Avant l’avenir c’était mieux… ou tentative de décryptage de la crise actuelle grâce aux Shadoks

Avant l’avenir c’était mieux… ou tentative de décryptage de la crise actuelle grâce aux Shadoks


Lorsque Jacques Rouxel, avec l’appui de la voix immémorable de Claude Piéplu, lança il y a tout juste 50 ans les Shadoks, il n’imaginait pas à quel point sa série pouvait être prophétique. En effet, il est certainement trop rapide et facile de comparer les Shadoks à nos gilets jaunes et nos dirigeants aux Gibis coiffés d’un chapeau melon pour cacher leur grosse tête et leur intelligence supérieure, mais la tentation de le faire est trop forte. Or, comme le disait O. Wilde le meilleur moyen de lutter contre la tentation c’est encore d’y céder.

Pendant des décennies, les Gibis parvinrent à demander aux Shadoks de pomper, de pomper encore de pomper, car, comme le dit une réplique célèbre « Je pompe donc je suis ». Si les Shadoks acceptèrent de tant pomper sans broncher, c’est qu’ils avaient l’espoir que toute l’énergie qu’ils déployaient allait les conduire quelque part. En effet, « ce n'est qu'en pompant que vous arriverez à quelque chose et même si vous n'y arrivez pas... », voilà la phrase qu’il leur était rabâchée.

Nos forces vives espéraient donc que leur travail sérieux, leur engagement sans faille et leur détermination à satisfaire les Gibis les conduiraient vers un monde meilleur. Cette espérance collective malheureusement se transformait progressivement en vœux pieux, à savoir que ce ne fut pas en s’usant au travail que le chômage diminua, que les inégalités se comblèrent, que le bien-être général se développa. De grands et brillants chefs comme le Devin Plombier ou encore le Professeur Shadoko essayèrent de limiter à 35 heures par semaine le pompage pour que plus de Shadoks puissent pomper en même temps, ou encore reculèrent l’âge de la retraite pour que les Shadoks puissent pomper plus longtemps. Mais en vain, des Shadoks asiatiques les concurrençaient, des machines de plus en plus performantes remplacèrent les Shadoks les moins zélés. On annonçait même l’arrivée d’une intelligence artificielle qui pourrait réduire à néant tout soupçon de mobilisation d’intelligence shadockienne…Les riches Gibis étaient de plus en plus riches, et l’école républicaine et laïque, qui devait permettre aux Shadoks de développer leur tête et leur permettre un jour d’avoir un melon, faillait.

L’environnement externe s’assombrissait chaque jour un peu plus. Il faut dire que les Shadoks asiatiques pouvaient pomper sans relâche dans un univers où leur Grand Shadok timonier ne légiférait quasiment pas. Ainsi, les Shadoks asiatiques pouvaient pomper jour et nuit avec une rémunération associée à ce pompage des plus faibles. Les Gibis de leur côté se gardaient bien de partager leurs compétences . Chaque année, dans une superbe loi de finance, ils parvenaient à donner l’illusion que la politique de redistribution en faveur des Shadoks allait changer les choses. Mais, la fameuse et injuste TVA associée à la taxe sur les carburants leur permettaient de reprendre de la main droite ce qu’ils avaient donné de la main droite. L’ascenseur social s’était grippé.

Il en résultait que nombre de Shadoks commencèrent à perdre pied progressivement. En effet, la France avait appliqué assez largement certaines devises shadokiennes à savoir « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » et « Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles, il faut toujours taper sur les mêmes… ». Elle n’avançait plus. Jamais pomper semblait n’avoir été aussi vain. Les Shadoks prirent peur et se vêtirent d’un gilet jaune en signe de mécontentement. Il faut aussi partager qu’à maintes reprises les Gibis leur expliquaient que la France était dorénavant confrontée à de nouveaux périls : pomper autant avait augmenté sensiblement la température et la planète s’épuisait. Un autre jour, c’était le plombier pompeur polonais qui les menaçait ou encore l’affreux terroriste radical ou le migrant sans papier.

Alors que durant toutes ces décennies, les gilets jaunes avaient pompé pour vivre et avaient vécu pour pomper, l’espoir d’un lendemain plus enchanteur s’éloignait. Tout semblait être donc fait pour réduire à néant leur rêve. Certains Shadoks commençaient à déchanter et à manifester leur aigreur en cherchant à élire un extrémiste. Mais en vain. Ce que tous attendaient, ce n’était pas tant du pompage pour tous, mais bien que les Gibis parviennent à restaurer l’utopie. En effet, comme l’avait bien dit un des devins plombiers J. Attali : « L'utopie est la volonté de modeler l'image de la Société à partir d'un idéal éthique, d'une certaine conception de la justice, du bonheur, de l'efficacité, de la responsabilité. » Or les gilets jaunes perdaient pied car pour eux avant l’avenir c’était mieux.

Gageons que nos Gibis puissent rapidement nous faire à nouveau tous rêver !

Dominique de Goutel

Expertise pluridisciplinaire au service de l'Humain | Gestion de projets | Coordinatrice Executive Education | Conceptualisation | Médiation | Transmission culture architecturale| Pédagogie | Communication | Événementiel

6 ans

"Preuve" de Shadocks que la parodie & l'absurde devancent parfois la réalité à 50 ans près 🤔

Cyrille LE GUENNEC

Courtier Indépendant en Assurances de Personnes

6 ans

Doit-on rire ou pleurer ?....

Michael Zartarian - France

Directeur Opérationnel PEPITE 3EF

6 ans

Les shadoks disant par ailleurs "s'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème" . Catch-22 !!!

Très bon parallèle !

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