Bureautique Stories #5 : Cloquer le premier bon de commande
La tombola : j’adorais ça quand j’étais minot. Je gagnais toujours. J’étais le meilleur des vendeurs. Ils m’en achetaient tous : les tontons, les voisins, les gens dans la rue. Même l'institutrice. Tous m’achetaient des billets. C’est à ce moment que j’ai découvert cette sensation. La sensation de molécules chimiques qui claquent au niveau des tripes. C’est une invasion de testostérone et d’endorphine, elles se diffusent partout : du petit orteil au lobes d’oreilles. « Voilà : J’ai cloqué ma première vente".
C’est mon premier RDV. Je suis dans la voiture avec Gérard qui me briefe et me baratine avec le SONCAS. Je lui ai dit ce que j’en pensais : « c’est niveau CAP vente ». Je laisse Gégé m’attendre sur le parking.
Moi ! J’ai rencard dans une imprimerie numérique. Aucun stress, aucune fébrilité. La chaleur des machines, l’odeur du papier, la mélodie des copieurs et les grondements du bourrage de papier. Je me sens bien. Je suis un mec sympa, le client l’est aussi.
Sympa.. enfin, il l’est surtout avec ses interlocuteurs au téléphone. Son orchestre Apple sonne toutes les 5 minutes. L’iPad donne la caisse claire, le Mac slappe des notes de basse, l’iWatch au scratch et l’iPhone chante des « oh Yeah » ! Si au moins c’était synchro. Ce n’est plus de l’orgueil, c’est de la vanité.
Stop ! Je dois reprendre le dessus.
Vous savez, là je viens vous parler d’un investissement à plusieurs milliers d'euros. J’ai besoin de votre attention. Si vous le voulez bien, on se concentre sur la Print TOP K151. Après vous allez me dire, si cette machine fera évoluer votre production. C’est bon pour vous ?
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Là ! Nous sommes sur un copieur qui est conçu pour turbiner 24/24. Avec une bécane comme ça : vous faîtes du 30 copies par minute. Je ne vous demande pas combien vous la vendez votre copie. 30 copies par minute : recto et verso. Mais ce que je vois, c’est que vous avez une machine qui fait une overdose de papier en ce moment. Vous gagnez encore de l’argent avec cette machine ? Je vous la reprends.
Dans la bagnole, Gérard me questionne. Pour le faire marrer, j’avais caché le bon de commande dans ma chemise et j’ai mimé un accouchement. « Il a cloqué ! Il a cloqué ».