Chine, Etats-Unis, Europe : La guerre des trois n'aura pas lieu
En raison d’un décret de l'administration Trump interdisant aux groupes américains de collaborer avec des sociétés jugées « à risque », Google commence à suspendre ses services à destination de Huawei. Conséquence : Les applications phares, comme Gmail, YouTube et Chrome, ne seront plus disponibles sur les futurs modèles de la marque chinoise. Les détenteurs de smartphones de la marque chinoise, eux, ne bénéficieront plus des mises à jours fournies par Android, le système d’exploitation développé par Google et qui équipe environ 80% des smartphones. Ce nouveau front dans la guerre commerciale qui oppose la Chine et les Etats-Unis révèle plusieurs choses : D’une part, elle démontre la toute-puissance technologique américaine, concentrée entre les mains d’ une poignée d’entreprises. Ainsi, tout acteur de la téléphonie mobile qui ne serait pas en accord avec Google ou Apple est condamné d’avance. Ensuite, elle met le doigt sur le risque que représente l’extra-territorialité des lois américaines. Il a en effet suffit d’un décret et d’un tweet de Donald Trump pour que Google mette en application ses restrictions et ce à l’échelle mondiale.
Par ailleurs, elle montre que la Chine dispose de moyens de riposte. La visite hier du président Xi Jinping d'un site d'extraction de terres rares est sans doute loin d'être anodine et semble indiquer que Pékin souhaite afficher sa domination mondiale sur cette industrie. Pour rappel, les terres rares sont des métaux précieux indispensables à la fabrication de nombreux composants électroniques et utilisées dans de nombreuses industries de pointe (téléphonie, véhicules électriques, défense..) ; la Chine en est le fournisseur mondial de référence avec près de 71 % de l’offre et les Etats-Unis sont dépendants à 80% des importations chinoises. Des matières premières hautement stratégiques, donc, ce qui explique d’ailleurs que les Etats-Unis ne les aient pas inclus dans la liste des produits chinois visés par de nouvelles taxes. Au final, on peut donc très bien imaginer que la Chine impose des restrictions sur les exportations voire aille plus loin dans les hostilités en ne mettant tout simplement pas un embargo sur ses terres rares à destination des Etats-Unis.
Dans cette guerre froide technologique qui se profile, le dernier élément marquant est l’impuissance totale de l’Europe. Schématiquement, les Etats-Unis ont les composants, les logiciels, et la Chine a les matières premières. Pris en tenaille entre les deux géants, le Vieux-Continent n’a aucune carte à jouer. Pas de système d’exploitation, pas de fabricant de stature internationale, le seul mantra de l’Europe réside dans l’idée taxer tout ce qui se passe. Résultat, aujourd’hui, elle regarde le train passer.