S’adresser à d’autres êtres humains

S’adresser à d’autres êtres humains

Une des grandes difficultés dans le sport de haut niveau, et je l’ai mis en évidence dans plusieurs billets, c’est de sortir de sortir de soi, pour pouvoir interagir avec l’environnement. Dans le cadre d’un collectif, on ne peut pas ne pas considérer l’autre, sous peine de créer des dégâts dans la relation, et à la fin de saper les résultats. Là, je ne parle pas essentiellement des entraîneurs avec les joueurs, des dirigeants avec les mêmes joueurs, mais aussi des joueurs entre eux. Le problème que nous avons aujourd’hui, et cela dépasse allègrement le cadre du sport, c’est que nous parlons beaucoup de nous. Nous parlons avec l’autre, mais c’est de nous dont nous parlons. Nous laissons exprimer notre ego qui se sert de la discussion, de l’échange, pour se valoriser, s’affirmer, se défendre, prendre le dessus. Sans nous en rendre compte, nous essayons de plus en plus d’exercer une domination sur l’autre, ce qui nous conduit à des échecs terribles de communication et de relation. Et quel domaine plus sensible pour l’ego que le sport de haut niveau ? Cet endroit où la concurrence est exacerbée et parfois violente. Où il faut faire son trou, gagner sa place, être meilleur que l’autre. Un environnement absolument propice au développement d’une communication en souffrance. Et pourtant, nous parlons d’un domaine où la relation humaine est au centre de tout. Il y a donc un vrai enjeu à apprendre à communiquer avec autrui pour réaliser ensemble de la performance. Mais aussi pour éviter de se retrouver dans une forme d’incompréhension qui crée de la frustration, et au final vient perturber le jeu. Le problème est, dans cette communication, d’être deux mais de ne pas jouer le même jeu. Quoi de plus frustrant que d’être concentré sur l’autre, sur la compréhension de ses enjeux pour essayer de travailler ensemble, alors que ce même autre n’est focalisé que sur lui, lui, et pas sur l’échange et le relationnel. Cela demande un sacré travail, mais il vaut le coup…


S’intéresser sincèrement à son coéquipier même si on le connaît peu est une vraie bonne idée par exemple. Un petit : « comment vas-tu en ce moment ? » dit avec sincérité et bienveillance, peut permettre un jour d’avoir le soutien de ce coéquipier dans un moment difficile sur le terrain. Prendre le temps quand on est entraîneur de faire preuve de compréhension et demander sans agacement ce qu’il se passe en ce moment à l’un de ses joueurs qui commet pas mal d’erreurs peut rapporter beaucoup en fin de course. Il est donc intéressant de faire comprendre à nos egos, qu’ils ont aussi quelque chose à gagner à la fin en faisant de vrais pas vers l’autre. En vérité, ils ont plus à y gagner qu’autre chose…


Dans le sport de haut niveau, les joueurs doivent, sont soumis à, ont des obligations, et l’on en oublie un peu trop souvent qu’il s’agit d’êtres humains, avec leurs complexités et leur vies intérieures. Ils ne sont pas que des numéros sur un terrain. Et s’en souvenir un peu plus souvent permettrait d’amener de bien meilleurs résultats.


Florian, coach mental humain (lui aussi)


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Je suis coach mental pour les sportifs de haut niveau, et je suis passionné par le fait d’aider les sportifs à y voir plus clair dans leurs projets, à organiser leurs routines de travail mental, et à trouver comment s’en servir pour se sentir plus libérés sur le terrain et mieux jouer à la fin.

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