business sans conscience ...

business sans conscience ...

… n’est que ruine de l’âme.

Le pragmatisme et la vertu

J’applique à Swap and surf le proverbe de Rabelais à propos de la science.

On parle beaucoup de la sphère de l’économie collaborative, du partage avec un terme qui revient régulièrement “l’ubérisation” de la société. Et toujours, en arrière plan, la question de savoir si c’est économiquement et socialement une opportunité ou un désastre.

Il est sain de se poser cette question, et puis une approche à la française impose cet angle. Nous sommes dans le pays de la rhétorique polémiste, où les prises de position sont parfois plus des postures que de réelles convictions. Ces postures nourrissent du verbe, parfois élégant, et c’est bien ainsi, cela amène à se poser des questions, à mettre de la morale en tout.

Par contre, cette particularité française, en même temps que d’apporter par le débat contradictoire une réflexion, peut aussi faciliter le raccourci, et avoir comme effet pervers d’aller vers la schématisation, c’est à dire la simplification. Les anglo saxons, à contrario, sont plus enthousiastes et pragmatiques. Cette particularité culturelle laisse plus de place au bon sens et à la créativité.

Je porte en moi ces deux visions, française et anglo saxonne. Peut être parce que j’ai vécu quelques années au coeur de cette énergie à l’anglo saxonne, en Californie, et que mon cursus universitaire m’a fait passer par les bancs de la faculté d’Histoire jusqu'à obtenir une Maîtrise. Une synthèse entre le classicisme et la modernité, entre Rabelais et “just do it”, mantra de l’ultra libéralisme d’une des marques de la globalisation. Un grand écart entre deux continents où il faut avoir les adducteurs solides pour ne pas finir les fesses dans l’océan.

Le choix territorial, un choix évident

En France on débat, on s’interroge, on râle, on questionne, on a envie, on freine, on doute, on crée puis on défait … en californie, “just do it” ! Mais pour tout un tas de raisons, j’ai décidé de construire ici, dans la région qui m’a vue grandir, même si beaucoup de particularités sont des freins, le cadre est aussi un garde fou pour construire sainement.

En effet, Swap and surf porte des valeurs très fortes, nous voulons toujours partir de la pratique. D’autre part, nous voulons rester dans le cadre strict de l’économie collaborative. Pour nous, un Kelly Slater est à la même enseigne qu’un surfeur amateur d’où qu’il vienne. L’intérêt n’est pas la taille de la vague que l’on surfe, mais le simple fait que l’on partage une passion. De ce cadre, il découle un modèle économique évident. Il n’y aura pas d’échange d’argent entre les membres de Swap and surf. Notre modèle n’est pas celui d’airbnb, et cette décision est dictée par notre volonté, mais aussi par le bon sens. La rentabilité, mais surtout la durabilité viendront de là.

Les conséquences sur le développement 

Cette façon de se développer demande plus de temps, puisque notre principale valeur, outre une marque connue, une communauté internationale impliquée et une équipe solide constituée, c’est d’instiller cette façon de penser. Il aurait été compliqué de faire ça avec une levée de fond importante qui aurait dilué cet état d’esprit très tôt.

Pour avoir une amorce saine, avant d'aller chercher les bons investisseurs, il a fallu se développer sur la durée, en fond propres, avec une sémantique qui nous met des batons dans les roues. Combien de fois j’ai entendu, “vous êtes l’airbnb du surf” ou “c’est de l’ubérisation” avec en tête, vade retro satanas ! Pour donner un cadre de développement, nous pourrions mettre en avant Patagonia, avec un développement basé sur les pratiquants, dès le début, et une diversification. Tous les mois, des projets sortent et proposent le principe d’un airbnb ciblé. Je sais maintenant d’expérience que si ces initiatives intéressantes ne mettent pas en avant un esprit fort qui les animent, elles resteront des comètes. D’ailleurs, pour la plupart de ces projets, ceux qui les portent ne sont jamais identifiés. Les projets sont communautaires, et on ne sait pas qui est derrière, un pratiquant ou un fond d’investissement. Il manque la substantifique moelle indispensable pour un projet à forte dimension communautaire.

 

Collaboratif, oui mais ...

Il faut donc régulièrement faire des points pour dire que oui, nous sommes collaboratif, non, nous ne sommes pas airbnb. Airbnb est une très belle réussite, mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac estampillé COLLABORATIF / UBÉRISATION = nouvelle économie = destruction d’un modèle

 Sur S&s, on partage, et il n’y aura pas d’échange d’argent entre les membres (sur airbnb qui annonce “travel like an human”, il n’y aurait que 20% de vrai économie du partige, le reste serait du locatif professionnel ou déguisé).

 Pour résumer, nous avons décidé de faire du business avec conscience, car ce sont nos valeurs profondes, mais aussi, parce que c’est le meilleur facteur de réussite sur le long terme. Acteurs de la communauté de l’outdoor, nous sommes les garants de cet état d’esprit, et si certains voient ubérisation, là on nous développons du collaboratif sur un modèle économique solide, et bien, cela veut dire qu’ils devraient lire un peu plus Rabelais et les autres classiques pour ne pas s’arrêter aux raccourcis, et apprendre à creuser les questions qui paraissent simples.



Paul-Vincent Marchand

Directeur d’Attitude Manche

8 ans

Très bon texte le Dude et plutôt très juste. 2 ou 3 arguments que je réfute mais on en parlera autour d'une bonne bouteille!!!

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