Baghdad Central
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Baghdad Central

En regardant les six épisodes de cette excellente mini-série britannique (sur Arte), dont l'intrigue se déroule au début de l'invasion anglo-américaine en Irak (en 2003), j'ai pensé au film de Paul Greengrass, Green Zone (sorti en 2010). Les deux œuvres, au travers d'une structure narrative assez similaire (même si Baghdad Central s'intéresse davantage à la vie des irakiens), s'attachent à démystifier la prétendue vertu occidentale, soi-disant libératrice d'un peuple opprimé, qui se retrouve finalement humilié par des puissances étrangères dont les motivations sont douteuses. Les auteurs exposent la fatuité insupportable des envahisseurs anglo-saxons, aussi grotesques les uns que les autres, avec cependant un petit faible pour ce qu'ils identifient comme une supposée droiture des officiers étasuniens... Une licence après tout possible dans le domaine de la fiction... Face à l'assurance hiératique du gradé américain, le civil britannique se tord en tout sens, grimaçant, mordant sa moustache, héritier arrogant mais inquiet des mensonges commandés par l'administration Bush aux Renseignements de sa Majesté... Armes de destruction massive inexistantes mais à la réalité aussi documentée que mensongère... Les champs pétrolifères, eux, étaient bien réels. Dans l'interprétation de Paul Greengrass, c'était au contraire le défenseur du mensonge, un civil du DOD (Department of Defense), qui affichait la plus grande arrogance : son adversaire, un officier de la CIA (joué par un acteur irlandais), courbait l'échine et semblait douter de son bon droit... Témoins de ce rapport de forces, les irakiens, plus ou moins hébétés, s'accrochent à leurs valeurs et à leurs familles. Ils disent de la poésie en raillant la corruption de leurs agresseurs, se faufilent entre leurs querelles, essaient de survivre dans ce chaos dont surgissent des barbus opportunistes... À ne pas rater.

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