Benjamin Delessert, homme du sucre et des Lumières

Benjamin Delessert, homme du sucre et des Lumières

C’était hier la Saint Valentin, journée dédiée aux mots doux et aux moments sucrés. C’était aussi les 250 ans de la naissance de Benjamin Delessert (1773-1847), homme du sucre et des Lumières.

Né à Lyon dans une famille d’industriels de la soie, Benjamin Delessert fait ses études en Angleterre puis entame une carrière militaire. Il est finalement rappelé par son père en 1795 pour reprendre la direction de la banque familiale. Parallèlement, il développe ses activités industrielles dans la filature et le tissage de coton en 1800. En 1801, il installe à Passy, en bord de Seine, une unité de raffinage du sucre de canne. Mais pour lutter contre l’emprise maritime des Britanniques, Napoléon 1er instaure le Blocus en 1806 et le sucre de canne ne parvient plus en Europe continentale.

Cette pénurie de sucre stimule les recherches pour tenter l’extraction de sucres du raisin, de la châtaigne, du maïs ou encore de la betterave blanche, à l’image des travaux récents du scientifique allemand Franz Karl Achard. En France, une commission scientifique impériale préconise de travailler sur la betterave ; Benjamin Delessert s’y attèle avec son ingénieur en chef Jean-Baptiste Quéruel, parvenant après quelques années de développement à produire des pains de sucre identiques à ceux obtenus classiquement à partir de la canne.

Début 1812, Napoléon 1er se rend à la sucrerie de Passy et découvre les premiers pains de sucre de betterave français. La légende raconte que l’Empereur est tellement enthousiaste qu’il décroche sa propre Légion d’honneur et décore sur le champ Benjamin Delessert. Cette visite impériale est le signal de départ de l’industrie sucrière en France. Napoléon décide en effet de mettre en culture 100 000 hectares de betteraves, décision qu’il assortit d’une bourse pour les étudiants se destinant aux métiers de la production sucrière et de 500 licences accordées pour la construction de nouvelles « fermes-usines », désignant alors les unités de production de sucre de betterave.

Benjamin Delessert est aussi un naturaliste averti et un collectionneur acharné ! Tout au long de sa vie, il réunit des herbiers, totalisant plus de 250 000 spécimens végétaux. Il se passionne aussi pour la malacologie, rachète la collection de Lamarck et fait paraitre un recueil rassemblant plus de 100 000 coquillages ! Il devient membre libre de l’Académie des sciences en 1816 et ouvre ses collections au public.

A partir de 1815, il se consacre également à la politique, en tant que député de Paris puis de Saumur, se battant notamment pour améliorer la condition des malades dans les hôpitaux et pour l’abrogation de la peine de mort. Il crée avec le duc de la Rochefoucauld-Liancourt, la première Caisse d’épargne de Paris pour aider par l’épargne populaire à « prévenir la détresse, la misère et la pauvreté ».  

Traversant des périodes troublées allant de la Révolution à la Monarchie de Juillet, Benjamin Delessert a mené plusieurs vies en une : homme d’affaires, industriel, naturaliste, homme politique investi dans l’action sociale. Avec le saut technologique réalisé en 1812, Benjamin Delessert assurait l'autonomie en sucre de la France et contribuait sans aucun doute à poser les bases de la filière betterave-sucre française.

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