Bien-être au travail 4.0

Sollicité par ses clients sur la question du bien-être au travail, Instinct Pionnier en la personne de Laure BOUERY , prend la plume pour partager son champ de vision.

Cette perspective vous invite, chers lecteurs, à la réflexion, à l’échange et se nourrira de nos partages.

Ce qui est intéressant et constitue une tournure dans l’histoire du coaching en entreprises et du consulting, c’est qu’aujourd’hui cette question du bien-être au travail touche les consultants, les C-Level ou encore ceux qui ont opté pour une organisation apprenante et auto-portante (souvent organisée en sociocratie ou encore holacratie, ou autre système de régulation auto-portant).

La #confiance a priori donne des responsabilités qui amènent parfois à s’oublier, la #défiance isole... Alors, que faire ?

S’oublier pourrait vouloir dire s’éloigner de soi, transférer la priorité du champ de son #attention à d’autres sujets que ses propres besoins, son ressenti ou encore les actions indispensables à l’extension des signaux d’alerte émis par son corps, au risque d’une somatisation plus importante (burn-out, dépression, bore-out, séismes émotionnels, erreurs à répétition et autre montagnes russes…).

« Douleur et dépression font bon ménage. Souvent, on est amené à se demander si c’est la dépression qui fait le lit de la douleur chronique ou l’inverse. » écrit le Docteur Marc Lévêque dans son ouvrage Libérons nous de la douleur paru aux éditions Buchet-Castel, et dans lequel il soutient une approche émotionnelle aux maux les plus profonds. 

Ainsi, il est intéressant de noter que récupérer son attention est un préambule à toute quête de bien-être.

Je vous invite à lire cet écrit de Tremeur Balbous sur le pouvoir de l’intention qui dépose une invitation à soi-même comme nous déposerions une invitation à l’accueil de soi. 

1️⃣ Ce que nous constatons lors de nos accompagnements

La maturité des personnes en charge de la réflexion sur le bien-être au travail dans les entreprises a considérablement évoluée. Cette estampe du bien-être au travail qui s’esquisse au sein des entreprises se dessine sous de nouveaux horizons.

🫶🏻 Ce que nous partageons dans l’évolution de cette approche, c’est que la posture consumériste du bien-être ou autres baguettes magiques s’estompe peu à peu (Baby foot et autres salle de sport…) pour laisser place à une réflexion plus profonde.

• Le lien établit entre le corps social et le bien-être au travail prend tout son sens lorsqu’il s’agit d’allier bien-être et amélioration continue. En philosophie, c’est le « je » dans le « nous ». Ainsi, la qualité de nos relations intervient pour beaucoup dans notre perception du bien-être. Nous sommes des animaux sociaux.
• Aussi, la célébration est un point d’ancrage très important. Célébrer permet d’ancrer les comportements souhaités dans notre thalamus via la production d’hormones. C’est chimique ! Le sentiment de bonheur ressenti avec une célébration provoque une augmentation de la production d’importants neurotransmetteurs. Ce sont donc la dopamine, la sérotonine et les endorphines qui sont responsables de votre bonne humeur. La production de films américains utilise à grands coups d’effets cette chimie via de la musique joyeuse et bien plus forte en fin de film pour les happy end afin que nous ressortions de la salle de cinema happy.
• Enfin, la notion de management par la valeurs émerge dans les conversations et crée du lien entre l’individu, sa contribution et le collectif. Et si en plus, la reconnaissance interne rencontre la reconnaissance externe alors c’est catalyseur de bien être.

À cette fin et pour appuyer ce propos, l’étude de Google sur les conditions d'émergence d’une équipe qui déchire, puisque c’est bien là notre objectif : allier bien-être et efficience, est toujours d'actualité.

2️⃣ Ce que Instinct Pionnier souhaite inviter dans la discussion

• Amener les collaborateurs à être autonomes et responsables sur la route du bien-être au travail. Et en plus, c’est contagieux ! 
• Cultiver l’accueil de la vulnérabilité. Cela peut sembler abstrait, cela signifie « venez comme vous êtes » à la sauce Mac Do. Dans un contexte d’échange, cela signifie que chaque parole est juste et chaque parole est en évolution. Dans une approche identitaire, cela signifie que la singularité de chacun est acceptée et cultivée. Dans une approche émotionnelle, cela signifie que la vicissitude de la vie fait que parfois, le moral est en baisse et que le collectif est capable d’apporter de la compassion (empathie + action) à ce collaborateur.

👉🏻 Un outil : le leadership compassionnel : pour illustrer ce propos je vous propose de lire la politique de Netflix et surtout de visionner ce MOOC en vidéo (c’est le boss de Linkedin) Jeff Weiner.

• Irradier ce que vous faites bien en dehors des murs de l’entreprise. En effet, transmettre c’est ancrer des comportements et cela développe l’estime et la confiance. Créer du lien, c’est construire le corps social qui donne du sens à sa place dans la société et donc participe à la valeur. S'exposer, cela oblige à une quête d'excellence. Et de surcroît, cela contribue à construire la marque employeur de l’entreprise.

ex : Partenariats avec une école locale pour donner des cours.

• Play Hard - Work Hard : célébrer les apprentissages, pas les réussites. Un gros fail peut être célébré car il y a eu une prise de conscience. C’est la posture de l’apprenant.
• Enfin, le Méta Projet : à quoi je contribue de plus grand que moi ? Quel sens je donne à ma présence au sein de l’entreprise ? Ouvrez les portes de vos bureaux, partagez !

Ex : co-développement, collaborer avec des associations pour les aider à avancer… Aller dans les écoles et sensibiliser quant à la place de la femme dans l’IT, la biodiversité, le tri… 

3️⃣ Par où commencer, mode d’emploi

Alors, comment on s’y prend? Je vous entends d’ici ! Le collectif a ceci de super fort qu’il croit en lui-même.

• Pour vous aider à créer efficacement des rituels, je vous dirai que le premier réflexe c’est de les imaginer avec votre équipe. Ce n’est pas à vous de tout porter.

Ex 1: Former des capsules d’expérimentation dont les personnes impliquées sont issues d’élection sans candidat. #holacratie

Ex 2: Anaïs Raoux nous propose ceci : posez un créneau d’une heure dans l’agenda de vos équipes. #Seréunir

1. Demandez-leur : “Qu’est-ce qui provoque de la tension ou de la mauvaise humeur dans notre équipe en ce moment ?”
2. Ensuite : “A la place de ça, qu’est-ce qu’on aimerait voir comme comportement? Comment est-ce qu’on aimerait se sentir ?”
3. Enfin, lancez le brainstorming : “Quel rituel pourrions-nous imaginer pour atteindre ce résultat ?”

C’est déclinable sous « Qu’est ce que le bien-être au travail pour vous ? ». C’est important de se mettre d’accord sur ce qu’on adresse.

Si vous pensez qu’échanger, parler, discuter est une perte de temps, je vous invite à cesser la lecture de cet article ici.

Evidemment, cela invite à poser un #cadre et le définir au préalable, poser une #intention commune pour l’échange et les règles de sécurité du groupe. 

⚡ Les émotions ont leur place au sein de les entreprises depuis que celles-ci ont ouvert l’espace des sciences de l’ingénieur pour cartographier son organisation à celles des sciences sociales. Un espace où créativité, agilité et subjectivité s’animent et se conjuguent dorénavant avec avec efficacité, disruption ou encore congruence.

4️⃣ Mesurer et communiquer via des Feed-backs formalisés

• Ce n’est pas parce que c’est du bien-être que cela n’est pas mesurable, au contraire. Vous pouvez utiliser un baromètre à kiffe (qui peut être affiché dans les bureaux avec la météo des équipes par exemple) selon les expérimentations et ainsi garder la trame de la culture agile pour déployer des Test and Learn et ancrer des postures. Car au final, développer le bien-être est un cheval de Troie pour rendre les personnes autonomes, responsables et donc acteurs de leur propre bien-être.

💡 C’est donc un MINDSET ! Encore un mot galvaudé? Un mindset est une perception de la réalité qui se joue devant vous. C’est le pouvoir du récit « Quelle est l’histoire qu’on se raconte ensemble ? » ou encore de l’oeuvre collective lorsque le mindset se conjugue au pluriel : la CULTURE.

"Culture eats strategy for breakfast." Peter Druker

• Louons les effets du feed-back et respectons une formulation appropriée !

Un feed-back formalisé, c’est un feed-back où la première étape consiste à demander « Est-ce que c’est le bon moment pour toi pour recevoir un feed-back ? » C’est une réserve de politesse mais surtout de pudeur. Il s’agit de demander au collaborateur l’autorisation d’entrer dans sa zone personnelle, de créer l’ouverture et de créer la confiance via une démonstration de respect. (Copyright pour le CIC - Centre International du Coach international du coach)

À toutes fins utiles, précisons que 5 feed-backs de valorisation pour 1 feed-back d’amélioration est un équilibre recevable, au-delà de quoi vous risqueriez de faire pencher la balance vers la défiance.

Envoyer des "baffes" au nom d'une sacro-sainte valeur d'excellence est un pugilat qui se cache. Si vous entendez des "C'est pour son bien", "Faut savoir prendre des coups" ou encore "Il/elle est trop fragile." organisez un apéro géant pour célébrez le fait de ne pas savoir partager de l'information (pourvoyeuse de valeurs).

1. Un feed-back, ça se prépare.
2. Un feed-back est un cadeau : pas de cadeau sans papier cadeau.
3. Un feed-back est une opportunité pour grandir : préparer le tremplin, pas la pente.

Créer une équipe qui déchire (sur le long terme), c’est d’abord créer les conditions d’émergence de cette équipe et cela passe indéniablement par la confiance, le management par la valeur et la contribution de chacun à l'émergence d’une meilleure version de soi.

S’il y a un défi pour l’entreprise, c’est bien celui-ci : « Permettre à chacun de faire émerger une meilleure version de soi. » (cf le post de Nicolas Kalmanovitz à sa sortie de OCTO Technology )

Tous cultivateurs du changement : jardinier, arroser, prendre soin et faire grandir, ensemble. #care

5️⃣ Vers une définition du bien-être… 

💊 Que disent les philosophes au sujet du bien être? Ils disent que le bonheur cela n’existe pas. Ils disent que c’est une invention du capitalisme pour nous vendre des pilules de bonheur.

C’est le projet de vie qui donne sens à notre vie. Ce sont des propos illustrés par Viktor Frankl dans la logothérapie, Socrate ou encore Confucius.

Alors, quel est votre projet ? Individuellement et collectivement ? Comment le "je" s'inscrit dans le "nous"? Qui êtes-vous cher lecteur ? Ou qui souhaitez-vous être pour que le "je" s'inscrive au présent dans un "nous" construit et pensé dans un futur souhaitable ?

Cet article s’achèvera par ces mots choisis de Thich Nhat Hanh

« Notre manière de vivre est notre message. » Thich Nhat Hanh

Ainsi, prendre soin de soi et de son collectif, c'est prendre soin de ses relations, de sa présence à soi et aux autres, de sa qualité de communication et d'une forme d'esthétique relationelle en somme où l'éthique serait l'esthétique du dedans.

Et si vous avez un esprit conceptuel, voici une invitation à prendre connaissance des oeuvres de Felix Gonzalez-Torres, Louis Althusser, Rirkrit Tiravanija ou Félix Guattari. L'émotion y tient une place prépondérante dans le questionnement de la qualité relationnelle érigée en éthique de vie.

Ne serait-ce pas tout ce qui nous restera lorsqu'à 80 ans, assis sur un banc, nous revisiterons notre passé, nos souvenirs et nos instants partagés... un lit d'émotions.

Merci à EMMANUELLE LIEF , Giordano Barbara , Noemie Aung et Alain Buzzacaro qui m’ont menés à poser ces quelques lignes.

Merci à Anne-Adélaïde Séguy-Govin , Alexandre Auquier , Sophie Tijeras , Farhdine Boutzakhti , Gregory Chollet et aussi Agathe de Lataillade pour tous nos échanges nourriciers.

Si le sujet vous passionne, je vous invite à regarder cette video de Yves Clot, psychologue du travail : Yves Clot vous présente son ouvrage "Travail et pouvoir d'agir" aux éditions PUF.

"Une parole libérée qui ne se traduit pas par une transformation effective des organisations est une parole dangereuse qui fabrique de la défiance à l'égard des organisations." Yves Clot.

Notre prochain article s'intitulera "De la congruence : gestes, qualité, relations, expertise, produit...".

Au plaisir de vous lire.

Laure pour Instinct Pionnier