Changer d’état d’esprit pour évoluer
Rester figé dans des principes ou des pensées immuables, qui ne font plus leurs preuves, n’est jamais intéressant pour avancer dans le sport de haut niveau. Il peut être parfois salutaire, au cours d’une carrière, de se poser, de mettre les craintes de son ego de côté, et d’observer quelles restrictions peuvent agir comme de facteurs bloquants qui empêchent d’avancer. Je trouve à titre personnel qu’il est trop dommage, lorsque l’on atteint le sport de haut niveau, avec toutes les possibilités qui sont offertes, de ne pas chercher à développer son potentiel.
Cela revient à mon précédent billet sur le fait de s’estimer suffisant. On n’est jamais suffisant dans le sport de haut niveau. Jamais. Les plus grands sportifs, je pense aux Teddy Riner, Novak Djokovic, Rafael Nadal, ou autres Kilian Jornet, sont assez unanimes, lorsque l’on s’intéresse à leurs interviews, sur le fait qu’il y a toujours quelque chose à faire pour s’améliorer. Je pense même que ce sont ceux qui doutent le plus, mais sans remettre en question leur valeur, ils restent simplement en alerte, en éveil, pour continuer à s’exprimer au maximum de leur potentiel du moment, et pour faire grandir ce potentiel.
J’ai côtoyé beaucoup de sportifs de haut niveau - pas dans ceux que j’ai pu accompagner (ou dans une très infime minorité) - qui avaient des idées arrêtées sur eux-mêmes ou sur la préparation mentale. À partir de là, ils étaient déjà bloqués. Et quand on est bloqué on reste sur place quand d’autres bougent.
Cela me fait penser au livre « Changer d’état d’esprit » de l’éminente psychologue américaine Carole Dweck, sorti en 2006. Carole Dweck est également enseignante à l’université de Stanford. Ses travaux distinguent deux états d’esprit : un état d’esprit fixe, basé sur le fait que les capacités et aptitudes sont innées, que la personnalité est comme elle est, et qu’elle n’a pas vocation à changer. Toutes les actions, ou non-actions qui en découlent, se calquent sur ce schéma. À l’inverse, un autre état d’esprit existe : un état d’esprit de développement ou de croissance. Celui-ci ne se fixe pas de limites et pense que chacun a la possibilité de se développer et de grandir, de manière continue, grâce aux efforts, au fruit de l’expérience, et finalement à une certaine maléabilité d’esprit. Sans surprises, l’état d’esprit de développement est toujours plus porteur que l’état d’esprit fixe.
Cependant, il n’est pas facile de passer d’un état d’esprit fixe à un état d’esprit de croissance. Cela demande un gros travail sur soi, avec des habitudes différentes. Il est aussi à noter que, comme pour tout en ce qui concerne l’être humain, nous ne sommes pas à ranger dans une case ou une autre. Nous ne sommes pas toujours exclusivement ceci ou cela, mais nous pouvons aussi avoir de fortes tendances, et basculer de l’un à l’autre selon les moments ou situations.
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Au final, ce que je retire de tout cela, c’est que le premier pas à faire, pour un sportif, c’est déjà de se poser face à lui-même et d’être lucide sur ce qu’il est. Se dire les choses, à soi-même, de manière factuelle et sans agressivité, est la première étape pour pouvoir changer d’état d’esprit. C’est une première porte ouverte pour évoluer. Certains sports, comme le football, et c’est assez malheureux, n’incitent pas à cette introspection. Il faudra changer cela pour redonner des couleurs à un sport qui en perd beaucoup au fil du temps (et pourtant c’est ancien jeune joueur de football, et ancien grand passionné qui parle).
Bref, n’hésitons pas à essayer de changer notre façon de pensée, qui que nous soyons, lorsque ça n’avance pas.
Florian, coach mental jamais têtu (trop longtemps)
💡Je suis coach mental pour les sportifs de haut niveau, et je suis passionné par le fait d’aider les sportifs à y voir plus clair dans leurs projets, à organiser leurs routines de travail mental, et à trouver comment s’en servir pour se sentir plus libérés sur le terrain et mieux jouer à la fin.