«Bilan de 55 jours : Voyageur autour de mon appartement, un Monde d’Après  fondé sur l'humain» par Amadou Bal BA http://baamadou.over-blog.fr/

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«Bilan de mon confinement de 55 jours : Voyageur autour de mon appartement, pour un Monde d’Après de paix, de justice et de fraternité» par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

Qu’avons-nous appris de ces 55 jours de confinement ? Quelles sont les leçons profitables à nous et à l’humanité de cette pandémie, non encore définitivement vaincue ? Quels bons exemples à imiter ? Quelles infâmies ou erreurs à flétrir et à proscrire ?

En dépit du déconfinement, démarrant ce lundi 11 mai 2020, en raison d’importantes zones d’ombre subsistant encore, il nous reste, toujours, beaucoup de choses à apprendre de cette pandémie. Cependant, et à ce stade, la Macronie devrait s’expliquer, très sérieusement, sur sa gestion du Coronavirus faite de mensonges, de dissimulations, d’hésitations, de bifurcations ou de reculades, notamment au regard des masques et du refus de tester, massivement. Pourquoi certains Etats (Vietnam, Grèce, RFA, Danemark, Corée) qui ont pris de bonnes décisions dès le départ s’en sont bien sortis ? Et pourquoi, chez nous la main de nos gouvernants a tremblé ? En effet, le personnel soignant, ainsi que nos aînés ont été exposés, dangereusement, peut-être inutilement, à ce virus, et certains y ont laissé leur vie. Qui a fragilisé l’hôpital par des réformes inspirées par une idéologie, purement libérale, mettant ainsi en danger la santé et la vie de nos concitoyens ? Comment se fait-il que ces «grandes puissances» nucléaires, pouvant aller sur la lune et faisant la guerre en permanence aux faibles n’étaient pas en mesure de produire des masques ?

Aujourd’hui, au nom des impératifs économiques, le gouvernement veut, coûte que coûte, dé-confiner, sans administrer, au préalable, la preuve que des tests massifs et une protection suffisante sont possibles, en particulier dans les écoles et les transports publics. Le virus, contrairement à une idée reçue, peut tuer, même les plus jeunes. Si on devait encore de se remettre en confinement, (Corée et Allemagne, re-confinements partiels), ce serait une tragédie nationale. En tout cas, et plus que jamais, ce deuxième tour des municipales de 2020, est devenu un puissant référendum contre la Macronie.

«L’Histoire est utile et profitable dans la mesure où surtout elle met sous les yeux du lecteur, toutes sortes de situations exemplaires, en les éclairant vivement pour qu’elles se grèvent dans notre mémoire. Il s’y trouve un modèle sur lequel on va régler sa propre conduite et celles des affaires publiques, et aussi une mise en garde contre des projets funestes ou leurs funestes conséquences» écrit Tite-Live (59 avant J-C – 17 après J-C), historien de la Rome antique. Le titre de cet article s’inspire de l’ouvrage de Xavier MAISTRE (1763-1852), «voyage autour de ma chambre» paru en 1796. «J’ai entrepris et exécuté un voyage de 42 jours autour de ma chambre. Les observations intéressantes que j’ai faites, et le plaisir continuel que j’ai éprouvé le long du chemin, me faisaient désirer le rendre public ; la certitude d’être utile m’y a décidé. Le plaisir qu’on trouve à voyager dans sa chambre est à l’abri de la jalousie inquiète des hommes, il est indépendant de la fortune» écrit Xavier MAISTRE. Il invitait à une nouvelle manière de voyage «Daignez m’accompagner dans mon voyage, aucun obstacle ne pourra nous arrêter» précise-t-il.

 I – Être en paix avec soi-même et les autres

Confucius (551-479 avant J-C), le philosophe chinois, avait raison de définir sa doctrine de perfectionnement de l’individu ainsi : il faut être utile à soi-même, à sa famille, à ses amis, à son pays, et aussi à l’humanité entière. Ni ermite, ni dépité par la vie, ni malade, cette expérience unique et sans précédent du confinement du 17 mars 2020 au 10 mai 2020, redoutée, au départ, en raison de ma claustrophobie traditionnelle, a été particulièrement bénéfique au plan personnel. Tout d’abord, j’ai tenu un journal régulier de mes cogitations sur cette cochonnerie, qui n’est pas encore finie. Loin de là. Passé le temps de la crainte de manquer de quelque chose pendant le confinement, horrifié parfois par la hausse des prix de certains magasins, la vie a fini s’organiser. J’ai pu aussi me livrer à mes activités favorites que sont la lecture et l’écriture. Ensuite, ayant déjà pris du poids, je sentais la nécessité vitale de faire du sport sur mon balcon et quelques abdominaux, pour entretenir une forme physique et mentale. J’ai eu un invité surprise, un squatteur, un pigeon est venu nidifier sur mon balcon. Enfin, plus que d’habitude, j’ai passé des moments importants, avec ma famille. J’étais particulièrement disponible pour l’aide au devoir de mes enfants. J’ai entretenu, également, dans ce monde globalisé et connecté, de nombreuses communications téléphoniques, notamment par WhatsApp avec les autres.  C’est curieux d’être à la fois confiné et connecté ; cette sensation d’être seul au monde, mais bien entouré, virtuellement.

Par ailleurs, et curieusement, j’utilisais, massivement et pour la seconde fois, le télétravail, à travers une application dite «Teamweaver» et cela va continuer, probablement, sous des formes différentes. En effet, tout en étant confiné, je pouvais utiliser mon ordinateur de bureau à distance, lire et traiter mes messages, échanger avec mes collègues et mes partenaires, comme si j’étais sur place. Je crois que dans le monde d’après, cette pandémie changera, sur ce point, nos comportements. Mais quelle sera la limite à cette grande disponibilité pour le service ? Un droit à la déconnexion reste toujours possible.

Profondément Africain, j’avais tendance à aller vers les autres, à les interpeller. Sans créer des barrières inutiles, la distanciation sociale sera une donnée majeure de notre temps. Cette pandémie aura démontré, que les stigmatisations des autres, à longueur de journée, ont fait place à un enjeu que, quelle que soient nos origines, notre âge, notre orientation sexuelle, riche ou pauvre, nous sommes tous égaux devant la maladie et la mort. Il va falloir donc, par la suite, célébrer la vie, la joie et le bien-vivre ensemble, en respectant les règles de distanciation sociale.

Ce long confinement de 55 jours, en voyageur immobile, à force de tournoyer autour de mon appartement, j’ai fini par être en présence de moi-même, et de me rencontrer. Il n’est pas toujours aisé, et on n’en a pas souvent l’occasion, de se regarder en face, objectivement et sereinement, et de faire un bilan de sa vie et de notre monde, tel qu’on le voit. C’est souvent le regard des autres, parfois malveillant, qui nous renvoie une certaine image. Il arrive aussi que ceux qui vous aiment vous interpellent, sans détours. Dans le passé, combien de fois, mon épouse ou mes amis vous disent que le militantisme politique, associatif ou les activités littéraires ne servaient à rien. Ce serait tous des pourris. «Il faut cultiver notre jardin», comme le dit Candide, un personnage de Voltaire. Ce qui compte c’est l’argent, le gain financier. Il est vrai qu’avant cette pandémie, les forces du Chaos étaient triomphantes. Ainsi, en Afrique, un continent confronté à la longue nuit de l’esclavage et du colonialisme, 60 ans après les indépendances, c’est encore le triomphe des bourgeoisies nationales sans conscience sociale et des régimes monarchiques et préhistorique. Dans le monde prétendument libre, et depuis la fin de la guerre froide, c’est la persistance des guerres locales à la périphérie, et à l’intérieur des Etats, cette logique de prédation et de violence. En France, militant depuis des décennies pour l’égalité réelle, j’ai vu les forces de progrès s’effondrer, les demandeurs de logement ou de régularisation de sans-papiers, les Gilets Jaunes et les grévistes contre des réformes injustes, réprimés férocement. La Gauche ayant perdu tout leadership et crédibilité, est devenue inaudible.

Cependant, l’injonction de laisser de côté les problèmes métaphysiques, est critiquée, en permanence, par le personnage de Pangloss, incarnant un philosophe. En fait, Voltaire nous invite, ardemment à nous occuper des choses que l’on peut changer, améliorer. En d’autres termes, Voltaire assigne à l’homme de tenir son rang, de s’appliquer à faire évoluer la société et donc à la rendre meilleure.

 II– Lutteur dans l’arène pour le bien-vivre ensemble

 A toute chose, malheur peut parfois être bon. La Deuxième guerre mondiale, ses «Jours heureux» et son plan de relance, avait conduit aux 30 Glorieuses. «Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur vos vrais besoins masqués, dans les aliénations du quotidien» écrit Edgar MORIN, dans le journal «Le Monde». Cette pandémie, en quelques mois, a invalidé toutes les logiques de prédation, de violence du libéralisme sauvage. Ce qui n’était pas possible, il n’y a pas si longtemps, l’est subitement devenu quand les bourses se sont effondrées et le chômage de masse est arrivé «Le quoi qu’il en coûte» du président MACRON résume parfaitement bien cette grave défaite idéologique de ce capitalisme sauvage.

Ma crainte, c’est que le monde d’après, ressemble à celui d’avant, par des manipulations, des instrumentalisations, des impostures. Dans cette étrange défaite de la Macronie, on a vu le président des riches endosser le costume du Conseil National de la Résistance, et devenir le promoteur de «Jours Heureux». De l’autre côté de l’Atlantique, Donald TRUMP, se croyant encore investi du leadership du «monde libre», se trompant d’époque, renoue avec les détestables méthodes de la Guerre froide (saccage du multilatéralisme et calomnies contre la Chine). Il ne faudrait donc pas sous-estimer la capacité du libéralisme sauvage à s’adapter devant la difficulté, pour mieux continuer à faire prospérer les profits. Par conséquent, on ne lâche rien, et je reste, plus que jamais, lutteur dans l’arène. Nous avons besoin, au sein des forces de progrès d’un vrai leadership, pour empêcher que les partisans du libéralisme sauvage, une fois de plus, sous le masque du mensonge, se présentent en hommes neufs. Si on ne s’occupe pas de la politique, la politique s’occupera de vous, à travers ces discours négrophobes et islamophobes, d’instrumentalisation des peurs et du bouc-émissaire. C’est en ce sens que l’indifférence du citoyen, par rapport à la chose publique menace gravement l’essentiel, c’est-à-dire nos libertés. «Je hais les indifférents. Je crois (…) que «vivre signifie être partisans». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire» avait proclamé Antonio GRAMSCI. Notre objectif, à nous tous, devrait être de réhabiliter la Politique et le Politique, c’est-à-dire, l’art de gérer la Cité, dans le bien-vivre ensemble et le respect mutuel, c’est-à-dire dans les valeurs fondamentales de la République, d’égalité, de liberté et de fraternité. Hannah ARENDT s'interroge donc sur les moyens de se préserver contre la tentation totalitaire, d’où qu’elle vienne. «Rien n’est plus dangereux que d’arrêter de penser. Le danger consiste en ce que nous devenions de véritables habitants du désert et que nous nous sentions bien chez lui» dit-elle. Hannah ARENDT recommande d’abandonner cette vie contemplative, et de militer pour la réhabilitation de l’action politique. Hannah ARENDT estime que «les hommes ne sont pas nés pour mourir, mais pour innover». Elle invite, constamment à l’action : «redonner à la politique sa raison d’être qui est la liberté et dont le domaine d’expérience est l’action».

L’homme c’est à la fois, l’âme et la bête «ces deux êtres sont absolument distincts, mais tellement emboîtés l’un dans l’autre, ou l’un sur l’autre, qu’il faut que l’âme ait une certaine supériorité sur la bête pour être en état d’en faire la distinction» écrit Xavier MAISTRE. L’Homme est donc double : il est âme et bête,  à la fois. «Le grand art d’un homme de génie est de savoir bien élever sa bête, afin qu’elle puisse aller seule, tandis que l’âme, délivrée de cette pénible accointance, peut s’élever jusqu’au ciel» écrit Xavier MAISTRE.

Dans ce monde d’après, nous avons un besoin vitale de construire une énorme cathédrale d’Amour, de Fraternité, de Justice, de Paix et d’Egalité réelle, pour un bien-vivre ensemble.

 III – Mettre l’humain au cœur de tout projet collectif

Si le confinement est terminé, la bête immonde, ce tueur invisible, n’est pas encore, pour autant morte. Ce sont les considérations économiques qui ont poussé les Etats à alléger le confinement. En effet, avec ce tueur invisible, la Chine vient de gagner la troisième guerre mondiale, sans tirer un seul coup de canon. Cette pandémie vient donc, après la Seconde guerre mondiale en 1945, la fin de la Guerre froide en 1989 et la Révolution numérique à la fin du XXème siècle, de nous faire entrer dans le XXIIème siècle et ses guerres économiques entre l’Occident la Chine devenue la patronne du monde, dans un contexte de chômage massif et de grave dépression.

En France, le chômage partiel a été une bonne décision, mais je crois que ce qui peut aussi préoccuper nos gouvernants c'est à partir de juillet un chômage de masse et des fermetures d'entreprises, en perspective. C'est probablement la crise de 1929 dix puissance mille.

Il ne faudrait pas que le «Monde d’Après» ressemble à celui d’Avant, de la Macronie inauthentique, déguisée en Conseil National de la Résistance. En effet, à mon sens, toute politique de cadeaux en milliards pour les entreprises, sans contreparties, comme dans le passé, serait vouée à l'échec. Cette pandémie nous a fait entrer brutalement dans le 22ème siècle. Nous avons changé radicalement ce dont il est question, sans remettre en cause la liberté d'entreprise, c'est de concilier l'efficacité économique et la Justice sociale en plaçant l'individu et l'environnement au cœur de tout projet politique. Il faudrait donc placer l’individu au cœur de tout projet collectif,  autour de grands projets pouvant mobiliser toute la nation (Réindustrialisation et relocalisations des entreprises, grands projets d’environnement, d’au moins 3 millions de logements nouveaux, d’infrastructures pour les JO de 2024, de transports publics et notamment de banlieue à banlieue en région parisienne, régulariser les étrangers sans papiers et les mettre au travail).

Les réformes injustes, pour l’instant, ne sont que suspendues. Il faut les abroger, sans délai ; car cette pandémie a invalidé les politiques libérales de la Macronie. Les guerres locales ruineuses, meurtrières, sans objectifs atteignables et injustes devraient être également abandonnées.

En tout cas cette guerre contre cette cochonnerie du Coronavirus, interpelle tous les Etats africains. Il est urgent de dénoncer tous les mensonges et les instrumentalisations des bourgeoisies nationales, les régimes préhistoriques et monarchiques gaspillant nos matières premières. L’Afrique, loin d’être pauvre, est victime d’égoïsmes nationaux, de mauvaise gestion et de forfaitures. Cette guerre contre le Coronavirus a l’avantage aussi de remettre les pendules à l’heure et nous ramener à un instant majeur de Vérité : La Politique n’est utile que lorsqu’elle est mise au service de l’Homme, de l’Humain. Aucun pays africain ne pourra s’en sortir tout seul, sans un panafricanisme authentique, autour de grands projets (Santé, infrastructures, monnaie, défense), la discipline, la valeur travail et un effort soutenu, et une grande rigueur de gestion des finances publiques, pour dégager des marges de manœuvre.

Je souffle un ouf de soulagement et compatis pour toutes les personnes privées de liberté. Je mesure encore davantage, après ces 55 jours, combien cette «liberté chérie», en référence à un poème de Paul ELUARD, est précieuse. Ces ballades, avec mes enfants, dans Paris, m’ont beaucoup manqué. Mme Anne HIDALGO a été visionnaire de mettre l’écologie au cœur de son projet politique à Paris. Aussi, j’entonne ce poème de Louis ARAGON (1897-1982), «Paris soi-même libéré», 1944 (voir mon article sur ce plus grand poète du XXème siècle) :

«Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre

Rien n’est si pur que son front d’insurgé

Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre

Que mon Paris défiant les dangers

Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai

Rien ne m’a fait jamais battre le cœur

Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer

Comme ce cri de mon peuple vainqueur

Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré

Paris, Paris soi-même libéré».

Dé-confiné, oui, mais ce tueur invisible n’est pas encore mort.

Alors, continuez encore à prendre grand soin de vous ! Stay Safe !

Paris, le 11 mai 2020 par Amadou Bal BA - http://baamadou.over-blog.fr/

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