très souvent quand ils commencent à être Bankable : l’entreprise investit sur eux, les forme, développe leur autonomie et BIM (!), c’est le moment où il(s) décident de partir à la concurrence et/ou chez un client qui flaire la « bonne affaire ».

Dans ce contexte, les entreprises dans le secteur du conseil ont beaucoup investi sur leur marque employeur et la palette d’actions qui va avec (encore une fois liste non exhaustive 😊) :

  • Travail sur les valeurs
  • Amélioration du process d’Onboarding
  • Politique RSE
  • Mise en place d’actions de convivialité (les fameux afterwork par exemple)
  • (plus rarement) Développement / généralisation du feedback

On arrive à la fin de cet article, et deux questions doivent vous brûler les lèvres :

Et HR PATH dans tout cela ? Comment en tant que manager / directeur vous gérez cela ?

Pour répondre à la 1ère question :

  • Nous reprenons pas mal de recettes utilisées par nos confrères (nos équipes RH en parleront bien mieux que moi)…
  • …A cela nous ajoutons une grosse pincée de convivialité (croyez-moi sur parole, chez nous ce n’est pas un vain mot)…
  • …nous ajoutons un parcours de formation lors du process d’Onboarding afin que nos (jeunes) recrues touchent du doigt un grand nombre de nos domaines d’intervention…
  • …parcours que les consultants pourront ensuite customiser grâce à notre Université Interne #PATH2LEARN…
  • …et enfin des communautés en tout genre
  • MAIS le vrai plus c’est la farouche volonté de passer beaucoup de temps à s’intéresser aux motivations intrinsèques de nos consultants : qu’est ce qui les motivent ? Sur quel(s) type(s) de mission(s), ils seraient les plus à l’aise ? C’est chronophage mais indispensable !
  • Une dernière chose que je ne peux laisser sous silence : la course aux salaires ! Nombre de sociétés de conseil à fortiori dans le contexte actuel sont rentrées dans une véritable course à l'armement en proposant des salaires aux jeunes diplômés complètement décorrélés des pratiques du marché, conduisant parfois (souvent) à des consultants qui restent sur « le carreau », la faute à un taux journalier trop important eu égard à leur expertise. Vous l’avez vu dans les points précédents, le salaire est certes un levier de motivation mais nous considérons que ce n’est pas le seul. Il apparaît d’ailleurs en 3ème dans les choix de carrière des moins de 30 ans !

 

Pour répondre à la 2ème question, je dois vous avouer que cela n’est pas simple et m’occasionne pas mal de migraines. On a beau investir beaucoup de temps et d’énergie, tout faire pour assurer une montée en compétences (objectif que je fixe à tous mes managers), on n’est jamais à l’abri de grandes frustrations.

Ce qui est en effet terriblement beau dans toute cette histoire, c’est que derrière tous ces grands mots (rétention, onboarding, upskilling et j’en passe) se cache(nt) avant tout une histoire de relations d’hommes et de femmes avec tous les sentiments qui s’entremêlent : amitiés, déceptions, passion, joie, tristesse…sans que l’on ait une grande emprise sur tout cela finalement !

Vive la gestion de l’incertitude et vive la vie !!!!!

Joëlle Boutier - Accompagnement Transformations et Coach 🚀

HR Transformation & Change Specialist chez HR Path Advise (+ de 1800 consultants à travers le monde)

3 ans

Merci David Krupsky pour cet article édifiant sur le secteur du conseil. Eh oui manager des consultants compétents 💪et courtisés ❤️est un travail de tous les instants….et malgré nos efforts on ne gagne pas à tous les coups…. Mais ce défi de tous les jours nous challenge et nous nourrit intellectuellement ! Nous recrutons …. Rejoignez-nous 😄👍#managementresponsable #ressourceshumaines #motivation #retention

david-antoine Krupsky

Open to Work #changemanagement #leadership #communication

3 ans

Merci aux consultants People & Change pour leurs apports et commentaires, en particulier pour cet article Joëlle Boutier - Accompagnement des Transformations RH et Coach Valentine Huchard 🙏

Cécile Thion, PhD

Head of Global Marketing at SCIENION/Cellenion

3 ans

Jessica Poirel, PhD voilà qui doit bien te parler

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