Centres Aquatiques : Agir plutôt que Subir ..

Centres Aquatiques : Agir plutôt que Subir ..

Avec un parc de plusieurs milliers de bassins en fonctionnement sur le territoire national, le secteur des centres aquatiques connait depuis quelques années de réelles difficultés économiques et humaines, faute d’avoir mis en place une approche adaptée au contexte concurrentiel dans lequel ces équipements publics sont entrés.

Qualifié d’obsolète par la cour des comptes début 2018, le modèle qui perdurait depuis des décennies connait aujourd’hui des limites économiques et humaines qui doivent pousser les collectivités à réagir en urgence suite à la pandémie et au contexte de guerre en Ukraine.

Se contenter d’ouvrir les portes chaque matin et d’attendre que les usagers viennent pratiquer leur sport favori est loin d’être suffisant.

Les centres privés de pratiques aquatiques et de remise en forme sèche ont connu un véritable essor depuis quelques années, avec des qualités de services et des politiques commerciales qui ont réduit d’autant le potentiel d’attractivité des piscines publiques.

Les fermetures temporaires des piscines durant la pandémie ont développé la pratique d’autres activités (extérieures) qui prennent aussi une large part du gâteau, à des coûts modérés et avec une liberté de pratique, sans contraintes.

Il est important d’ajouter que l’image des piscines publiques est largement altérée par un manque d’attention des gestionnaires vis-à-vis des usagers et autres clients. 

Mettre l’expérience du client au centre des préoccupations d’une organisation aquatique devient indispensable pour limiter le coût global d’exploitation et rendre pérenne l’économie sur le long terme. 

Les piscines publiques (quel que soit le mode de gestion) ne sont pas que des centres de coûts mais bien des établissements dans lesquels des personnes viennent chercher une expérience de qualité, tant sur le fond que sur la forme.

Dans les diagnostics d’exploitation que notre cabinet Piscine Management réalise tout au long de l’année, nous faisons la plupart du temps les mêmes constats (avec les mêmes effets) :

  • Une approche "service public" exclusive qui limite le potentiel de développement économique des équipements 
  • Une absence de prise en compte des nouvelles attentes des usagers 
  • Un manque d’étude concurrentielle et de positionnement de l’offre
  • Une notion d’expérience client très souvent limitée aux besoins primaires (hygiène et sécurité)
  • Une image des piscines publiques qui se dégrade au fil du temps
  • Un manque d'initiative en termes d'investissements pouvant limiter l'impact du coût de l'énergie (on agit dans l’urgence sans avoir anticiper les besoins indéfiés depuis déjà de nombreuses années) 
  • Un manque d'engagement fort dans l'humain (bilans de compétences et formations) qui fait ressortir une inadéquation entre les nouveaux besoins des usagers et la capacité des agents à y répondre 
  • Une vision budgétaire axée uniquement sur le coût annuel de fonctionnement, faisant oublier qu'un centre aquatique a une durée de vie de 30 à 40 années 
  • Un manque d'initiative en termes de développement des recettes à forte valeur ajoutée (activités sport-santé, bien-être, …)
  • Une carence en termes de formations des encadrants (management - gestion de projet) qui limite l'engagement des équipes en place 
  • Un réel manque de "ressource MNS" faute d'avoir mis en place les conditions d'une attractivité réelle pour le métier
  • Un état de dégradation avancée des installations faute d'un plan de maintenance préventive pensé et réellement appliqué 
  • Un manque de démarche "commerciale" (pourtant indispensable si l’on souhaite faire face à la concurrence)
  • Un circuit de prise de décision souvent trop long 
  • ….

Pour ces raisons, les fermetures d’équipements se succèdent depuis quelques mois, au détriment du savoir-nager mais aussi au sens le plus large de la santé des Français.

Agir plutôt que de subir est indispensable si l’on souhaite rendre viable l’exploitation des centres aquatiques sur le long terme :

  • Privilégier l’activité éducative, qualifiée de noble (apprentissage de la natation et animation des cours d’aquafitness) pour les éducateurs diplômés et rendre les titulaires du BNSSA autonomes dans la surveillance des bassins sur le long terme, sans besoin de dérogation
  • Établir un projet d’établissement mettant la notion d’expérience client comme valeur absolue de la réussite de l’exploitation
  • Établir un plan de développement des compétences des agents en croisant leurs appétences / compétences et les nouvelles attentes des usagers
  • S’attacher les services de spécialistes de la communication pour construire une politique de développement des recettes sur long terme
  • Réactualiser les installations techniques de chauffage, de traitement de l’eau et de l’air avec une ambition d’impact Carbonne le plus bas possible
  • ….

Le chantier est ambitieux, cependant indispensable pour la pérennité de l’activité des piscines publiques.

Analyser l’exploitation dans son intégralité, construire un projet viable économiquement, mettre en place un plan action et le mettre en application, tels sont les impératifs que les décideurs publics et les agents en place se doivent de privilégier dans un moment où l’incertitude règne dans les esprits de toutes et tous.

Le monde change à grande vitesse et les piscines ne font pas exception. 

Marie G.

chef de bassin/Maître-nageur sauveteur

2 ans

Totalement d'accord !!

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