Assises de l’achat public : une 6e édition sous le signe de la déconstruction

Le 3 octobre dernier, s’est tenue la 6e édition des Assises de l’achat public, à Grenoble. Cet événement, co-organisé par la Ville de Grenoble, Alpes Grenoble Métropole, le Département de l’Isère et l’UGAP a réuni plus de 500 personnes venues échanger sur la question de l’accès à la commande publique pour les PME et TPE.

Animées par Stéphane ZUNINO, directeur régional territorial adjoint centre-est de l’UGAP, 3 tables-rondes ont articulé la matinée dans l’optique de déconstruire l’image inaccessible de la commande publique.

Se lancer pour la première fois

La réalité des PME, souvent en décalage avec les impératifs de la commande publique, notamment en matière de calendrier, peut parfois constituer un frein pour les entreprises à se lancer. C’est pourquoi certaines institutions, à l’instar de la Ville d'Eybens , ont pris le parti de la simplification. En effet, leurs cahiers des charges ont été revus à l’essentiel, leurs clauses d’insertion rendues plus claires et les critères d’appels d’offres réduits, tout comme le volume des cahiers des clauses techniques particulières (CCTP).

« Nous guidons le soumissionnaire tout au long de la procédure. », indique Karolina Baranowska , responsable de la commande publique de la ville d’Eybens. L’heure est bel et bien à la démystification des marchés publics par le biais de l’accompagnement 360°.

« On accompagne les artisans sur la signature électronique, on informe et sensibilise les entreprises sur les marchés. On se consacre aujourd'hui à la formation collective virtuelle pour permettre à un maximum d'artisans de la région d'en bénéficier. », précise christophe QUEYRON , responsable de service à la CMA Isère . Au cours de ces formations, les entreprises sont notamment accompagnées sur des actions délicates et chronophages, comme la rédaction de mémoires techniques, par exemple. Un point non négligeable, indique Alioune DIOP , dirigeant de HEXA ETANCHE, car cette étape constitue souvent un frein pour les PME.

Réussir à plusieurs

Si la co-traitance semble un levier intéressant à activer pour accéder à la commande publique, elle doit être anticipée, de manière à bien choisir ses partenaires. « L’idéal étant de collaborer avec des entreprises ayant l’habitude de répondre à des appels d’offres », précise Nathalie Vouillon , responsable relations entreprises à l’UGAP. « La clé de réussite d’un groupement est de bien se connaître, de bien border les rôles », selon Bertrand CONVERSO , président la FBTP Isère.

« L’association de compétences fait la différence. Les mémoires techniques réalisés par des groupements sont souvent plus fins, par exemple. », atteste Karolina Baranowska. Réalisée de manière éclairée, la co-traitance peut vraisemblablement être facteur de succès.

Et ce notamment par le caractère innovant qui en découle. Comme le précise Nathalie Vouillon, « la co-traitance permet aux plus petits d’accéder au marché public. La sous-traitance quant à elle fait entrer de l’innovation dans les marchés. Ces deux pratiques sont de véritables vecteurs d’innovation. »

Bien que dans le cadre d’un groupement, l’aspect chronophage de la réponse aux appels d’offres soit là encore mis sur le devant de la scène, ERIC DRIVON , gérant de RIDI France , se veut rassurant : « une fois le sujet réalisé une première fois, cela devient redondant et on s’en sort bien. »

S’adapter à l’avenir

Depuis quelque temps, les mesures gouvernementales comme la loi Climat et Résilience ou la loi Industrie Verte ont pris une place importante dans l’univers de la commande publique. Il y a là « un enjeu de société auquel il faut se préparer », préciseSébastien Rojon, directeur des achats d’ Alpes Isère Habitat . Bien loin du greenwashing, des preuves vérifiables lors de l’exécution des marchés sont demandées par l’UGAP. « Afin de répondre au mieux à ces clauses, il ne faut pas hésiter à s’associer à des entreprises de l’économie sociale et solidaire », conseille Nathalie Vouillon.

Toutefois, ces clauses et leur formulation ne sont pas toujours en adéquation avec la réalité des entreprises et ce qu’elles ont de plus pertinent à valoriser en matière de RSE. Il y a là un « risque de déconnexion entre l'expression du besoin d'un acheteur et la réalité de l’activité d’une entreprise. Le dialogue est nécessaire. », souligne Sébastien Rojon.

Le sourcing semble finalement la solution de choix pour enrayer certaines problématiques financières de taille pour les PME. Comme l’affirme Jérôme LOPEZ , président de la CPME Isère , « faire de la RSE coûte cher et démontrer que l’on en fait représente un coût supplémentaire. »

Particulièrement engagée dans l’accompagnement des PME, l’UGAP restitue aujourd’hui, pour chaque marché, l’impact économique réalisé dans les territoires. Elle paie par ailleurs l’ensemble de ses fournisseurs sous 30 jours, voire 5 dans le cadre de l’affacturage collaboratif. En effet, comme le précise Jérôme Lopez, « la trésorerie est au centre de la survie d’une entreprise. Le respect des délais de paiement est donc essentiel. »

De l’importance des clauses sociales

Pour clore les débats, des trophées ont été remis à des donneurs d’ordres, entreprises et partenaires exemplaires en matière de clauses sociales. Ainsi, 8 lauréats ont été récompensés par la Métropole-Grenobloise pour leurs actions différenciantes. Sur ce sujet majeur, le rôle du facilitateur a été particulièrement salué par l’ensemble des parties prenantes.

Loin d’être encore synonyme de simplicité, l’accès à la commande publique se veut de plus en plus intégré dans une logique d’accompagnement, particulièrement tournée vers les besoins des PME et TPE, qui représentent 50 % des titulaires de l’UGAP. Les échanges concrets et inspirants de ces Assises auront une nouvelle fois permis de faire avancer des sujets majeurs pour les territoires.