Rater c’est génial, c’est un super chemin pour apprendre… Vraiment ?

Rater c’est génial, c’est un super chemin pour apprendre… Vraiment ?

Je voudrais m’attaquer à ces phrases toutes faites qui appartiennent au domaine large du développement personnel et qui sont à mon avis contre-productives. Ces phrases, on les entend également à outrance dans le sport de haut niveau. Dans le haut du panier, pour moi, il y a cette idée d’apprécier l’échec pour son côté « challengeant » et pédagogique. Sur le papier, en effet, faire des erreurs, foirer son match, rater sa compétition, c’est une vraie opportunité de progresser… À condition de pouvoir se poser et d’analyser les choses froidement. Sauf que pour y parvenir, il est d’abord important de travailler l’estime de soi en toile de fond. Car il est extrêmement difficile voire impossible d’analyser son échec si les pensées négatives sur soi sont de la partie et viennent cogner l’estime et la confiance. Ça c’est un premier point. J’aurais tendance à dire qu’avant de s’attaquer aux raisons de l’échec, il vaut mieux dans un premier temps faire un travail de déculpabilisation et de détente par rapport à ce qu’il s’est passé. On a beau tenir de magnifiques discours et philosopher, si revenir sur l’évènement est trop douloureux, il sera impossible d’y aller et de rentrer dans les détails. C’est là aussi que le comportement des accompagnants est important (coachs, préparateurs mentaux etc) : ne rien dramatiser, aider le sportif à revisiter les choses calmement et sans dévalorisation, se montrer humain, tout ça est absolument primordial. À partir de là on peut travailler sereinement.


Ensuite, je pense qu’il est important d’arrêter de donner ce conseil qui finit par être culpabilisant. Un conseil souvent donné par des gens qui ne sont pas en situation d’échec ou d’erreur au moment où ils le prodiguent (à travers des vidéos ou des livres), et qui placent le sportif dans une dualité embarrassante : « Je sais que je devrais réagir comme ça, mais je n’y arrive pas… Ça m’énerve. Je suis nul. » Parlons franchement : non ce n’est pas cool de perdre. Ce n’est jamais une bonne chose de rater. Sur le moment cela n’apporte rien d’autre que de la déception, de la douleur souvent, et des temps difficiles. On a tout sauf envie de s’en servir pour « apprendre. » Je conseillerais donc aux gens qui entourent les sportifs de ne pas les encourager à relativiser leur défaite, de ne pas essayer de leur faire voir le bon côté des choses, mais plutôt de compatir, dans un premier temps.


Ensuite, je pense qu’il faudra continuer à fuir ce type de phrase qui valorise l’expérience négative, et plutôt en venir à l’analyse directement en se projetant sur ce qu’elle pourra apporter très prochainement. À partir de là, nous pourrons partir sur quelque chose de neuf, profiter de manière détournée du fruit de l’expérience, et avancer vers du meilleur. Personnellement, en tant que sportif, à mon niveau et dans mes sports, je déteste entendre parler de défaite encourageante, de bonnes leçons à retirer, d’une occasion de progresser après avoir raté mon défi. Et je peux vous garantir que bon nombre de sportifs de haut niveau aussi. Alors, détournons les choses, et fuyons les poncifs irritants pour travailler plus efficacement à partir du réel.



Florian, partenaire de l’échec mais pas vraiment ami avec lui



💡Je suis coach mental pour les sportifs de haut niveau, et je suis passionné par le fait d’aider les sportifs à y voir plus clair dans leurs projets, à organiser leurs routines de travail mental, et à trouver comment s’en servir pour se sentir plus libérés sur le terrain et mieux jouer à la fin.


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